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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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2. Les types et les valeurs de la relation de cause à effet

L'étude des types et des valeurs de la relation de cause à effet consiste, d'une part, à préciser la nature des éléments ou des syntagmes que le discours met en oeuvre pour introduire la conséquence, et, d'autre part, à veiller sur la portée de ces éléments sur l'expression de la causalité. Dans nos occurrences, nous avons relevé que ce type de relation se capitalise dans les constructions détachées et les autres formes linguistiques.

2.1. Les constructions détachées

Les constructions détachées sont des constructions dont la place est libre, qui sont séparées du reste de la phrase par une virgule, qui ont, généralement, une relation de coréférence avec le sujet de la phrase et qui forment une valeur prédicative. C'est dans ce sens que Havu (2002 :1) souligne que les constructions détachées sont considérées par de nombreux linguistes comme des appositions puisqu'elles

forment une prédication seconde apportant une information supplémentaire au terme support qui constitue une composante de la prédication première ; (ii) sont relativement mobiles et peuvent occuper la place initiale, (iii) [peuvent] être placées après leur support ; (iv) sont séparées du reste de la phrase, le plus souvent par une virgule, mais aussi par deux points, des tirets, des parenthèses, ou simplement par une pause, dans le discours oral [...].

Par ailleurs, dans la construction détachée, l'élément apposé ne joue pas un rôle semblable à celui de l'épithète qui complète un nom, mais il introduit plutôt dans l'énoncé, une nouvelle structure prédicative en créant les circonstances ou les conditions du déroulement de l'action du verbe. A propos, pense Tomassone (2002 :241), les constructions détachées ont toutes un même rôle en ce qui concerne l'apport d'information dans l'énoncé : elles introduisent une nouvelle information nouvelle, [...].Toutefois, dans l'expression de la relation causale, certaines structures détachées, peuvent présenter des relations asymétriques, avec un support clos sur le plan morphosyntaxique, mais qui sont d'un apport prédicatif significatif tel que le démontre ces exemples :

5a. Effrayée devant le malaise général, la Compagnie, en diminuant son extraction et en affamant ses mineurs, s'était fatalement trouvée, dès la fin de décembre, sans un morceau de charbon sur le carreau de ses fosses. (Ge, p360) ;

5b. Furieux, il (Chaval) descendit, [...]. (Ge, p295) ;

5c. Cecile, toute rose de santé, heureuse de respirer l'air si pur, s'égayait, plaisantait, [...].(Ge, p465).

Il n'est pas question dans [5] de relation de symétrie, encore moins de duplication. Qu'il soit intra ou extraphrastique, l'adjectif qualificatif mis en apposition en [5b et c] ou la participiale apposée en [5a] fonctionnent comme des structures indépendantes par rapport à leur contexte. La valeur circonstancielle qu'a l'élément apposé vient de sa prédicativité. Dans [5b], furieux ne duplique pas il (Chaval), mais l'adjectif apposé est une structure libre, il est donc indépendant. Le sens que dégage ce prédicat est celui de l'explication. L'adjectif qualificatif furieux explique le comportement ou l'attitude de l'agent du fait décrit dans P2. L'énoncé peut donc être glosé ainsi qu'il suit : parce qu'il était furieux, il descendit... Furieux constitue à lui seul une phrase. Aussi Scheppers (2002 :6) souligne que : est prédicatif tout constituant morphosyntaxique dont la structure sémantique prévoit, de par le noeud supérieur de sa représentation sémantique, une position libre.

De ce fait, les mots en position de détachement constituent des structures prédicatives et leurs apports prédicatifs ne s'interprètent pas comme des reformulations de leurs supports, mais comme des apports structurellement indépendants par rapport à leur contexte. C'est pourquoi, explique Délechelle (2004 :129),

De part sa position initiale, l'identification et donc la construction de la valeur référentielle du terme source, fonde la relation prédicative, puisque c'est en tant que qu'occurrence de la notion repère que le terme source est mis en rapport avec le prédicat.

La structure apposée forme une prédication seconde apportant une information supplémentaire au terme support qui constitue une composante de la prédication première. Du coup, la définition de l'apposition mérite d'être revue ; en fait si les constructions détachées peuvent être des appositions, il peut ne pas exister entre le terme apposé et le terme source une relation de symétrie ou d'identité, ce que montrent les occurrences [5]. Dans tous les cas, les constructions détachées sont de natures diverses : un groupe nominal, un adjectif, un adverbe, une conjonction.

2.1.1. L'adjectif apposé

L'adjectif qualificatif peut être épithète, attribut ou apposé. En position détachée, le participe passé en emploi adjectival a valeur de complément circonstanciel de cause. Mais, comme la cause précède généralement la conséquence, il n'est pas étonnant que la valeur causale soit teintée d'idée de succession temporelle. C'est le lieu de le vérifier dans [6]

6a. Effrayé, il l'avait retenue sur son coeur. (Ge, p488) ;

6b. Catherine, résignée, avait appuyé contre la veine sa tête endolorie, [...]. (Ge, p483) ;

6c. Dès le premier voyage, Catherine, effrayée, revint en disant qu'il n'y avait plus personne au plan incliné. (Ge, p442) ;

6d. Au jour, M. Hennebeau anxieux attendait Négrel.

« Eh bien, quoi ? » demanda-t-il.

Mais l'ingénieur, étranglé, ne parlait point. (Ge, p448).

L'interprétation tient compte des critères morphosyntaxique (ce sont des propositions participes) et des critères sémantiques (absence des liens de marque logique explicite avec la principale). Tout en exprimant la cause, les adjectifs apposés décrivent un état qui explique ou justifie l'évènement décrit dans la conséquence. Dans [6a'], le locuteur fait comprendre ceci:

Etant effrayé / parce qu'il (Etienne) était effrayé, il l'avait retenu sur son coeur.

Ainsi il se dégage que lorsque la construction détachée contient une valeur causale, il doit exister une relation de causalité entre elle et le contenu de la proposition principale. Cependant, cette relation de causalité est implicite et, selon Havu (2002 :394), elle dépend pour une grande partie de l'interprétation subjective du lecteur et de sa vision du monde. En fait, dans une culture où par exemple un amoureux sert sa petite amie sur son coeur lorsqu'il est effrayé, l'interprétation de la construction détachée est causale et celle de la principale est consécutive, cela explique bien la structure de [6a'].

Sur le plan pragmatique, par l'adjectif détaché, le locuteur oriente le co-énonciateur afin qu'il puisse identifier les paramètres nécessaires à un ancrage discursif adéquat du contenu de la proposition qui suit. Il fournit une information qui doit être validée telle quelle, pour ensuite pouvoir affirmer la proposition qui suit. Cela dit, elle peut exprimer, comme on peut le constater dans les exemples susmentionnés des informations nouvelles pour l'interlocuteur (qui ne sont pas introduites préalablement dans le contexte antérieur du discours, et dont l'interlocuteur peut ne pas être au courant). Nous parlons des informations nouvelles, parce qu'il est difficile de dire ou de prévoir que, chaque fois que le fait décrit par la participiale se produit ou se produira, la même conséquence se produit ou se produira. Cette attitude morale est une information nouvelle que le locuteur vient d'introduire dans le discours, et qui décrit le comportement d'un personnage. En plus de l'information, le locuteur restreint l'univers du discours, en d'autres termes, rien ne prouve que le personnage d'Etienne n'a ce comportement que lorsqu'il est effrayé. En clair, en commutant le lexème effrayé par les lexèmes du même paradigme (effaré, inquiet, troublé, etc.), on est pas certain d'avoir les mêmes effets.

Dans tous les cas nous pensons que l'orientation que donne le locuteur vise à faire admettre au co-locuteur qu'il n'y a que cette circonstance qui produit la conséquence énoncée. Il limite le domaine de validité de l'information qui suit. Par ailleurs, Havu (op cit.) fait observer qu'avec la valeur causale, la construction détachée peut être glosée par comme.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote