1.1.2.2. L'expression de la conséquence par la
manière
Les systèmes corrélant manière et
consécution sont formés des locutions dont l'un des constituants
est un lexème qui évoque l'idée de manière. Il est
question des locutions ci-après : d'une telle
manière/façon/que, de telle manière/façon/que, de
manière/façon/que, de telle sorte que, en sorte que et de sorte
que. L'adverbe de manière exprime la façon dont le
procès se déroule. Ces locutions contiennent toutes, les
lexèmes (manière, sorte, façon) qui expriment la
manière. Elles (les locutions) expriment la consécution en
faisant dépendre l'avènement de la conséquence d'un mode
particulier de réalisation du procès cause exprimé dans la
principale P1. Cela se vérifie dans les exemples [10] :
10a. Depuis qu'il était là, il apercevait à
une fenêtre de sa maison, sur la façade en retour de sa maison, la
chétive silhouette de sa femme, [...], sans doute elle regardait arriver
les coups, de son air muet de pauvre être battu. Au-dessus, il y avait un
hangar, placé de telle sorte
que, du jardin, on pouvait y monter [...]. (Ge,
p350) ;
10b. [...], devant la crise les camarades étaient
certainement montés, [...], jusque dans les tailles les plus hautes,
de sorte qu'ils se trouvaient sans doute
acculés au bout de quelque voie supérieure. (Ge,
p458) ;
10c. [...] la lapine courait devant les trois galopins, tirant la
cuisse, déhanchant d'une
façon si lamentable
que jamais ils n'avaient tant ri. (Ge,
p267).
Dans [10a], le hangar était placé d'une
manière spécifique, l'intention était de le faire voir
afin d'y monter dès le jardin. La relation consécutive entre les
deux processus exprimés respectivement dans P1et P2 n'est donc pas
validable pour toute occurrence de la relation prédicative P1 il y
avait un hangar. Dans ce cas, dit Hybertie (1996 :91), la
relation consécutive n'est validable que pour une sous-classe
d'occurrences de P1, celle qui est construite par l'opération de
détermination marquée par de façon à ce QP2 sur le
prédicat de P1.
Pour ce qui est de [10b], la locution conjonctive de sorte
que comme son semblable en sorte que ne corrèle pas la
manière et la consécution, malgré la présence du
lexème sorte. Ceci parce que ce lexème a perdu son
sémantisme. Toutefois, elles mettent simplement en relation P1 et P2 en
exprimant le rapport logique de causalité tout en présentant la
conséquence comme un fait objectif. Il pourrait dans ce cas être
commuté avec si bien que dans [10b'] :
[...], devant la crise, les camarades étaient
certainement montés, [...], jusque dans les tailles les plus hautes,
si bien qu'ils se trouvaient sans doute
acculés au bout de quelque voie supérieure
Il y existe néanmoins une nuance de sens. En effet,
dans l'occurrence originale, la conséquence est présentée
comme conditionnée par un mode particulier d'accumulation. En revanche,
dans l'occurrence avec si bien que, c'est l'assertion de monter
jusque dans les tailles les plus hautes qui est source de la
conséquence. Dans l'un ou l'autre cas, le lien commun existant entre les
deux connecteurs est leur aptitude à exprimer une conséquence
réelle et objective. Ils sont également analysables en deux
constituants. Les adverbes tellement, si, tant, et le morphème
que pour la première relation ; et les
morphèmes sorte et façon associés
à que pour la seconde relation. L'expression de la notion de
conséquence s'étend néanmoins au-delà des
connecteurs inférentiels et factuels pour atteindre les mots.
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