Conclusion du chapitre 6
Producteurs, grossistes et détaillants peuvent
poursuivre des objectifs contradictoires, par exemple en termes de volume ou de
rentabilité. Mais, surtout, ils se trouvent de fait en concurrence pour
se partager la valeur créée par le canal. La concurrence rendant
difficile l'augmentation des prix de vente au détail, les grossistes
vont donc assurer le fonctionnement du canal tout en maximisant leur propre
marge. Les grossistes se rendent dans les villages périphériques
pour constituer ou augmenter leurs stocks. Leur poids économique
(chiffre d'affaires généralement supérieur à celui
des producteurs) et leur rôle crucial comme point d'accès
obligatoire au marché ont conduit à des relations souvent tendues
polarisent en conséquence, toutes actions. De plus la relative
dispersion spatiale des grossistes de produits vivriers dans le tissu urbain et
les innombrables points de vente qu'ils approvisionnent (étals des rues,
commerces du soir, etc.) permettent un bon drainage du réseau des
marchés. Ils contribuent à une optimisation de la redistribution
urbaine.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Si, de manière générale, aucun contrat
écrit ne lie le commerçant (grossistes) à ses
différents partenaires (colporteurs, collecteurs, pisteurs,
acheteurs-groupeurs) ou à ses employés (chauffeurs, convoyeurs,
aides vendeurs), il existe cependant entre les uns et les autres une certaine
complicité et un niveau de confiance. Ceux-ci dépendent de
l'appréciation que le commerçant fait du sérieux et du
dynamisme des partenaires qu'il met très souvent en concurrence.
Partenaires et employés sont recrutés soit en fonction de leurs
appartenances aux mêmes groupes ethniques, soit en raison de leur
connaissance des producteurs ruraux, des marchés, des demi-grossistes et
des détaillantes. Dans les zones de production, les rapports
grossistes-producteurs se renforcent et se diversifient par le jeu des rapports
de force et de négociation pour que les producteurs arrivent à
vendre leurs productions. Au niveau de la distribution en milieu urbain, les
rapports sociaux et les relations de crédit basées sur la
confiance nouées constituent surtout pour la détaillante,
financièrement fragile, le vecteur essentiel d'expansion commerciale. La
multiplication des agents, parties prenantes dans la distribution avec une
bonne base ethnique et religieuse, de même que la minimisation du
coût du transport par la maitrise du réseau de transport
concourent à la suprématie des l'organisation des grossistes. La
gestion d'un nombre aussi important de relations avec les autres acteurs
économiques aussi diversifiés confirme la fonction de chef de
réseau que joue le grossiste. La production ne sera stimulée du
coté des producteurs que s'ils trouvent des débouchés
favorables à leur récolte. Le devenir donc de la production et de
la commercialisation des produits vivriers dépend donc du grossiste. La
deuxième hypothèse est donc vérifiée.
3ème partie
COMMERCIALISATION DES PRODUITS VIVRIERS DE LA REGION
DE MEAGUI
Le commerce des produits vivriers à un certains aire
d'extension qu'on peut définir par son rayonnement commercial. Il
défini l'ensemble des villages ou des villes susceptibles d'y effectuer
des achats, soit de produits locaux soit de produits manufacturés. Au
départ de la région de Méagui, selon le rayonnement
commercial, trois types de commerces vivriers peuvent être
distingués :
- Le négoce local est très actif : transactions
entre paysans, ventes aux citadins de la région sur les lieux de
production, sur les marchés ruraux ou en ville. Il est pratiqué
aussi bien par des agricultrices que par des marchandes professionnelles. Il
s'étend sur un rayon de 20Km.
- Le commerce sur San Pedro et Soubré (Yabayo) n'est
pas négligeable. Ce sont des femmes qui le pratiquent, Malinké
surtout, Maliennes et Burkinabé en grand nombre également. Elles
louent des camionnettes ou viennent directement en car et achètent des
vivres sur les marchés ou chez les agriculteurs. Il s'étend sur
une distance comprise entre 50 et 80Km.
- Le commerce à longue distance avec plus de 400 Km,
c'est-à-dire principalement sur Abidjan. Les points centraux de ce
commerce sont, outre Méagui, Yabayo (Soubré) centre de groupage
en concurrence géographique où sont installés de
façon temporaire ou permanente de nombreux commerçants.
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