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Pratique de l'échographie de la prostate en Afrique subsaharienne

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par Mazamaesso TCHAOU
Université de Cocody Abidjan - Certificat d'Etudes Spéciales en Radiologie 2010
  

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4.4. LA PRATIQUE DE L'ECHOGRAPHIE DE LA PROSTATE

Il ressort de notre enquête que la pratique de l'échographie de la prostate est courante en Afrique subsaharienne, car 73,2% des radiologues pratiquaient régulièrement (1 à 2 par semaine ou plus) cet examen. Quant à la voie d'exploration de la prostate, très peu (19,4%) réalisaient régulièrement l'EER alors que c'est la voie recommandée du fait de la visualisation directe de la glande [10, 14]. La raison principale donnée par les radiologues pour justifier cette désaffection pour la voie endorectale était l'absence de sonde dédiée (67,2%). Pourtant les appareils d'échographie installés dans les différentes structures sanitaires disposent bien d'une sonde endocavitaire. En réalité, les praticiens refusent d'utiliser la même sonde pour les échographies endovaginale que pour l'EER pour des raisons « hygiéniques ». Ainsi comme les échographies gynécologiques sont plus fréquentes que les échographies prostatiques, les radiologues préfèrent pour des raisons de rentabilité dédier la seule sonde endocavitaire disponible à la gynécologie. Dans la littérature et les guides d'utilisation des sondes d'échographie, il n'existe pas d'indication sur l'usage exclusive des sondes endocavitaires, mais plutôt des instructions sur la protection des sondes lors des examens avec par exemple un préservatif ou un doigtier [14]. Il existe également des techniques de désinfection des sondes endocavitaires quelque soit la cavité dans laquelle on l'utilise, pour éviter la transmission de germe infectieux d'un patient à un autre.

Une autre raison qui pourrait expliquer la désaffection des radiologues pour l'EER est
l'absence d'indication de la voie d'examen par les prescripteurs, en effet 56,7% d'entre
eux ne le précisaient jamais selon les radiologues. Néanmoins, les radiologues devraient

étant donné l'insuffisance de la voie sus pubienne dans l'exploration de la prostate suivre les recommandations de Fornage [15] et Ruf [29] selon qui quelque soit la demande formulée et l'indication, l'examen doit comprendre une EER et une échographie sus pubienne.

Les complications de l'EER selon les radiologues subsahariens enquêtés et qui pratiquaient cet examen étaient exceptionnelles (aucune dans 67,6% des cas) ou mineures (douleur dans 32,4%). Des résultats similaires avaient été rapportés par Crozier et al. [8]. Cette douleur peut être réduite avec l'usage abondant de gel lubrifiant aqueux qui ne détériore pas le préservatif car le gel facilite l'introduction de la sonde qui doit s'accompagner de gestes doux et lents.

Les contres indications de l'EER retenues par les radiologues dans notre étude étaient dominées par la pathologie anale (80,6%) et le refus du malade (14,9%). Les mêmes contre indications avaient été évoqués dans l'étude de Crozier en France [8]. Il n'existe en faite pas de contre indication absolue à l'examen échographique de la prostate par voie endorectale, mais certains praticiens observent une retenue devant le plus souvent la pathologie hémorroïdaire anale. Trois radiologues avaient évoqué la non préparation des malades, alors qu'en pratique courante une simple vidange rectale est suffisante [24] et un rectum rempli de matières fécales ne devrait pas constituer une contre indication.

Le point de vue des radiologues dans notre étude et celui des radiologues dans l'étude de Crozier en France était le même en ce qui concerne la voie la plus performante pour mesurer le volume de l'adénome ; la voie endorectale ayant été retenue à cet effet. Pour la mesure du volume de la prostate, les avis étaient contraires, les Français ayant retenu l'échographie sus pubienne dans 76% alors que les Africains avaient choisi la voie

endorectale dans 73,1%. Sur ce sujet, les radiologues Africains ont un point de vue conforme à celui de Lorge [21] et Dana [14] selon qui l'EER permet de mesurer le volume de la prostate et de l'adénome avec plus de précision que l'échographie trans abdominale. La voie sus pubienne ne devrait être recommandée que dans les centres où il n'existe pas d'équipement spécial pour l'EER [1].

Les radiologues qui avaient répondu dans notre étude et ceux dans l'étude française avaient encore des opinions divergentes sur la meilleure voie pour effectuer le bilan d'extension d'un cancer de la prostate. Les Français ayant retenu l'EER dans 81% [8] contre 77,6% d'Africains pour l'échographie sus pubienne. Il n'existe en fait pas de consensus sur la question, les deux voies ayant des rôles différents mais complémentaires à jouer lors du bilan d'extension d'un cancer de la prostate. L'EER étant plus performante pour l'extension locale, en particulier la recherche d'une effraction capsulaire et l'envahissement des vésicules séminales [7]. La voie abdominale permet l'étude du haut appareil urinaire et du retentissement vésical [7].

Moins de la moitié des radiologues interrogés (41,8%) réalisaient régulièrement le Doppler lors des échographies de la prostate. Ce constat est indépendant de la qualification et du nombre d'année d'exercice. Cette attitude n'est pas conforme aux recommandations de la littérature. En effet, du fait du rôle important dans la détection des lésions cancéreuses de la prostate (augmentation de la sensibilité et de la spécificité de l'échographie couplée au Doppler), la plus part des auteurs recommande que le Doppler soit utilisé en routine chez tous les patients devant une lésion suspecte [16, 22, 25].

Le cancer est hypervasulaire dans 85 à 90% des cas [7, 19, 20, 27, 27]. C'est cette caractéristique qui augmente la valeur prédictive positive du nodule palpé qui passe d'environ 70% en mode B à 90% s'il est hypervacularisé au Doppler [7].

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore