2.2.
La Grammaire dépendancielle
La théorie dépendancielle décrit les
fonctions syntaxiques dans un énoncé pour indiquer le
réseau de dépendance qui existe entre les éléments
de cet énoncé. Ce réseau de dépendance marque la
connexion, c'est-à-dire le lien susceptible d'unir les unités
d'une phrase : le verbe et son sujet, le verbe et son complément
par exemple. Cette grammaire se fonde sur les principaux
concepts suivants: la connexion, la translation et la jonction.
Tesnière (1988 :11) représente ces relations par un arbre
qu'il appelle stemma. Il reconnaît que la phrase est un ensemble
organisé dont les constituants sont des mots. Dans la phrase, il
étudie les diverses relations à deux niveaux : une relation
du premier niveau entre le prédicat et ses subordonnés (ou
dépendants) et une relation du deuxième niveau avec les
circonstants.
Comme les autres circonstants, la proposition
consécutive est le résultat de la translation qui est, pour
Tesnière (1988 :17), le fait de transférer un mot plein
d'une catégorie grammaticale dans une autre catégorie
grammaticale, c'est-à-dire, transformer une espèce de mot en
une autre espèce. La proposition consécutive est alors une
circonstancielle transférée en adverbe de
conséquence ; et dont le translatif en français est de
sorte que avec les variantes à peu près synonymes de
manière que, de façon que, si bien que, locutions
translatives qui se construisent toutes avec l'indicatif. Par cette affirmation
tranchante, l'auteur refuse les diverses nuances que peuvent apporter une
étude approfondie des différents modes dans l'expression de la
consécution.
Par ailleurs, le circonstant qui traduit, comme son nom
l'indique, les circonstances de l'action décrite par le prime actant,
représente le SN mobile de la phrase, c'est pourquoi il n'est pas
représenté dans le stemma, Tesnière reconnaît qu'il
ne fait pas partie de la valence du verbe, il n'est donc pas obligatoire et
peut être supprimé sans causer de dommage à la syntaxe de
la phrase. Et [11a et 11a'] l'attestent bien :
11a. Elle vaporisait si bien,
qu'elle faisait en effet de grosses économies
de charbon (Lbh, p.181) ;
11a'. Elle vaporisait si bien
11b. La mère Victoire avait dû couvrir le feu de
sa poêle d'un tel poussier,
que la chaleur était suffocante (Lbh,
p. 56) ;
11c. Mais le Président [...] et elle-même avait
une telle distinction,
que longtemps Roubaud s'était
contenté de la désirer de loin (Lbh, p.58) ;
11d. Que s'était-il passé ?
tant de versions ont circulé,
qu'il est difficile de le dire (Lbh,
p.146).
Toutefois, l'on remarque que la notion de structure chez
Tesnière ne repose pas sur des constructions théoriques. Mais
elle est conçue comme une étude appliquée,
expérimentale. C'est le mérite de cette théorie qui,
malheureusement ne voit dans le CCC qu'une simple fonction syntaxique. Ce
faisant, elle occulte un aspect important de ce constituant de phrase. En
revanche, les notions d'enchâssement et d'actant ou de valence verbale
qu'introduisent les deux grammaires ouvrent la voie à la grammaire
prédicative.
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