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Méagui, une zone de production et de commercialisation des produits vivriers

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par Dagou Hermann Dagou
Université de Cocody/Abidjan - Institut de Géographie Tropicale - Maitrise de Géographie 2009
  

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Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE

Le circuit parcouru par un produit entre la production et la consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul) et des circuits indirects. Ce schéma détaille les étapes suivies par les commerçants regroupant les productions de Touagui 2, Gnititouagui 2 et Méagui au centre de collecte de Méagui. Ensuite suivant la voie bitumée, ils parcourent les différents points de collecte jusqu'à Abidjan. Il suggère que le facteur principal qui modèle ou structure le circuit principal distribution est le transport dans une direction bien précise : Méagui - Oupoyo - Abidjan.

Ce schéma est le processus général suivi par les produits vivriers au départ de la région Méagui. Plusieurs points de collecte existent mais seul celui de Yabayo principalement et d'Oupoyo en second ont une activité intense.

Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan

7.1. Organisation des marchés de la région de Méagui

Les principaux éléments qui caractérisent les marchés mais la fréquence, la durée, la répartition des activités et l'aire d'influence.

7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les modes d'utilisation

En réponse à la crise qui frappe l'économie ivoirienne, les habitants de Méagui s'investissent dans le commerce pour répondre à des situations de détresse économique et sociale (veuves sans ressources, jeunes au chômage) ou pour diversifier les revenus des ménages (cas de nombreuses épouses). Dans la localité de Robert-porte et de Méagui, la majorité des détaillantes enquêtées sont entrées dans la profession en faveur du déplacement dû à la guerre et à leur situation matrimoniale mais aussi à cause du niveau croissant de pauvreté. En effet, beaucoup sont veuves (23%), célibataires (39%) ou épouses de chômeurs (12%). L'installation des vendeuses n'exige pas de grands frais, ce qui explique un accès facile à la profession et son succès : l'investissement de départ est réduit et, dans quelques cas, les grossistes font crédit aux détaillantes jusqu'à ce qu'elles aient vendu les produits. L'équipement se limite à un ou deux récipients (cuvette, bassine ...) servant au transport et à l'entrepôt des denrées, rarement une balance. Beaucoup (80%) ont été aidées par un parent au départ (mère, frère ou soeur, etc.), et parfois leur mari, commerçant ou salarié. Le capital de départ oscille entre 20 000 à 80 000 F. C.F.A pour la construction de l'étale ou de la table avec un toit ; les frais à la mairie et d'autres frais. D'une façon générale, on constate que les aménagements ont été réalisés et financés en grande partie par les commerçants eux-mémes sans l'aide de la municipalité. Tout dépend de la surface qui peut être achalandée et du réseau utilisé (connaisseur du milieu). Une attention particulière montre qu'en fait, le niveau d'équipement est fonction de l'investissement de départ et des revenus espérés. Cette typologie, classée par niveau d'équipement, distingue: les bâtiments et les boutiques, l'installation délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte (hangar), la table et l'étalage au sol. Des équipements ont été réalisés beaucoup plus pour donner un plan directeur d'urbanisation que pour le souci des commerçantes24. Ces équipements se sont révélés souvent non fonctionnels, et ont été insuffisants pour répondre à la demande croissante de places de vente sur les marchés. De ce fait, les règles d'attribution des places de marché, qui interdisent la sous-location et imposent qu'il n'y ait qu'un attributaire par emplacement et qu'un vendeur ne puisse en cumuler plusieurs, sont par-tout transgressées. Le nombre d'installations d'un marché ne correspond jamais au nombre de vendeurs : de méme, la liste d'attributaires que l'on peut trouver auprès de la municipalité n'a qu'un lointain rapport avec la réalité. Le partage d'installation est une des pratiques généralisées sur tous les marchés surtout celui de Méagui. Deux causes distinctes sont à l'origine de cette situation: d'une part, la saturation des marchés et l'impossibilité d'obtenir un emplace-

24 Cette description est valable pour l'ensemble des localités non compris Gnititouagui 2 où le marché se fait sur « un chemin » aménager à cet effet

ment et, d'autre part, la nécessité de partager les frais d'installation et d'exploitation de l'installation. Il est très courant qu'un vendeur dispose de plusieurs installations de vente à travers des prête-noms. Ainsi, la majeure partie des ventes de vivriers se font aux abords des routes et pour cause la chaleur des toitures et la clientèle qui est toujours de passage les obligent à se déplacer (Hermann, Larissa, et Solange, 2008, p 12).

7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les marchés de la région de MéaguiLes acteurs qui opèrent sur les marchés sont variés, chacun avec ses particularités : consom-

mateurs, de la simple paysanne du village voisin au citadin qui fait ses achats réguliers ; détaillants, qui étalent leurs marchandises et dont la diversité est grande (agriculteurs, commerçants professionnels en produits alimentaires, vendeurs d'objets manufacturés ...) (Paulais & Wilhem 2000, p 48) ; collecteurs, qui opèrent sur ces places où se rassemblent les marchandises ; sans oublier les transporteurs, qui relient les localités entre elles et assurent le convoiement des personnes et des produits. A ces catégories, sans qui le marché n'existerait pas, il faut ajouter des agents secondaires, présents surtout dans les principaux centres : «brouettiers» qui transportent les marchandises entre les gares routières et les stands; gardiens des marchés urbains et balayeurs. Le commerce du vivrier de détail appartient tout entier à ce vaste secteur informel qui permet, en fournissant aux femmes ressources et emplois, à la très grande majorité des ménages urbains de survivre (Droy, 1990). Les commerçantes de vivriers occupent les secteurs les plus dégradés des marchés, ceux qui cristallisent tous les dysfonctionnements: surconcentration, enclavement, manque d'hygiène, bâti vétuste à la limite du dangereux. Elles ont été «repoussées» à l'extérieur des marchés pour rester à la périphérique. Cette description convient bien au marché de Méagui qui est situé dans un bas-fond qu'on peut qualifier de vallée en U. De plus en ce lieu convergent toutes les eaux usées des habitations voisines et les eaux de ruissellement qui stagnent et rendent cet endroit insalubre. Quant à la rue, elle accueille aujourd'hui non seulement les petites détaillantes progressivement refoulées hors des marchés par les vendeurs de produits manufacturés, mais aussi, en nombre toujours plus grand, des grossistes de produits vivriers.

Les achats sont fréquents mais portent sur de faibles sommes : la majorité des consommateurs dépense de 500 à 2 000 F. C.F.A. au marché, sans que l'on note de différence significative entre villes et campagnes. En milieu rural (Gnititouagui 2, Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2), les paysans achètent peu de vivres : ils sont venus vendre leurs récoltes pour se procurer les produits manufacturés indispensables. La plus grande partie de cet argent sert à acheter des denrées de première nécessité pour la maison : pétrole, savon, bouillons cubes

pour la sauce, phytosanitaires ... Le reste est épargné en prévision de dépenses plus importantes. En ville (Méagui), la situation est différente : les épouses viennent presque tous les jours, pour acquérir des vivres, ou délèguent une parente (soeur, nièce, fille...) ou servante pour cette tâche.

7.2. De la région de Méagui vers les centres de commerce

En partant de Méagui jusqu'à leurs destinations finales, les commerçantes visitent plusieurs centre de commerce comme l'indique le schéma ci-dessus. Le plus essentiel est celui de Yabayo.

7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo

Les vingt et unes commerçants rencontrées reconnaissent tous faire de la collecte de vivriers sur le tronçon de Soubré. Au départ de la région de Méagui, tous constitue leurs stocks à Méagui sur un centre de collecte à la sortie de la ville destinée à cet effet. Dès ce moment, les spéculations se mettent en place. Pour une commerçante qui ne possède pas des produits en grande quantité et qui n'a pas de sources d'information fiable sur le trajet, il est préférable de revendre à une autre grossiste pour éviter les pertes. Par contre, celle qui a un bon réseau de communications se déplace sur le centre de collecte voisin de Yabayo. Cette pratique est légion dans le domaine. Pour le transport de leurs marchandises, elles dépensent entre quinze mille (15000 F. C.F.A.) et vingt cinq mille (25000 F. C.F.A.), voire plus. Le tableau qui suit donne les sources possibles du réseau de communication.

Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon le canal d'information utilisé en (%)

 

Observations

Téléphone

Commerçants

Chauffeurs

Sources d'information sur les prix

44,8

0,2

34

1,8

Sources d'information sur les disponibilités
administratives

3

52

10

15,4

Sources d'information sur les routes

-

33

9

50,8

Sources d'information sur les coûts du
transport

12

10

16

32

Sources d'information sur la qualité des
produits

40,2

4,8

31

-

 

100

100

100

100

Sources : Nos enquêtes, Décembre 2009

Pour pratiquer l'observation, il faut se déplacer le long du circuit ce qui est coüteux pour un bénéfice incertain même pour des commerçantes à grand fond de roulement. L'alternative est donc d'être sur place par le téléphone en étant absente. Là encore cette pratique ne marche qu'entre parente. En effet de Méagui jusqu'à Yabayo, on est dans le même groupe ethnique cependant un lien de parenté est plus efficace qu'un lien ethnique dans ce domaine à cause de

la concurrence. Sur la place de collecte de Yabayo, celles qui ont complété leur stock à un niveau satisfaisant peuvent embarquer pour Abidjan directement. Une autre catégorie encore, si elles constatent une insuffisance du niveau de stock peut revendre comme les premières l'on faite à Méagui. En général, cet échange se fait avant l'arrivée sur le centre de collecte par cession à une parente ou une partenaire qui va sur Abidjan. Il y a aussi celles qui travaillent avec le réseau de car en place (U.T.B. surtout). Installé initialement à Méagui, elles ont des contacts à Yabayo, à Gagnoa et à Divo de sorte qu'avant Tiassalé, le stock acceptable est atteint avec un déplacement minimum et un coüt de transport élevé. On constate qu'a ce niveau, il n'est plus possible de distinguer le produit vivrier originaire de Méagui tant il y a des récollettes sur le trajet. Enfin, il y celles qui en période d'abondance surtout pour les fruits (avocats et orange), s'informent auprès des transporteurs et viennent pour un court séjour dans la région, constituer un chargement entier et se rendent directement sur le marché d'Abobo et de Yopougon à Abidjan. Toute fois même si nous sommes dans l'impossibilité de distinguer les produits en provenance de la région de Méagui, la certitude existe que ces produits on eu pour point de départ la région de Méagui.

Ravitailler les marchés en produits vivriers s'avère être un vrai casse tête pour les commerçantes. Celles-ci doivent non seulement faire face aux différents frais de transport, mais aussi aux chargeurs, sans toutefois oublier les taxes douanières. Loin de connaître un répit financier, les commerçantes doivent aussi faire face à des dépenses supplémentaires pour ne pas avoir à subir les nombreuses et fréquentes tracasseries routières. C'est pourquoi, cellesci préfèrent s'attacher les services de policiers. " Il est préférable de payer les trente mille francs aux policiers et de se faire escorter que de tout perdre " affirme Bertine. Si certaines commerçantes effectuent elles-mêmes les voyages pour leurs produits vivriers, cela n'est pas le cas pour d'autres qui préfèrent attendre patiemment qu'une connaissance ou un parent en collaboration avec un chauffeur de camion les leur livre. Ce type de circuit se rencontre sur la voie de San-Pedro - Abidjan mais avec un nombre très faible de commerçants. Souvent, par faute de moyens, celles-ci sont obligées de s'associer à deux ou à trois pour minimiser les dépenses effectuées et rentabiliser leurs déplacements. A côté de cela, il y a aussi le coût du convoi qui leur revient à trente mille (30.000) Francs C.F.A. Outre ces dépenses, les commerçantes qui vont se procurer les produits vivriers dans les campements et villages doivent verser une taxe de trois mille (3000) Francs C.F.A. à l'Office pour la Commercialisation des Produits Vivriers (O.C.P.V.) en plus d'une taxe à payer au corridor de Yopougon. Or les quantités qu'elles collectent ne sont pas grandes pour couvrir l'ensemble des charges engagées dans ce

commerce. Du coup, comme dans leurs budgets, le postes des dépenses en transport et ses frais annexes sont les plus importants, elles préfèrent livrer son stock.

Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers

L'amélioration de l'efficacité du transport par des cargaisons plus importantes, les allers-retours plus rapides et la meilleure utilisation des capacités, sont toutes des méthodes qui ont fait leurs preuves concernant la diminution des coüts et l'ouverture de débouchés de marché plus compétitifs comme celui d'Abidjan. La voie qui passe par la côtière est plus courte mais est la plus dégradée du faite de son intense utilisation. C'est pourquoi dans la conception de cette carte (Figure 8.1), il n'est pas fait mention d'elle. Mais ré profiler la voie rendrait plus dynamique le commerce de vivre. Un ancien commerçant, notre locataire pendant le séjour d'étude, regrettait encore la stimulation à la production que l'acheminement par cette voie leur procurait à l'époque. A l'ouverture du marché de collecte en 1992, les produits vivriers destinés aux commerces étaient détournés pour emprunter cette voie. Mais avec l'usage, elle s'est dégradée, détournant ainsi le commerce vers la région de Soubré.

7.2.2 Les marchés abidjanais

L'existence de réseaux anciens de commercialisation, les trajectoires migratoires des commerçants urbains, leurs relations avec leurs zones d'origine et leur type d'implantation dans la ville expliquent le développement de fonctions commerciales spécialisées. Certains circuits d'approvisionnement de la ville sont indépendamment du produit traité. On peut distinguer deux formes principales d'organisation des circuits :

Dans le premier cas, l'agent principal de l'approvisionnement, le grossiste collecteur, est obligé de se déplacer lui-même le long du circuit, assurant la plupart des opérations nécessaires à la circulation du produit: prospection, collecte, groupage, convoyage, mise sur le marché. Cette dernière opération étant parfois abrégée par les grossistes en place sur le marché terminal de distribution. Ce grossiste est par conséquent relativement spécialisé dans un produit et une zone d'approvisionnement ;

Dans le second cas, le grossiste collecteur est inséré dans un réseau marchand. Grâce à la circulation des flux d'information et des flux financiers entre ses membres ; la multiplication de ces opérations dans l'espace et le temps, il a une maîtrise bien supérieure des risques et des contraintes inhérents au commerce des produits vivriers. La gamme de produits sur lesquels le grossiste intervient est alors beaucoup plus diversifiée.

Abidjan est caractérisé par la coexistence de différents types de circuits et de réseaux, sans que l'on puisse toujours saisir avec précision leurs articulations. Si les produits vivriers arrivent sur les marchés d'Abidjan et dans d'autres villes de la Côte d'Ivoire, c'est en grande partie grâce aux femmes Gouro qui ont "colonisé" les "Marché Gouro" d'Adjamé et le "Marché Gouro" de Yopougon. La figure qui suit en donne une localisation.

Figure 7.3: Localisation des marchés approvisionnés à Abidjan

Les gares d'Abobo et de Yopougon jouent un rôle particulier pour les commerçantes qui font le transport par cars. Ces lieux ont longtemps joué le rôle de centre de stockage et de distribution. Actuellement ils se caractérisent dans notre étude car ils sont les premiers lieux de rencontre entre commerçantes-voyageuses et les réceptionnistes et les clientes. Par ailleurs elles sont les deux principales zones d'entrée en provenance de l'intérieur ce qui fait que les premiers déchargements se font d'abords dans ces gares. A la fin de notre séjour à Méagui, des commerçantes effectuaient aussi le voyage. A la gare UTB de Yopougon Siporex, une foule de femmes dont l'âge oscille entre 12 et 60 ans attendaient avec patience l'arrivée des convois de marchandises. Certaines portant des grossesses, d'autres des enfants au dos. Les unes assises, les autres, couchées sur un morceau de pagne ou à même le sol. Objectif, s'en procurer. Parfois, à l'issue d'une rude lutte. L'essentiel est de repartir soit avec un sac d'aubergine, soit un panier de tomates ou encore un sac de gombo, de piments, de bananes ou de manioc. Les commerçantes-voyageuses font décharger les sacs marqués d'un signe de vernis à des grossistes qui les attendent. Après cette étape, elle continue pour Adjamé et Treichville selon le cas. Les marchés centraux de Treichville et d'Adjamé s'emploient surtout à répondre aux be-

soins alimentaires de l'ensemble de la population abidjanaise. Leur fréquentation se fait sur la base des prix pratiqués et de la qualité des produits ce qui fait qu'Adjamé bénéficie d'une réputation de prix bas et Treichville des produits de bonne qualité. C'est spécifiquement ces trois marchés que ravitaille Méagui selon les entretiens obtenus. Il faut dire que le marché d'Abobo reçoit surtout l'avocat et de la cola en destination d'Ayama (Figure 8.2). L'essentiel des autres produit sont conduit sur le marché Gouro de Yopougon et d'Adjamé. Dans notre enquête, nous n'avons pas eu de véhicules en destination directe de Méagui. Cette certitude peut être établit pour l'avocat car il est livré conjointement avec le cola.

Au marché Zamblé (Gouro) et Roxy à Adjamé, la situation est la même. De toutes les manières, il faut pouvoir être présente sur le marché dès l'aube. Quand un camion, surchargé, roulant péniblement et transportant les produits apparait, c'est la course au trésor. Certaines femmes n'hésitent pas à lancer un morceau de pagne sur le véhicule. D'autres, tout objet qu'elles trouvent sur leur passage. C'est une manière à elles de faire la réservation, peu importe la manière. Il faut précise que ces camions viennent directement de l'intérieur sans escale préalable dans un des marchés abidjanais. Telle se présente la situation avant l'approvisionnement.

En définitif pour le vivrier en provenance de Méagui, trois commune sont concerné celle de Youpougon, celle d'Abobo et celle d'Adjamé. La commune de Treichville ne vient d'en second plan. Sur les marchés concernés dans chacune des communes, les quantités en provenance de Méagui ne peuvent être distingué car indifféremment collecte avec d'autres vivrier sur d'autres villes. Les convois « pure » sont faibles voire inexistant à cause de nombreuses tracasseries constaté déjà au niveau de Soubré. Ce qui ne motive pas au risque et fait donc que l'essentiel du commerce se déroule sur place.

7.3. Les circuits de commercialisation

La distribution consiste en plusieurs opérations matérielles et économiques intermédiaires, qui impliquent au moins un achat par le distributeur et un achat par le consommateur ; elle suppose donc que soit organisé de manière satisfaisante l'ajustement entre quantités offertes et quantités désirées. Ces transactions revêtent une dimension spatiale (il faut oraniser le transport des biens et fournir des points de vente accessibles aux acheteurs), une dimension temporelle (il faut rapidement mettre les produits sur le marché en fonction des besoins des consommateurs, tout en tenant compte des disponibilités des fournisseurs) et proprement économique (le rôle du distributeur consiste à gérer le décalage entre l'offre et la demande sur un marché déterminé). Le circuit parcouru par un produit entre la production et la consommation

finale est plus ou moins long en fonction du nombre d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul) et des circuits indirects. Dans ces derniers, on distingue des circuits courts (où le seul intermédiaire est le détaillant) et des circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des grossistes, soit des détaillants). Cependant dans le cadre de notre analyse, nous parlerons de circuits principaux et de circuits secondaires. Sur la figure 7.1, on voit de manière schématique les différents circuits parcourus par le vivrier.

Un premier circuit est animé par principalement par les néo ruraux (licenciés, retraités,...) qui se rendent directement sur les exploitations pour des achats de petites quantités justes pour l'autoconsommation. Ils se déplacent à moto ou à vélo et quelque fois en véhicule.

Des bassins de production (Robert-Porte, Oupoyo, Touagui 2 et Gnititouagui 2), le vivrier accède aux marchés par les producteurs ou par les grossistes. Un second circuit débute par des grossistes (ruraux ou venant d'Abidjan) qui vont directement dans les zones de productions pour constituer leurs stocks. Puis, ils se rendent pour certains (Grossistes d'Abidjan) à Yabayo ou à Soubré pour compléter le stocks initial et pour d'autres, ils le commercialisent auprès des détaillants ou de leurs clients. Ceux-ci les revendent directement aux consommateurs sur les marchés et un autre se poursuit pour les villes voisines. Pour les grossistes d'Abidjan, si les quantités ne sont pas toujours importantes, ils se déplacent vers le centre de collecte suivant : le centre de Yabayo. On peut remarquer l'absence de semi grossiste car ceux-ci sont confondus aux détaillants. C'est de véritables spéculateurs se déplaçant en fonction des sites spéculatifs de vivriers. Ce circuit est principal car il mobilise un plus grand nombre d'acteurs et des quantités aussi importantes y transitent.

Le troisième circuit dit secondaire par rapport à notre étude, comporte plusieurs embranchements parmi les grossistes en premier lieu (l'un peut racheter les marchandises à l'autre) ensuite entre détaillantes. De la diversité des types de circuit de distribution qui existe, tous sont pratiqués. Il ne suffit pas d'être présent dans la chaîne de distribution pour avoir une connaissance précise et actualisée de la situation. Chaque maillon détient une information partielle et partiale. De façon à maîtriser l'information, il convient de se déplacer physiquement tout au long du circuit ou bien d'avoir intégré dans son organisation des agents spécialisés. C'est le rôle que jouent les grossistes afin de centraliser les productions achetées à Méagui. Deux situations se présentent alors : celles qui ont un pouvoir d'activité plus faible (grossistesdétaillantes) revendent leurs productions aux détails ou à d'autres grossistes. Celles-ci, après ces rachats se rendent sur de centres de collecte (voir figure 7.1). Ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles atteignent les quantités qui peuvent être convoyé sur Abidjan.

Bassin de production

Fruits

Céréales

Féculents

Oléagineux

Produits maraîchers

Bord champs :
Grossistes collec-
teurs d'Abidjan

Grossistes Collecteurs
de Yabayo ou Soubré

San-Pedro - Sassandra
Fresco - Grand-Lahou

Marché de routes :
Carrefour de villes

Détaillants de produits

Micro-détaillantes de
quartiers ou de rues

Consommateurs

Bord champs :
Grossistes ruraux
intermédiaires

Gagnoa - Lakota
Divo- Tiassalé

Autres centres de commerce

Consommateurs

Marchés permanents
[Méagui-Oupoyo-Robert-porte]

Marchés hebdomadaires
[Touagui 2 - Gnititouagui 2]

Bassin de commercialisation

Productrices
Détaillantes

Productrices
Détaillantes

Abidjan

Destinations diverses

Figure 7.4: Les circuits de commercialisation des produits vivriers dans la région de Méagui. (Source : Nos enquêtes, Décembre 2009)

Légende :

: Principaux circuits : Circuits secondaires

Circuits indirects Circuits directs

Long Court Court Long

La route, support fondamental de ce circuit, facilite les échanges de produits agricoles entre Méagui et ses villages. Il permet de renforcer la distinction entre le circuit principal et les circuits secondaires, la facilité de déplacement permettant une circulation plus importante des flux de marchandises. La région de Méagui ne possède qu'une voie bitumée qui relie Soubré et San-Pedro. Le réseau routier est très dense en piste non praticable selon qu'il se trouve au bout des cultures. Les commerçantes dans leur grande majorité vivent des difficultés pendant leur voyage: dépense pour l'achat des produits vivriers, le prix du déchargement, le prix de l'escorte, les taxes ainsi que les imprévus comme la panne d'un camion qui pourrait survenir en cours de route ou pire, les vols occasionnés par les coupeurs de route. Le vrai dilemme est trouver un type de véhicule qui fasse sortir les récoltes sans trop les abimés surtout pour les fruits et le maraichers. Mais il ne s'en trouve pas.

Aux nombreuses difficultés de déplacement des récoltes, il faut ajouter les coupeurs de routes. Ces derniers profite de dos d'âne et des nids de poule sur la voie bitumé pour créées des difficultés aux commerçantes en prennent soit leurs marchandises ou l'argent qu'elles possèdent. A contrario, le tronçon Méagui - San Pedro est en bonne état mais n'est pas pratiqué car les prix ne sont pas rémunérateur sur ces marchés. Les produits entre en concurrence avec ceux de la région de San-Pedro qui ont un coût de transport très faible et un développement des moyens de transports liée à l'activité portuaire.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera