Chapitre 7 : FONCTIONNEMENT DU COMMERCE
Le circuit parcouru par un produit entre la production et la
consommation finale est plus ou moins long en fonction du nombre
d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les
circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul)
et des circuits indirects. Ce schéma détaille les étapes
suivies par les commerçants regroupant les productions de Touagui 2,
Gnititouagui 2 et Méagui au centre de collecte de Méagui. Ensuite
suivant la voie bitumée, ils parcourent les différents points de
collecte jusqu'à Abidjan. Il suggère que le facteur principal qui
modèle ou structure le circuit principal distribution est le transport
dans une direction bien précise : Méagui - Oupoyo - Abidjan.
Ce schéma est le processus général suivi
par les produits vivriers au départ de la région Méagui.
Plusieurs points de collecte existent mais seul celui de Yabayo principalement
et d'Oupoyo en second ont une activité intense.
Figure 7.1 : Schéma récapitulatif des points de
commence depuis Méagui jusqu'à Abidjan
7.1. Organisation des marchés de la région
de Méagui
Les principaux éléments qui caractérisent
les marchés mais la fréquence, la durée, la
répartition des activités et l'aire d'influence.
7.1.1. L'installation sur les espaces de ventes et les
modes d'utilisation
En réponse à la crise qui frappe
l'économie ivoirienne, les habitants de Méagui s'investissent
dans le commerce pour répondre à des situations de
détresse économique et sociale (veuves sans ressources, jeunes au
chômage) ou pour diversifier les revenus des ménages (cas de
nombreuses épouses). Dans la localité de Robert-porte et de
Méagui, la majorité des détaillantes
enquêtées sont entrées dans la profession en faveur du
déplacement dû à la guerre et à leur situation
matrimoniale mais aussi à cause du niveau croissant de pauvreté.
En effet, beaucoup sont veuves (23%), célibataires (39%) ou
épouses de chômeurs (12%). L'installation des vendeuses n'exige
pas de grands frais, ce qui explique un accès facile à la
profession et son succès : l'investissement de départ est
réduit et, dans quelques cas, les grossistes font crédit aux
détaillantes jusqu'à ce qu'elles aient vendu les produits.
L'équipement se limite à un ou deux récipients (cuvette,
bassine ...) servant au transport et à l'entrepôt des
denrées, rarement une balance. Beaucoup (80%) ont été
aidées par un parent au départ (mère, frère ou
soeur, etc.), et parfois leur mari, commerçant ou salarié. Le
capital de départ oscille entre 20 000 à 80 000 F. C.F.A pour la
construction de l'étale ou de la table avec un toit ; les frais à
la mairie et d'autres frais. D'une façon générale, on
constate que les aménagements ont été
réalisés et financés en grande partie par les
commerçants eux-mémes sans l'aide de la municipalité. Tout
dépend de la surface qui peut être achalandée et du
réseau utilisé (connaisseur du milieu). Une attention
particulière montre qu'en fait, le niveau d'équipement est
fonction de l'investissement de départ et des revenus
espérés. Cette typologie, classée par niveau
d'équipement, distingue: les bâtiments et les boutiques,
l'installation délimitée par quatre poteaux, couverte et ouverte
(hangar), la table et l'étalage au sol. Des équipements ont
été réalisés beaucoup plus pour donner un plan
directeur d'urbanisation que pour le souci des
commerçantes24. Ces équipements se sont
révélés souvent non fonctionnels, et ont été
insuffisants pour répondre à la demande croissante de places de
vente sur les marchés. De ce fait, les règles d'attribution des
places de marché, qui interdisent la sous-location et imposent qu'il n'y
ait qu'un attributaire par emplacement et qu'un vendeur ne puisse en cumuler
plusieurs, sont par-tout transgressées. Le nombre d'installations d'un
marché ne correspond jamais au nombre de vendeurs : de méme, la
liste d'attributaires que l'on peut trouver auprès de la
municipalité n'a qu'un lointain rapport avec la réalité.
Le partage d'installation est une des pratiques
généralisées sur tous les marchés surtout celui de
Méagui. Deux causes distinctes sont à l'origine de cette
situation: d'une part, la saturation des marchés et
l'impossibilité d'obtenir un emplace-
24 Cette description est valable pour l'ensemble des
localités non compris Gnititouagui 2 où le marché se fait
sur « un chemin » aménager à cet effet
ment et, d'autre part, la nécessité de partager
les frais d'installation et d'exploitation de l'installation. Il est
très courant qu'un vendeur dispose de plusieurs installations de vente
à travers des prête-noms. Ainsi, la majeure partie des ventes de
vivriers se font aux abords des routes et pour cause la chaleur des toitures et
la clientèle qui est toujours de passage les obligent à se
déplacer (Hermann, Larissa, et Solange, 2008, p 12).
7.1.2. Activités des acteurs du vivriers sur les
marchés de la région de MéaguiLes
acteurs qui opèrent sur les marchés sont variés, chacun
avec ses particularités : consom-
mateurs, de la simple paysanne du village voisin au citadin
qui fait ses achats réguliers ; détaillants, qui étalent
leurs marchandises et dont la diversité est grande (agriculteurs,
commerçants professionnels en produits alimentaires, vendeurs d'objets
manufacturés ...) (Paulais & Wilhem 2000, p 48) ; collecteurs, qui
opèrent sur ces places où se rassemblent les marchandises ; sans
oublier les transporteurs, qui relient les localités entre elles et
assurent le convoiement des personnes et des produits. A ces catégories,
sans qui le marché n'existerait pas, il faut ajouter des agents
secondaires, présents surtout dans les principaux centres :
«brouettiers» qui transportent les marchandises entre les gares
routières et les stands; gardiens des marchés urbains et
balayeurs. Le commerce du vivrier de détail appartient tout entier
à ce vaste secteur informel qui permet, en fournissant aux femmes
ressources et emplois, à la très grande majorité des
ménages urbains de survivre (Droy, 1990). Les commerçantes de
vivriers occupent les secteurs les plus dégradés des
marchés, ceux qui cristallisent tous les dysfonctionnements:
surconcentration, enclavement, manque d'hygiène, bâti
vétuste à la limite du dangereux. Elles ont été
«repoussées» à l'extérieur des marchés
pour rester à la périphérique. Cette description convient
bien au marché de Méagui qui est situé dans un bas-fond
qu'on peut qualifier de vallée en U. De plus en ce lieu convergent
toutes les eaux usées des habitations voisines et les eaux de
ruissellement qui stagnent et rendent cet endroit insalubre. Quant à la
rue, elle accueille aujourd'hui non seulement les petites détaillantes
progressivement refoulées hors des marchés par les vendeurs de
produits manufacturés, mais aussi, en nombre toujours plus grand, des
grossistes de produits vivriers.
Les achats sont fréquents mais portent sur de faibles
sommes : la majorité des consommateurs dépense de 500 à 2
000 F. C.F.A. au marché, sans que l'on note de différence
significative entre villes et campagnes. En milieu rural (Gnititouagui 2,
Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2), les paysans achètent peu de vivres :
ils sont venus vendre leurs récoltes pour se procurer les produits
manufacturés indispensables. La plus grande partie de cet argent sert
à acheter des denrées de première nécessité
pour la maison : pétrole, savon, bouillons cubes
pour la sauce, phytosanitaires ... Le reste est
épargné en prévision de dépenses plus importantes.
En ville (Méagui), la situation est différente : les
épouses viennent presque tous les jours, pour acquérir des
vivres, ou délèguent une parente (soeur, nièce, fille...)
ou servante pour cette tâche.
7.2. De la région de Méagui vers les
centres de commerce
En partant de Méagui jusqu'à leurs destinations
finales, les commerçantes visitent plusieurs centre de commerce comme
l'indique le schéma ci-dessus. Le plus essentiel est celui de Yabayo.
7.2.1. Le centre de commerce de Yabayo
Les vingt et unes commerçants rencontrées
reconnaissent tous faire de la collecte de vivriers sur le tronçon de
Soubré. Au départ de la région de Méagui, tous
constitue leurs stocks à Méagui sur un centre de collecte
à la sortie de la ville destinée à cet effet. Dès
ce moment, les spéculations se mettent en place. Pour une
commerçante qui ne possède pas des produits en grande
quantité et qui n'a pas de sources d'information fiable sur le trajet,
il est préférable de revendre à une autre grossiste pour
éviter les pertes. Par contre, celle qui a un bon réseau de
communications se déplace sur le centre de collecte voisin de Yabayo.
Cette pratique est légion dans le domaine. Pour le transport de leurs
marchandises, elles dépensent entre quinze mille (15000 F. C.F.A.) et
vingt cinq mille (25000 F. C.F.A.), voire plus. Le tableau qui suit donne les
sources possibles du réseau de communication.
Tableau 7.1 : Répartition des commerçants selon le
canal d'information utilisé en (%)
|
Observations
|
Téléphone
|
Commerçants
|
Chauffeurs
|
Sources d'information sur les prix
|
44,8
|
0,2
|
34
|
1,8
|
Sources d'information sur les
disponibilités administratives
|
3
|
52
|
10
|
15,4
|
Sources d'information sur les routes
|
-
|
33
|
9
|
50,8
|
Sources d'information sur les coûts
du transport
|
12
|
10
|
16
|
32
|
Sources d'information sur la qualité
des produits
|
40,2
|
4,8
|
31
|
-
|
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Sources : Nos enquêtes, Décembre 2009
Pour pratiquer l'observation, il faut se déplacer le
long du circuit ce qui est coüteux pour un bénéfice
incertain même pour des commerçantes à grand fond de
roulement. L'alternative est donc d'être sur place par le
téléphone en étant absente. Là encore cette
pratique ne marche qu'entre parente. En effet de Méagui jusqu'à
Yabayo, on est dans le même groupe ethnique cependant un lien de
parenté est plus efficace qu'un lien ethnique dans ce domaine à
cause de
la concurrence. Sur la place de collecte de Yabayo, celles qui
ont complété leur stock à un niveau satisfaisant peuvent
embarquer pour Abidjan directement. Une autre catégorie encore, si elles
constatent une insuffisance du niveau de stock peut revendre comme les
premières l'on faite à Méagui. En général,
cet échange se fait avant l'arrivée sur le centre de collecte par
cession à une parente ou une partenaire qui va sur Abidjan. Il y a aussi
celles qui travaillent avec le réseau de car en place (U.T.B. surtout).
Installé initialement à Méagui, elles ont des contacts
à Yabayo, à Gagnoa et à Divo de sorte qu'avant
Tiassalé, le stock acceptable est atteint avec un déplacement
minimum et un coüt de transport élevé. On constate qu'a ce
niveau, il n'est plus possible de distinguer le produit vivrier originaire de
Méagui tant il y a des récollettes sur le trajet. Enfin, il y
celles qui en période d'abondance surtout pour les fruits (avocats et
orange), s'informent auprès des transporteurs et viennent pour un court
séjour dans la région, constituer un chargement entier et se
rendent directement sur le marché d'Abobo et de Yopougon à
Abidjan. Toute fois même si nous sommes dans l'impossibilité de
distinguer les produits en provenance de la région de Méagui, la
certitude existe que ces produits on eu pour point de départ la
région de Méagui.
Ravitailler les marchés en produits vivriers
s'avère être un vrai casse tête pour les
commerçantes. Celles-ci doivent non seulement faire face aux
différents frais de transport, mais aussi aux chargeurs, sans toutefois
oublier les taxes douanières. Loin de connaître un répit
financier, les commerçantes doivent aussi faire face à des
dépenses supplémentaires pour ne pas avoir à subir les
nombreuses et fréquentes tracasseries routières. C'est pourquoi,
cellesci préfèrent s'attacher les services de policiers. " Il
est préférable de payer les trente mille francs aux policiers et
de se faire escorter que de tout perdre " affirme Bertine. Si certaines
commerçantes effectuent elles-mêmes les voyages pour leurs
produits vivriers, cela n'est pas le cas pour d'autres qui
préfèrent attendre patiemment qu'une connaissance ou un parent en
collaboration avec un chauffeur de camion les leur livre. Ce type de circuit se
rencontre sur la voie de San-Pedro - Abidjan mais avec un nombre très
faible de commerçants. Souvent, par faute de moyens, celles-ci sont
obligées de s'associer à deux ou à trois pour minimiser
les dépenses effectuées et rentabiliser leurs
déplacements. A côté de cela, il y a aussi le coût du
convoi qui leur revient à trente mille (30.000) Francs C.F.A. Outre ces
dépenses, les commerçantes qui vont se procurer les produits
vivriers dans les campements et villages doivent verser une taxe de trois mille
(3000) Francs C.F.A. à l'Office pour la Commercialisation des Produits
Vivriers (O.C.P.V.) en plus d'une taxe à payer au corridor de Yopougon.
Or les quantités qu'elles collectent ne sont pas grandes pour couvrir
l'ensemble des charges engagées dans ce
commerce. Du coup, comme dans leurs budgets, le postes des
dépenses en transport et ses frais annexes sont les plus importants,
elles préfèrent livrer son stock.
Figure 7.2 : Circuit de distribution des produits vivriers
L'amélioration de l'efficacité du transport par
des cargaisons plus importantes, les allers-retours plus rapides et la
meilleure utilisation des capacités, sont toutes des méthodes qui
ont fait leurs preuves concernant la diminution des coüts et l'ouverture
de débouchés de marché plus compétitifs comme celui
d'Abidjan. La voie qui passe par la côtière est plus courte mais
est la plus dégradée du faite de son intense utilisation. C'est
pourquoi dans la conception de cette carte (Figure 8.1), il n'est pas fait
mention d'elle. Mais ré profiler la voie rendrait plus dynamique le
commerce de vivre. Un ancien commerçant, notre locataire pendant le
séjour d'étude, regrettait encore la stimulation à la
production que l'acheminement par cette voie leur procurait à
l'époque. A l'ouverture du marché de collecte en 1992, les
produits vivriers destinés aux commerces étaient
détournés pour emprunter cette voie. Mais avec l'usage, elle
s'est dégradée, détournant ainsi le commerce vers la
région de Soubré.
7.2.2 Les marchés abidjanais
L'existence de réseaux anciens de commercialisation,
les trajectoires migratoires des commerçants urbains, leurs relations
avec leurs zones d'origine et leur type d'implantation dans la ville expliquent
le développement de fonctions commerciales spécialisées.
Certains circuits d'approvisionnement de la ville sont indépendamment du
produit traité. On peut distinguer deux formes principales
d'organisation des circuits :
Dans le premier cas, l'agent principal de l'approvisionnement,
le grossiste collecteur, est obligé de se déplacer lui-même
le long du circuit, assurant la plupart des opérations
nécessaires à la circulation du produit: prospection, collecte,
groupage, convoyage, mise sur le marché. Cette dernière
opération étant parfois abrégée par les grossistes
en place sur le marché terminal de distribution. Ce grossiste est par
conséquent relativement spécialisé dans un produit et une
zone d'approvisionnement ;
Dans le second cas, le grossiste collecteur est
inséré dans un réseau marchand. Grâce à la
circulation des flux d'information et des flux financiers entre ses membres ;
la multiplication de ces opérations dans l'espace et le temps, il a une
maîtrise bien supérieure des risques et des contraintes
inhérents au commerce des produits vivriers. La gamme de produits sur
lesquels le grossiste intervient est alors beaucoup plus diversifiée.
Abidjan est caractérisé par la coexistence de
différents types de circuits et de réseaux, sans que l'on puisse
toujours saisir avec précision leurs articulations. Si les produits
vivriers arrivent sur les marchés d'Abidjan et dans d'autres villes de
la Côte d'Ivoire, c'est en grande partie grâce aux femmes Gouro qui
ont "colonisé" les "Marché Gouro" d'Adjamé et le
"Marché Gouro" de Yopougon. La figure qui suit en donne une
localisation.
Figure 7.3: Localisation des marchés approvisionnés
à Abidjan
Les gares d'Abobo et de Yopougon jouent un rôle
particulier pour les commerçantes qui font le transport par cars. Ces
lieux ont longtemps joué le rôle de centre de stockage et de
distribution. Actuellement ils se caractérisent dans notre étude
car ils sont les premiers lieux de rencontre entre
commerçantes-voyageuses et les réceptionnistes et les clientes.
Par ailleurs elles sont les deux principales zones d'entrée en
provenance de l'intérieur ce qui fait que les premiers
déchargements se font d'abords dans ces gares. A la fin de notre
séjour à Méagui, des commerçantes effectuaient
aussi le voyage. A la gare UTB de Yopougon Siporex, une foule de femmes dont
l'âge oscille entre 12 et 60 ans attendaient avec patience
l'arrivée des convois de marchandises. Certaines portant des grossesses,
d'autres des enfants au dos. Les unes assises, les autres, couchées sur
un morceau de pagne ou à même le sol. Objectif, s'en procurer.
Parfois, à l'issue d'une rude lutte. L'essentiel est de repartir soit
avec un sac d'aubergine, soit un panier de tomates ou encore un sac de gombo,
de piments, de bananes ou de manioc. Les commerçantes-voyageuses font
décharger les sacs marqués d'un signe de vernis à des
grossistes qui les attendent. Après cette étape, elle continue
pour Adjamé et Treichville selon le cas. Les marchés centraux de
Treichville et d'Adjamé s'emploient surtout à répondre aux
be-
soins alimentaires de l'ensemble de la population abidjanaise.
Leur fréquentation se fait sur la base des prix pratiqués et de
la qualité des produits ce qui fait qu'Adjamé
bénéficie d'une réputation de prix bas et Treichville des
produits de bonne qualité. C'est spécifiquement ces trois
marchés que ravitaille Méagui selon les entretiens obtenus. Il
faut dire que le marché d'Abobo reçoit surtout l'avocat et de la
cola en destination d'Ayama (Figure 8.2). L'essentiel des autres produit sont
conduit sur le marché Gouro de Yopougon et d'Adjamé. Dans notre
enquête, nous n'avons pas eu de véhicules en destination directe
de Méagui. Cette certitude peut être établit pour l'avocat
car il est livré conjointement avec le cola.
Au marché Zamblé (Gouro) et Roxy à
Adjamé, la situation est la même. De toutes les manières,
il faut pouvoir être présente sur le marché dès
l'aube. Quand un camion, surchargé, roulant péniblement et
transportant les produits apparait, c'est la course au trésor. Certaines
femmes n'hésitent pas à lancer un morceau de pagne sur le
véhicule. D'autres, tout objet qu'elles trouvent sur leur passage. C'est
une manière à elles de faire la réservation, peu importe
la manière. Il faut précise que ces camions viennent directement
de l'intérieur sans escale préalable dans un des marchés
abidjanais. Telle se présente la situation avant l'approvisionnement.
En définitif pour le vivrier en provenance de
Méagui, trois commune sont concerné celle de Youpougon, celle
d'Abobo et celle d'Adjamé. La commune de Treichville ne vient d'en
second plan. Sur les marchés concernés dans chacune des communes,
les quantités en provenance de Méagui ne peuvent être
distingué car indifféremment collecte avec d'autres vivrier sur
d'autres villes. Les convois « pure » sont faibles voire inexistant
à cause de nombreuses tracasseries constaté déjà au
niveau de Soubré. Ce qui ne motive pas au risque et fait donc que
l'essentiel du commerce se déroule sur place.
7.3. Les circuits de commercialisation
La distribution consiste en plusieurs opérations
matérielles et économiques intermédiaires, qui impliquent
au moins un achat par le distributeur et un achat par le consommateur ; elle
suppose donc que soit organisé de manière satisfaisante
l'ajustement entre quantités offertes et quantités
désirées. Ces transactions revêtent une dimension spatiale
(il faut oraniser le transport des biens et fournir des points de vente
accessibles aux acheteurs), une dimension temporelle (il faut rapidement mettre
les produits sur le marché en fonction des besoins des consommateurs,
tout en tenant compte des disponibilités des fournisseurs) et proprement
économique (le rôle du distributeur consiste à gérer
le décalage entre l'offre et la demande sur un marché
déterminé). Le circuit parcouru par un produit entre la
production et la consommation
finale est plus ou moins long en fonction du nombre
d'intermédiaires qui y participent. Il est d'usage de distinguer les
circuits directs (ne faisant pas intervenir d'intermédiaire ou un seul)
et des circuits indirects. Dans ces derniers, on distingue des circuits courts
(où le seul intermédiaire est le détaillant) et des
circuits longs (dans lesquels les intermédiaires sont soit des
grossistes, soit des détaillants). Cependant dans le cadre de notre
analyse, nous parlerons de circuits principaux et de circuits secondaires. Sur
la figure 7.1, on voit de manière schématique les
différents circuits parcourus par le vivrier.
Un premier circuit est animé par principalement par les
néo ruraux (licenciés, retraités,...) qui se rendent
directement sur les exploitations pour des achats de petites quantités
justes pour l'autoconsommation. Ils se déplacent à moto ou
à vélo et quelque fois en véhicule.
Des bassins de production (Robert-Porte, Oupoyo, Touagui 2 et
Gnititouagui 2), le vivrier accède aux marchés par les
producteurs ou par les grossistes. Un second circuit débute par des
grossistes (ruraux ou venant d'Abidjan) qui vont directement dans les zones de
productions pour constituer leurs stocks. Puis, ils se rendent pour certains
(Grossistes d'Abidjan) à Yabayo ou à Soubré pour
compléter le stocks initial et pour d'autres, ils le commercialisent
auprès des détaillants ou de leurs clients. Ceux-ci les revendent
directement aux consommateurs sur les marchés et un autre se poursuit
pour les villes voisines. Pour les grossistes d'Abidjan, si les
quantités ne sont pas toujours importantes, ils se déplacent vers
le centre de collecte suivant : le centre de Yabayo. On peut remarquer
l'absence de semi grossiste car ceux-ci sont confondus aux détaillants.
C'est de véritables spéculateurs se déplaçant en
fonction des sites spéculatifs de vivriers. Ce circuit est principal car
il mobilise un plus grand nombre d'acteurs et des quantités aussi
importantes y transitent.
Le troisième circuit dit secondaire par rapport
à notre étude, comporte plusieurs embranchements parmi les
grossistes en premier lieu (l'un peut racheter les marchandises à
l'autre) ensuite entre détaillantes. De la diversité des types de
circuit de distribution qui existe, tous sont pratiqués. Il ne suffit
pas d'être présent dans la chaîne de distribution pour avoir
une connaissance précise et actualisée de la situation. Chaque
maillon détient une information partielle et partiale. De façon
à maîtriser l'information, il convient de se déplacer
physiquement tout au long du circuit ou bien d'avoir intégré dans
son organisation des agents spécialisés. C'est le rôle que
jouent les grossistes afin de centraliser les productions achetées
à Méagui. Deux situations se présentent alors : celles qui
ont un pouvoir d'activité plus faible (grossistesdétaillantes)
revendent leurs productions aux détails ou à d'autres grossistes.
Celles-ci, après ces rachats se rendent sur de centres de collecte (voir
figure 7.1). Ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles atteignent les
quantités qui peuvent être convoyé sur Abidjan.
Bassin de production
Fruits
Céréales
Féculents
Oléagineux
Produits maraîchers
Bord champs : Grossistes collec- teurs d'Abidjan
Grossistes Collecteurs de Yabayo ou Soubré
San-Pedro - Sassandra Fresco - Grand-Lahou
Marché de routes : Carrefour de villes
Détaillants de produits
Micro-détaillantes de quartiers ou de rues
Consommateurs
Bord champs : Grossistes ruraux intermédiaires
Gagnoa - Lakota Divo- Tiassalé
Autres centres de commerce
Consommateurs
Marchés
permanents [Méagui-Oupoyo-Robert-porte]
Marchés hebdomadaires [Touagui 2 - Gnititouagui 2]
Bassin de commercialisation
Productrices Détaillantes
Productrices Détaillantes
Abidjan
Destinations diverses
Figure 7.4: Les circuits de commercialisation des produits
vivriers dans la région de Méagui. (Source : Nos
enquêtes, Décembre 2009)
Légende :
: Principaux circuits : Circuits secondaires
Circuits indirects Circuits directs
Long Court Court Long
La route, support fondamental de ce circuit, facilite les
échanges de produits agricoles entre Méagui et ses villages. Il
permet de renforcer la distinction entre le circuit principal et les circuits
secondaires, la facilité de déplacement permettant une
circulation plus importante des flux de marchandises. La région de
Méagui ne possède qu'une voie bitumée qui relie
Soubré et San-Pedro. Le réseau routier est très dense en
piste non praticable selon qu'il se trouve au bout des cultures. Les
commerçantes dans leur grande majorité vivent des
difficultés pendant leur voyage: dépense pour l'achat des
produits vivriers, le prix du déchargement, le prix de l'escorte, les
taxes ainsi que les imprévus comme la panne d'un camion qui pourrait
survenir en cours de route ou pire, les vols occasionnés par les
coupeurs de route. Le vrai dilemme est trouver un type de véhicule qui
fasse sortir les récoltes sans trop les abimés surtout pour les
fruits et le maraichers. Mais il ne s'en trouve pas.
Aux nombreuses difficultés de déplacement des
récoltes, il faut ajouter les coupeurs de routes. Ces derniers profite
de dos d'âne et des nids de poule sur la voie bitumé pour
créées des difficultés aux commerçantes en prennent
soit leurs marchandises ou l'argent qu'elles possèdent. A contrario, le
tronçon Méagui - San Pedro est en bonne état mais n'est
pas pratiqué car les prix ne sont pas rémunérateur sur ces
marchés. Les produits entre en concurrence avec ceux de la région
de San-Pedro qui ont un coût de transport très faible et un
développement des moyens de transports liée à
l'activité portuaire.
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