2. Évaluation d'un fait passé
Si l'opérateur -ED ne peut pas exprimer
l'évaluation d'un fait passé, il convient alors de recourir
à d'autres moyens si l'on veut évaluer dans le présent les
chances de réalisation d'un évènement passé. Pour
cela, c'est l'infinitif parfait HAVE -EN qu'il faut utiliser. En effet, les
modaux, qu'ils soient ou non complétés par -ED, indiqueront que
l'évaluation est située dans le présent (fictif ou
atténué avec -ED), et le participe passé (-EN) soulignera
le fait que l'évènement est passé.
a. Modaux Ø + HAVE -EN
L'estimation présente portant sur un
évènement passé se construit à l'aide de
l'infinitif parfait ; le modal signale le plan sur lequel se trouve
l'évaluation, tandis que la forme HAVE -EN indique que
l'évènement est passé. En effet, have signifie
que quelque-chose est acquis et le participe-passé (-EN) insiste sur
l'action achevée. C'est pourquoi l'association de l'infinitif parfait
avec les modaux est la seule solution pour évaluer les chances de
validation d'un fait situé dans le passé.
1. I will protect you by every means in my power, dearest
love, whatever you may have done or may not have done!
2. 'If I didn' know better, I'd say he'd lost control of his
broom... but he can't have...'
3. He bent his great, shaggy head over Harry and gave him
what must have been a very cratchy, whiskery kiss.
4. My calendar is getting confused. That must have been
around August 15, 1947. Comme l'illustre l'exemple 1, grâce au
modal will, l'estimation faite à l'aide de may
(not) est située dans le présent. Le recours
à have done sert à signaler que ce qu'a pu faire le
sujet you est passé. May a donc sa valeur de base
d'équipossibilité, puisque l'énonciateur est
dans l'incertitude totale concernant ce qu'a pu faire you, ses
propos sont hypothétiques, d'où l'utilisation à la fois
de may seul et de may not. Le mot whatever confirme
par ailleurs
l'ignorance de I : ce que you a pu faire ou
ne pas faire, cela importe peu à l'énonciateur, qui tiendra sa
promesse (I will protect you [...]). La phrase 2 introduit une
hypothèse (if, I'd say), que
l'énonciateur même rejette et décrit comme étant peu
probable. Le recours à can't est donc justifié, car il
est ici la négation de la forte probabilité exprimée par
must, bien qu'un léger doute subsiste. L'hypothèse
formulée concerne un fait passé (he'd lost), ce qui
explique have après le modal ; cette formule elliptique reprend
toute la proposition précédente. 3 illustre le fait que
l'association des modaux et de l'infinitif parfait peut être
employée dans des récits au passé (bent,
gave), dans la mesure où l'incertitude demeure toujours ;
must traduit une forte probabilité, mais le doute subsiste,
même si la relation prédicative <it - be a very scratchy,
whiskery kiss> est passée, puisque décrite par have
been. Au contraire, la phrase 4 est au présent (is
getting), l'estimation présente symbolisée par must
s'inscrit donc logiquement ; c'est la relation prédicative <that - be
around August 15, 1947> qui est vue comme passée, mais sur laquelle
porte l'estimation.
Si -ED est ajouté aux modaux suivis de l'infinitif
parfait, il garde sa valeur de base, mais les effets de sens peuvent être
différents de l'emploi des modaux Ø + HAVE -EN.
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