2.1.2.
Le connecteur comme
Les grammaires scolaires tiennent comme pour une
conjonction assurant la subordination des propositions circonstancielles de
comparaison. Au sujet de comme, Le Goffic (1993 :484) pense qu'il
est adverbe de phrase. Selon Bonnard (1992 :165), comme est une
conjonction de subordination à côté de quand, si,
que et les composés de que. Pour distinguer les
conjonctions de leurs homonymes, Bonnard (op.cit.) note que la conjonction
marque le début d'une proposition subordonnée à
l'intérieur de laquelle il n'assume aucune fonction. Pour l'auteur
les quatre conjonctions sus-citées se trouvent être homonymes de
mots appartenant à d'autres classes grammaticales (quand
adverbe interrogatif, comme et si adverbes exclamatif,
que pronom relatif ou interrogatif) ; il convient d'ajouter que
la conjonction comme, à l'intérieur de la même
classe grammaticale, sert aussi à exprimer d'autres circonstances. En
début de phrase, elle présente deux effets de sens
particuliers : la valeur temporelle et la valeur causale. C'est ce second
aspect qui fait l'objet de notre préoccupation. Et nous le
démontrons dans les occurrences [7] :
7a. Comme il n'y avait pas de bancs autour du
bal, Catherine, après chaque danse, se reposait à la table de
son père. (Ge, p.153) ;
7b. Comme il faisait très beau, elle
renvoya sa voiture [...]. (Na, p.313) ;
7c. Puisque le bon Dieu était mort,
la justice allait assurer le bonheur
des hommes, en faisant régner
l'égalité et la fraternité. (Ge, p.164) ;
7d. Mais, puisque tu ne peux souffrir personne
à ton côté, j'agirai
désormais tout seul... (Ge, p 232).
Dans sa valeur causale, le connecteur comme permet de
justifier ce que l'on vient de dire. La conjonction comme est
employée quand la cause est connue. Il a alors une valeur logique et se
met toujours en début de phrase. La valeur causale de comme,
pense Gontsok Assama (2006 :63), implique une certaine
solidarité entre les faits, parce que la relation entre le
premier et le fait principal est une relation de suite naturelle, de
prolongement. En fait, en [7a], la subordonnée en
comme : il n'y avait pas de bancs autour du bal. Il
s'agit de la description qui justifie l'état de chose exprimé par
la séquence : Catherine se reposait à la table de son
père. Nous faisons la même lecture avec l'adjectif en
position détachée, d'ailleurs Havu (op cit. 390-392), reprenant
Combettes (1998 :42,46) repartit les constructions détachée
en deux catégories principales : celles qui sont uniquement
descriptives et qui correspondent surtout à une proposition relative, et
celles qui ont des valeurs circonstancielles. Pour départager ces deux
valeurs, l'interprétation doit être linguistique, contextuelle,
voire même extralinguistique. L'auteur relève sept valeurs
circonstancielles : temporelle, causale, conditionnelle, concessive,
restriction (en tant que X, quant à sa carrière comme
X), opposition (qu'il s'agisse de X ou d'Y), ajout (en plus
d'être). Qu'il soit donc adjectif apposé ou conjonction en
construction détachée, Havu (op cit : 395) note que,
Dans les cas où la construction
détachée peut avoir une valeur causale sans nuance temporelle
d'antériorité, elle décrit un état inhérent
ou un état transitoire de longue durée qui forme un
arrière-plan à l'action décrite dans la phrase
principale.
Il ajoute que c'est le cas de comme, parce que
et puisque dans [7c et d], pourvu qu'il y ait possibilité
de paraphraser les constructions étudiées par une
subordonnée contenant le verbe être. Ainsi, [7b et c] devient en
[7b' et c'] :
7b'. Le temps étant très beau, elle renvoya sa
voiture [...]. (Na, p.313) ;
7c'. Le bon Dieu étant mort, la justice allait assurer
la bonheur des
hommes, ...
A notre humble avis, l'emploi de ces connecteurs en attaque de
phrase, permet au locuteur d'orienter la conséquence à tirer par
le co-locuteur puisque la subordonnée annonce et entraîne le fait
principal comme un engrenage. Toutefois, le connecteur quand
semble connaître une autre lecture.
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