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Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

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par Dagou Hermann Dagou
Université de Cocody/Abidjan - Institut de Géographie Tropicale - Maitrise de Géographie 2009
  

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1. La production vivrière

La politique volontariste de mise en valeur du Sud-Ouest jusqu'alors coupée du reste du pays va susciter une très forte vague d'immigration agricole. Ce courant se dirige en particulier vers le pays Bakwé. Il est, essentiellement sous-tendu par les possibilités d'accès à l'économie de plantation que permet un milieu naturel favorable et un faible peuplement. De nombreuses innovations sont à l'actif du pionnier, autant techniques que sociales: la forêt et son mode de défrichement ont été maitrisés; la nourriture à base de tubercules et de banane n'a pas été un problème, même si chaque ethnie a tenté d'acclimater les plantes de la base alimentaire traditionnelle; une fois la forêt consumée, les plantes vivrières ont été maintenues en concevant un système de culture igname/manioc/jachère courte; le manioc produit pour la vente a parfois conduit à l'emploi d'herbicide. L'exploitation forestière, en couvrant la région d'un réseau dense de pistes et la construction d'un pont, sur le Sassandra à Soubré ont joué un rôle

décisif dans cette progression spectaculaire (Lesourd 1989, p 360). L'origine ethnogéographique des migrants est d'une diversité telle que, face au milieu social autochtone existant, c'est la naissance non pas d'un nouveau milieu social allochtone mais d'autant de spécificités qu'il y a de groupements humains homogènes en présence.

Selon Balac (1993), elle compte trois grands groupes de populations : les Bakwé qui sont les populations autochtones ; les allogènes venus notamment du Nord, du Centre, du Centre-Ouest et de l'Est, avec pour majorité les déplacés Baoulé de l'opération d'aménagement du SudOuest (A.R.S.O.) et les étrangers venus d'autres pays dont les plus nombreux sont les ressortissants de la C.E.D.E.A.O. C'est à ce titre que dans son étude sur le département de Soubré, Chaléard (1996) affirme qu'on a un « système Baoulé » fondé sur l'igname et un « système autochtone » fondé sur la banane plantain. Le travail dans la conception du Bakwé est de cultiver des denrées alimentaires telles que le riz, le manioc, le tarot et la banane plantain sur des espaces très restreints et d'être un grand travailleur sur les navires. Il vivait donc de la pêche, de la cueillette, de la chasse puis de la navigation et ne s'intéressait pas aux cultures de rentes. Une telle situation nous permet de comprendre pourquoi la région des Bakwé, vaste zone forestière jadis inoccupée ou faiblement occupée, est aujourd'hui peuplée d'étrangers attirés par les cultures industrielles comme le café et le cacao. Dans ce contexte, la banane plantain et l'igname sont favorisées : la première parce qu'elle est la plante d'ombre des jeunes cacaoyers et la seconde parce qu'elle est l'aliment préféré des Baoulé. Pour les Baoulé, Lesourd (1989, p 367) affirme qu'«ils ne sacrifient jamais les cultures vivrières car elles sont une base considérée comme indispensable, un grenier pour la famille, une sécurité alimentaire». En effet en quittant leur région d'origine, ils n'abandonnent pas leurs habitudes alimentaires. Les Dioula et les Burkinabé commercialisent du riz et du maïs dont ils sont consommateurs et dont ils font des champs à part, à côté des plantations arbustives. Chaléard (1990, p 326) conclut pour dire que tous les groupes associent banane plantain et igname sur le défrichement de l'année. Chaque groupe a ses préférences en fonction d'habitudes alimentaires et des pratiques culturales anciennes. La résultante est une production riche et diversifiée.

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