5.
CORPUS
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons choisi
comme corpus trois oeuvres d'Emile Zola. Il s'agit de :
1- La bête humaine (Lbh) qui symbolise le
progrès de l'humanité et la complexité de la justice
assujettie à la politique.
2- Nana (Na), l'héroïne asservit la
classe bourgeoise par la prostitution qui tourne à la folie.
3- Germinal (Ge), un tableau de la misère des
mineurs, de l'insolence des bourgeois et de la grève ratée des
premiers. L'oeuvre se ferme toutefois sur une note d'espoir et de prise de
conscience.
Auteur prolixe, il a écrit dans plusieurs genres :
le roman (policier, naturaliste, souvenirs comme prisonnier de guerre),
l'essai, la chronique, le théâtre, etc. Quel que soit le
thème abordé ou le genre, l'essentiel est de savoir, comme le
déclare Tisset (2000 :62), que la narration permet de
regarder comment se fait l'acte illocutoire qui la sous-tend, à qui
s'adresse le discours du narrateur et quels effets perlocutoires sont produits
sur l'allocutaire.
La volumineuse oeuvre de Zola peut fournir la matière
pour notre étude. En outre, Zola est un locuteur natif de la langue
française, donc nous ne serons pas confrontée aux
difficultés liées aux interférences linguistiques et
sa fécondité nous permettra également de travailler sur un
corpus homogène.
6. CADRE THÉORIQUE
Nous avons vu que les grammaires étudient les faits de
langue dans des phrases isolées. Ce qui ne permet pas de percevoir
l'impact du contexte dans une analyse du discours. En fait, pour Grawitz (1990
: 345) cité par Barry (2005 :1) toutes les recherches sur l'analyse
du discours
(...) partent néanmoins du principe que les
énoncés ne se présentent pas comme des phrases ou des
suites de phrases mais comme des textes. Or un texte est un mode d'organisation
spécifique qu'il faut étudier comme tel en le rapportant aux
conditions dans lesquelles il est produit. Considérer la structure d'un
texte en le rapportant à ses conditions de production, c'est l'envisager
comme discours.
En fait, toute phrase, même si elle se résume
à un sujet, un verbe et un complément, est porteuse d'un message
qui la dépasse, compte tenu du contexte et de la façon dont elle
est émise. Elle contient certes une information, mais elle participe
simultanément à la communication, ce qui implique au moins deux
personnes, et par conséquent l'intervention de celui qui émet et
de celui qui reçoit. Pour Elfie (2006 :12), l'intérêt
d'une approche pragmatique de la littérature tient à ce que la
projection de
la vie humaine sur la scène romanesque permet non
seulement de retracer avec objectivité et distance critique la nature
réciproque et relationnelle du langage, à savoir
l'efficacité du discours en situation, mais elle permet aussi d'observer
dans la durée, c'est-à-dire tout au long de
l'itinéraire romanesque, la force illocutoire et perlocutoire des actes
de parole, autrement dit les effets pragmatiques engendrés sur
l'imaginaire des personnages romanesques et sur le contexte communicationnel
qui leur est propre.
Et l'apport de la théorie des actes de langage est donc
de montrer que les énoncés que nous formulons ne sont pas
seulement porteurs d'informations, mais qu'ils peuvent aussi désigner
l'objectif du locuteur au moment où il énonce son propos.
Nølke (2008 : 1) renforce la perception d'Elfie lorsqu'il note que
les connecteurs pragmatiques servent à structurer le discours. Ils
combinent et précisent les relations discursives qui
s'établissent entre les différents segments du texte, oral ou
écrit, monologal ou dialogal, et parfois même du non-dit. La
pragmatique donne de ce fait les moyens d'étudier l'intention du
locuteur et de parler de la cohérence du texte. A ce titre, l'approche
de Moeschler et de Reboul (1992,1998) nous paraît plus appropriée.
Pour ces auteurs, la phrase, à elle seule, constitue le discours qui est
une succession de phrases. Dès lors, l'analyse du discours prend en
compte simultanément les aspects grammatical et sémantique
auxquels elle associe l'approche contextuellement. Ils (les auteurs) s'appuient
par ailleurs sur la théorie de la pertinence de Speiber et Wilson.
L'étude en contexte du discours se distingue fort bien de l'approche
grammaticale qui étudie les phénomènes dans des phrases
isolées.
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