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Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

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par Dagou Hermann Dagou
Université de Cocody/Abidjan - Institut de Géographie Tropicale - Maitrise de Géographie 2009
  

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2. Transport et circuits de distribution

Les politiques de sécurité alimentaire ont été longtemps orientées uniquement vers les populations rurales. Le consommateur n'est pas considéré comme un acteur séparé du producteur car en fait il est supposé « produire lui-même sa nourriture ou l'acquérir par troc » (Dia 1997, p 13). Le modèle de pensée dominant de l'époque ne s'attardait pas sur une analyse objective de la réalité de production et de mise sur le marché des produits agricoles par les producteurs. Il

faut attendre le caractère marchand du vivrier pour voir émerger des stratégies et l'intérêt pour les ventes lointaines. Les communes comme Méagui, distante d'environ 440 Km de la capitale économique Abidjan, de 270 Km de la capitale politique de la Côte d'Ivoire utilise donc exclusivement un transport motorisé pour le commerce lointain.

Le transport est lié à l'organisation des marchés et des circuits commerciaux. Un constat général en Afrique concerne le poids remarquable des coûts de commercialisation par rapport aux prix finaux des produits. Une partie importante de ce coût relève souvent des transports.

Chaléard (1995) montre que le modèle dominant de l'époque « agro exportateur » cède la place aux << modèle du vivrier marchand » où l'essor des cultures destinées aux villes est d'abord le résultat des initiatives paysannes exploitant par leur seule force la conjoncture créée par l'explosion urbaine. En effet, « Ce sont (...) les Lobi qui, transposant sur le plan commercial leur dynamisme agraire, acheminent la plus forte part de la production sur les centres urbains. Ils se groupent à plusieurs, louent aux transporteurs de Bondoukou des camions et expédient leur récolte sur Abidjan» (Chaléard 1990, p 327). Ces moyens de transport sont parfaitement adaptés aux besoins spécifiques individuels des détaillantes des marchés, des petits grossistes de denrées alimentaires ou des particuliers aux faibles revenus. Une certaine nuance est établie par Wilhelm (1997, p 24) quant à la composition des passagers. Elle affirme que si les commerçants forment l'essentiel de la clientèle régulière, les citadins sont aussi des usagers fréquents pour le transport de produits de première nécessité (sacs de riz et bidons d'huile) et pour tous les objets encombrants et volumineux (meubles, pièces de rechange).

Le transport par camion (10 ou 20 Tonnes) est inaccessible à ces différentes catégories d'utilisateurs en raison de son coût élevé et, en ce qui concerne les commerçants, parce qu'il ne possède pas la souplesse nécessaire pour fournir les services répondant très exactement à leurs contraintes spécifiques. Particulièrement à Méagui, on voit se développer deux types de circuits2 reposant sur une division géographique et fonctionnelle des espaces : Sur place, <<un pisteur parcourt la brousse à la recherche des produits. II loue des camions (10 ou 20 Tonnes) pour aller les chercher et les concentrer à Méagui, ou dans un des nombreux villages situés sur la route bitumée. Un commerçant grossiste d'Abidjan vient chercher la production qu'il transporte pour la vendre à un grossiste ou au détail dans la métropole ivoirienne» (Chaléard 1996, p 587). Il poursuit pour dire que les acteurs les plus actifs de ce commerce sont les négociantes, installées à Méagui, qui utilisent des camions qui reviennent vide sur San Pedro.

2 Itinéraire parcouru par un produit entre la production et la consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent.

Hermann, Larissa, & Solange ( 2008, p 14) dans leurs études sur Taabo ont distingué des circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire), des circuits courts (où le seul intermédiaire est le détaillant) et des circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des grossistes, soit des détaillants). Dans d'autres cas, à travers nos enquêtes nous avons constaté que la productrice concentre sa récolte et celle de sa voisine pour obtenir des quantités plus importante. Ensuite une grossiste (fille, nièce ou soeur) la transporte à Abidjan, où elle l'écoule auprès de commerçants ou d'une parente, souvent salariée en ville. Elle utilise pour le transport le réseau de cars en place (Chaléard 1996, p 593).

Wilhelm (1997c, p 8) décrit comment les usagers et les commerçants bénéficient et ont intérêt à pérenniser ce mode de transport pour raison de fourniture de services essentiels. C'est «un package» qui contient « une économie des frais de manutention intégrant les opérations de chargement et déchargement (...); des possibilités de groupage de marchandises entre plusieurs commerçants; une variété de types de chargement (...); une organisation de la livraison qui libère le producteur de l'obligation d'accompagner sa marchandise». Le choix effectué par ceux-ci entre les différents moyens de transport dépendra certes de leurs coûts, mais aussi et surtout de la quantité de marchandises à transporter, la rapidité avec laquelle le commerçant souhaite être livré de telle sorte que l'on constate une réelle segmentation du marché du transport. Chaque type de véhicule étant dominant sur un segment de marché pour un trajet donné, un type de marchandise transporté et une catégorie d'utilisateur. Cette évolution, née d'initiatives paysannes ou du secteur marchand "informel", est largement spontanée. La priorité du transport dans la commercialisation est souvent frappante quand elle se concrétise par la création de marchés relais le long des grands axes routiers et méme à l'intérieur de la ville (Wilhelm 1997, p 10). Et ce qu'il y a de remarquable, c'est la rapidité avec laquelle les infrastructures et les réseaux se mettent en place lorsqu'il y a matière à négoce. En outre, face à la croissance urbaine, il faut rappeler que l'alimentation est fortement dépendante des transports de longue distance qui, encore aujourd'hui, véhiculent des quantités importantes de produits vivriers surtout des féculents et des fruits et légumes (O.C.P.V., 2008).

L'outil le plus efficace du développement des cultures vivrières est, en effet, représenté par la construction du réseau routier qui charpente désormais le territoire national. C'est grace aux routes que les agriculteurs ont su saisir les opportunités que leur offrait l'extension des marchés urbains, en défrichant de nouveaux secteurs et en développent leurs cultures vivrières, et que les circuits commerciaux ont été organisés.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand