Conclusion du Chapitre 5
Les transports de personnes de deux fois plus importants que
les transports de marchandises, en termes d'utilité mesurée par
les sommes payées, et les déplacements interurbains pèsent
plus lourd que les transports urbains. Le transport vers les marchés se
fait sans grande tracasseries endogènes sauf le pouvoir financier et le
courage pour le portage. Mais quant il s'agit de se rendre sur les
marchés voisins de Yabayo, il faut compter avec le racket des forces de
l'ordre qui conduit les grossistes à fractionner l'ensemble de leur
marchandise au départ (Méagui) et à les reconstituer
à Yabayo.
La commercialisation des produits issus de la récolte
affecte à chaque acteur une importance. Divers contacts peuvent
existés entre leurs acteurs impliqués dans cette
commercialisation, mais celui du grossiste est primordial dans la région
de Méagui. En effet, les va-etvient du grossiste entre la campagne
(Gnititouagui 2, Oupoyo, Robert-Porte et Touagui 2) et la ville (Méagui)
le placent au centre des rapports entre tous les acteurs. Producteurs,
Transporteurs et Détaillants gravitent autour de lui. Par rapport au
grossiste, principal acteur, on peut distinguer trois niveaux de rapports qui
lui permettent d'assurer la maîtrise de l'espace : avec les producteurs
dans les lieux de ventes ; avec les transporteurs dans l'acheminement et avec
les détaillants dans la distribution en milieu urbain.
Chapitre 6 : LE ROLE DU GROSSISTE DANS LA COLLECTE ET LA
DISTRIBUTION DU VIVRIERS
L'approvisionnement des villes en produits vivriers est
organisé par des grossistes dont le métier spécifique
recouvre plusieurs opérations: la prospection, l'achat, le groupage des
produits, leur collecte, l'expédition, le transport et la mise sur les
marchés. Ces grossistes sont regroupés et organisés sur
les marchés et les lieux de collecte, et de plus en plus sur la voie
publique à la sortie de la ville de Méagui. La maîtrise des
débouchés est le principal souci des grossistes car la
rapidité de rotation des expéditions en dépend.
L'efficacité du système d'approvisionnement et de distribution
alimentaires dépend toutefois de la qualité des rapports entre
ces acteurs et en particulier des rapports des grossistes, principaux
animateurs et coordonnateurs de cette activité avec les producteurs, les
transporteurs et les détaillants. Ces opérations peuvent
être assurées par des agents différents, relativement
spécialisés, ou par un seul et même agent, seule la
fonction transport étant alors remplie par un intervenant
spécialisé.
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Figure 6.1 : Position des autres acteurs par rapport aux
grossistes
6.1. Commerçantes grossistes et Producteurs : les
différents lieux de collectes
Les grossistes des marchés urbains de Méagui
sont pour la plupart des grossistes collecteurs traitant des quantités
limitées de produits. Ils ne possèdent pas de véhicules et
sont dépendants des transporteurs. Ils se déplacent donc peu et
utilisent les services de collecteurs ou achètent aux paysans qui se
rendent sur les marchés en convoyeurs de leurs récoltes. A
contrario, ceux qui sont en association même informelle dispose de
véhicules de type « KIA ». Puisqu'en gé-
néral, les paysans ne possèdent pas de grands
moyens de transport, ils apportent leurs récoltes par petites
quantités (une cuvette par exemple) à pied, avec les taxis
brousses, à vélo ou à moto. L'essentiel de ces
opérateurs commercialisent des volumes nettement plus limités,
entre 300 et 500 kg par jour. Ils sont en général en contact
étroit avec les zones de production. C'est en transit pour les
marchés que les grossistes et leurs pisteurs les rencontrent.
6.1.1. La collecte par vente au champ ou la «vente
bord champ»
Elle est une forme de vente du produit en
végétation, c'est-à-dire non récolté.
Quoique nous ayons trouvé des personnes qui aient déclaré
vendre de cette manière, cette forme de vente n'apparaît que de
façon marginale pour les cultures vivrières. Ici il est
très probable que la transaction soit en défaveur du paysan mais
ce qui prime c'est l'obtention des moyens financiers pour résoudre ses
problèmes urgents. Si le paysan a été en position de
faiblesse dans la négociation du prix, l'acheteur assume
néanmoins certains risques, lors de l'acquisition des vivres sous cette
forme, notamment ceux liés au rendement connu avec peu de
précision et ceux liés au vol par les habitants du village. A
Gnititouagui 2 par exemple, des cas de doubles ventes ont été
signalés. Ces deux formes de risque dissuadent la plupart des
commerçants que nous avons interrogés de procéder à
cette manière.
6.1.2. La collecte par la vente en cours de
route
C'est la dernière possibilité
pour le paysan. Dans ce cas il étale le produit au bord de la route pour
le sécher et pour l'exhiber en méme temps. Cette activité
apparaît marginale et seulement appliquée par des consommateurs et
des collectrices-détaillantes. Nous avons observé cette pratique
à Oupoyo et elle est très courante surtout pour ceux qui sont
dans les villages voisins pour l'achat de produit manufacturés. Aussi,
il faut dire que cela les déchargent de toute activité de
transport ou de perte comme nous l'on confier des vendeuses de fruits à
Robert-Porte. Une dizaine de femmes s'en réjouissent à cause de
la conservation qui est difficile surtout pour l'avocat.
6.1.3. La collecte par la vente à
domicile
Elle apparaît comme une forme de vente
fréquemment pratiquée par les paysans. La partie de la
récolte destinée à la vente échangée par ce
canal n'est pas connue de façon précise. Ce pourcentage peut
reporter selon le moment et selon le producteur en fonction des motifs suivants
: manque de moyens financiers et matériels, besoin urgent de
liquidités, faible quantité destinée à la vente.
L'achat à domicile se fait par des collecteurs, des grossistes et
méme par
des détaillant(e)s qui sillonnent les villages à
la recherche de produits vivriers. Mais sur ce terrain, les grossistes en
association sont spatialement plus efficaces car ils essaiment les
différents hameaux avec leurs pisteurs, leurs chargeurs, leurs «
cokseurs » et autres. Au final, ils rabattent dans leurs magasins une
collecte plus importante.
6.1.4. La vente au marché local
ponctuel
Elle s'adresse presqu'exclusivement aux consommateurs.
Arrivé au marché, un paysan a deux possibilités : la
première possibilité, c'est de vendre toute sa marchandise en
méme temps au grossiste rural. Dans ce cas il opte pour
l'écoulement rapide. Une de nos enquêtées Madame Malan,
nous affirme « je préfère vendre en gros même si mon
bénéfice est réduit comme cela je peux vite rentrer
à la maison pour m'occuper du ménage ». Elle fait un panier
de gombos à 1500 F. C.F.A. La deuxième possibilité,
notamment la vente aux détails. C'est un regroupement non
structuré de vendeurs qui vendent surtout des produits destinés
à la consommation directe. La majorité des acteurs sont des
micro-détaillantes avec un petit nombre de détaillantes. Les
agriculteurs et acheteurs se regroupent chaque semaine sur le marché
rural.
En pratique23, il y a une pré-collecte.
Quand le paysan n'a pas les moyens pour transporter le produit jusqu'au bord
d'une route, il lui faut trouver un chargeur pour le faire. Afin
d'éviter ceci, beaucoup de paysan(ne)s se regroupent pendant un jour
convenu avec les grossistes pour former un lieu de collecte temporel et
périodique. En fait ce n'est qu'une place où la transaction entre
le grossiste et le paysan a lieu. Cette place est beaucoup
fréquentée par les grossistes de la ville la plus proche, les
collecteurs et les collectrices-détaillantes à cause des prix.
6.2. Grossistes et Détaillants : une
dépendance masquée
Des acteurs de la distribution dans la région de
Méagui, les détaillants qui interviennent tous en milieu urbain
sont les plus vulnérables. L'importance des rapports sociaux pour leur
maintien en activité n'a d'égal que la faiblesse des fonds de
roulement. Sans capital, ni fonds de roulement consistant, le détaillant
doit faire preuve d'ingéniosité et d'habileté pour
générer une marge bénéficiaire et maintenir les
rapports avec son grossiste. Toute fois ces détaillantes sont
très actives dans la distribution des vivres en ville.
L'activité des détaillants est principalement
conditionnée par la faiblesse de leur capital commercial. Les
quantités pouvant être journellement commercialisées sont
de ce fait toujours très limitées. En conséquence, la
détaillante est fortement dépendante des possibilités de
crédit
23 Cette description est celle des marchés de
Touagui 2 et Gnititouagui 2
accordées par le grossiste, ce qui l'empêche de
jouer entre plusieurs fournisseurs selon les saisons ou l'état du
marché, pour pouvoir obtenir le «meilleur prix».
Les femmes sont en nette majorité sur les
marchés et sont spécialisées dans les produits
périssables: bananes, manioc, produits maraîchers. Elles assurent
la recherche du produit (et sou-vent sa récolte), son groupage, la
recherche du véhicule et le convoyage du chargement. Plusieurs formes de
collecte sont à distinguées, en fonction de leurs
particularités, on a :
- La collecte avec partage du bénéfice : cette
formule est fondée sur une relation de con-fiance absolue entre le
collecteur et le grossiste et se rencontre à Touagui 2 et Gnititouagui
2. Dans ce cas l'apport financier du grossiste comme le montre le commentaire
suivant « comme je suis sur le terrain, j'utilise mes relations
familiales et amicales pour rassemblé les produits, c'est ma
contribution ». Le grossiste avance la somme couvrant la transaction,
le transport et parfois les frais de subsistance du collecteur pendant sa
tournée en brousse. Cela concerne surtout la banane plantain et le
manioc. Une fois la vente réalisée par le grossiste, les frais de
collecte sont déduits de la recette, le bénéfice est
partagé à parts pratiquement égales entre le grossiste et
le collecteur ;
- La collecte avec commission par sac : tous les frais de
collecte (prospection du collecteur, achat du produit, location du
véhicule) sont avancés par le grossiste qui fixe le prix d'achat
au producteur souhaité. Cette forme de collecte est moins
présente à Touagui 2 qui est très proche de Méagui.
Les produits sont transportés à partir des champs sur une place
non loin de la gare dans des paniers confectionnés à cet effet.
Le collecteur, «coxer» ou «pisteur, est
rémunéré par une commission entre 100 et 500 F. C.F.A./sac
de banane plantain ou d'avocat surtout et parfois des sacs de manioc et
d'ignames mais il peut accroître sa rémunération en
négociant avec le producteur un prix inférieur à celui
accepté par le grossiste ;
- La collecte indépendante pré financé
par le grossiste : le grossiste finance entièrement l'achat du produit,
les frais de transport sont à la charge du collecteur. Ce dernier peut
céder le produit au client de son choix, parfois au grossiste qui l'a
financé. Mais nous avons rencontré qu'une seule qui dit avoir
recours à cette pratique pour le manioc. Après la cession, elle
doit en plus du remboursement de l'avance, verser au grossiste une commission
fixe de 200 F. C.F.A/sac. Il peut encore s'y ajouter un droit d'entreposage si
elle utilisait le magasin du grossiste mais elle constitue le stock en plein
air et le couvre avec des sacs.
- Une autre forme est le regroupement sur une place centrale
de collecte. Elle est répandue surtout à Méagui et
secondairement à Oupoyo. Les paysans envoient leurs produits
eux-mémes à un dépôt qui se trouve près d'une
route ou sur une place qui est accessible pour le transporteur. A Oupoyo par
exemple, les commerçants tôt dès le matin dans les villages
de
Leonkro et Pascalkro se dirigent vers le centre de collecte.
Chaque membre de la famille charge sur la tête ou sur une bicyclette pour
certains une partie des produits à vendre. Puis c'est le départ
pour une marche de 5 Km pour Leonkro et 7 Km pour Pascalkro. En chemin, ils
sont abordés par des grossistes et des pisteurs pour les autres qui
demandent à acheter. Il faut préciser que les grossistes ne vont
pas aussi loin que les pisteurs qui créés des points de
transactions environ chaque 400 mètres. Quand les quantités
deviennent importantes, un véhicule est déplacé
spécialement pour acheminer le tout vers la place centrale.
6.3. L'approvisionnement des détaillants
auprès des grossistes.
Les grossistes opèrent le dégroupage
nécessaire à la répartition entre les différents
marchés de quartiers. En aval, les clients sont principalement les
petites détaillantes des marchés et, secondairement, les
consommatrices. Le fractionnement des lots est très important
étant donné la faiblesse des capacités commerciales de la
majorité des acteurs de la redistribution. Deux types
d'approvisionnement peuvent être distingués : celle qui se fait
auprès des grossistes individuels donc de gré à gré
et celle des grossistes en association donc encadré.
Le premier type est l'apanage des Baoulé et des
Burkinabé qui sont disséminés sur les lieux de collectes.
Ces aires de dégroupage sont développées sur un des axes
principaux de pénétration de la ville soit vers Soubré ou
San-Pedro, à côté des gares routières. Pour les
fruits et les tubercules particulièrement, il faut remarquer que les
plates-formes d'arrivée fonctionnent à la fois comme relais dans
le trajet des poids lourds et comme lieux d'achat. Il s'agit de deux aires de
stationnement situé à côté du grand marché
comme le montre les images suivantes.
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Photo 6.1 et 6.2 : Détaillantes venues s'approvisionner
auprès de grossistes. (Source : DAGOU, 2009)
Dès l'arrivé des grossistes, les
détaillantes, accourent pour constituer leurs stocks. Plusieurs
méthodes existes « c'est ma cliente », « c'est ma parente
», « elle est ancienne et paie bien». Puis c'est le
départ vers le marché ou les villages voisins pour un commerce de
derniers échelons. Sur leur étales respectives, elles vendent en
tas, en boîte, en seau, en cuvette ou à l'unité. Le choix
de ces unités de mesure s'explique par leur praticabilité. Chez
les vendeuses de rue ou à la sauvette, c'est plutôt le tas. Dans
la pratique, ce sont les enfants (fils et filles) des vendeuses fixes sur le
marche qui vendent aussi à la sauvette. Les revenus sont très
modestes entre 2000 et 15000 F. C.F.A selon la marchandise.
Tableau 6.1 : Extrait d'une fiche de formation des prix de
l'O.C.P.V.
Centre de collecte et de groupage de Méagui Date : Lundi 6
Avril 2010
Enquêteur : FOFANA SYNDOU
PRODUITS
|
NIVEAU D'APPROV.
|
DESTINATION
|
UNITES
|
POIDS
|
PRIX
|
PRIX AU KG
|
|
Féculents
|
|
Igname « Kinglè »
|
faible
|
Didievi
|
Kg
|
1Kg
|
125
|
125
|
Igname « Assawa »
|
fort
|
Méagui
|
Tas
|
4500g
|
500
|
111
|
Banane plantain
|
moyen
|
Guiglo
|
Sac
|
100Kg
|
7000
|
70
|
Manioc doux
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
7500g
|
500
|
66
|
|
Céréales
|
|
Mais grain blanc
|
Fort
|
Gagnoa
|
Sac
|
100Kg
|
13000
|
130
|
Mais grain jaune
|
fort
|
Gagnoa
|
Sac
|
150Kg
|
16000
|
107
|
riz paddy
|
moyen
|
Méagui
|
Sac
|
100Kg
|
14500
|
145
|
Mil
|
moyen
|
Burkina
|
Sac
|
100Kg
|
30000
|
300
|
|
Oléagineux
|
|
Graine de Palme
|
moyen
|
Méagui
|
Cuvette
|
10Kg
|
1000
|
100
|
Arachide décortiqué
|
moyen
|
Bouake
|
Sac
|
100Kg
|
36000
|
360
|
Pistache
|
faible
|
Danané
|
Sac
|
150Kg
|
20000
|
133
|
|
Fruits
|
|
Avocat
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
2Kg
|
25
|
12,5
|
Gingembre
|
fort
|
Grand-Zattry
|
Sac
|
100Kg
|
10000
|
100
|
Papaye solo
|
faible
|
Abidjan
|
Tas
|
100Kg
|
20000
|
200
|
Orange
|
fort
|
Abidjan
|
Tas
|
1125Kg
|
15000
|
13
|
|
Cultures maraichers
|
|
Tomate SODEFEL
|
moyen
|
Issia
|
Kg
|
10Kg
|
3000
|
300
|
Aubergine « n'drowa »
|
moyen
|
Méagui
|
Tas
|
900g
|
500
|
55
|
Gombo frais
|
moyen
|
Soubré
|
Cuvette
|
10Kg
|
1750
|
175
|
Piment frais
|
fort
|
Issia
|
Cuvette
|
10Kg
|
2000
|
200
|
Choux vert
|
faible
|
Burkina
|
Tas
|
3200g
|
500
|
156
|
Carotte
|
faible
|
Abidjan
|
Filet
|
10Kg
|
7000
|
700
|
Source : O.C.P.V Méagui, 2010
Comme on peut le voir à la lecture de ce tableau, les
prix sont faibles en moyenne sur le site de groupage mais sont grevés
d'une multitude de frais qui les font augmenter. Les grossistes de produits
vivriers, tels que les céréales, dans certains cas, les fruits
(ces deux produits pouvant être traités ensemble par les
mêmes grossistes), s'installent principalement sur les marchés des
localités enquêtées ou dans les quartiers où ils
forment souvent un ensemble dense de magasins réunis dans une ou deux
rues.
Le second type, celui de l'organisation des grossistes. La
grande partie (86%) des grossistes de Méagui ont un groupement
structuré autour d'une famille Malinké. Celle-ci a une main mise
sur de KIA qui effectue le transport dans toute la région. Les
Burkinabé qui s'y sont affiliés l'on été grace
à l'Islam. Dans le quartier Bayard et Kaboré-Bila de
Méagui, le nouveau marché qui devait être construit
à vu ses magasins achevés par des grossistes. Ils les ont
loués par groupe de cinq ou de quatre pour stocker tous ce que les
rabatteurs trouvent. Ces magasins constituent pour certaines des lieux
d'habitations. De là, ils partent pour approvisionner leurs clients dans
les quartiers périphériques ou les villages voisins. Dans
certains cas, pour les chefs de réseau, c'est l'ensemble des
détaillants qui se rend à son domicile ; qui pour un stock ou
pour le règlement d'une créance ou pour une demande de
subvention. Ces dernières peuvent louer une chambre à la nuit,
pour quelques jours, ou un logement, pour plusieurs mois selon l'aire
d'extension de leur commerce. Pour le rabattage des vivriers, ils sont
aidés par les pisteurs familiaux, les « cokseurs » et les
chargeurs. Les uns dans les gares, sur les pistes champétres ou
sillonnant les villages dans le but de réduire l'écart
temporelle. Si un pisteur à Gnititouagui 2 ou Robert-Porte à une
information d'une récolte prochaine ou en cours, il in-forme tous les
transporteurs du réseau à proximité et trouve quelqu'un de
disponible puis celui-ci se rend sur place pour faire évacuer. Leur prix
de transport est invariant fixé à 30 000 FCFA
indépendamment du lieu du moment où la récolte leur est
vendue. Alliant ainsi réduction temporelle et spatiale beaucoup de
producteur les préfère surtout qu'avec une certaine
fidélité, on peut espérer un crédit. En revenant
sur l'aspect du transport, la convergence vers les magasins est assurée
par les véhicules de types « KIA ». Mais pour le transport sur
d'autres localités comme Oupoyo ; Soubré ou Yabayo, deux camions
remorques de 30 tonnes, mis à la disposition par l'organisation ethnique
des Dioula, de ceux qui sont leurs grossistes. Toutes les commodités que
se soit la part des syndicats, des policiers ; les chargeurs et autres sont
mobilisés pour la bonne conduite jusqu'à Yabayo. Le regroupement
des grossistes ou des détaillantes sur un marché ou dans un
quartier résulte de la combinaison d'un ensemble de facteurs historiques
(primauté et pouvoir des commerçants de produits secs par rapport
aux acteurs des autres circuits commerciaux), ethniques et familiaux
(spécialisation dans un type
de produits), et enfin socio-économiques
(communautés de besoins et d'intérêts). Les quartiers
«spécialisés» dans lesquels opèrent aujourd'hui
les grossistes de produits vivriers sont situés à
proximité immédiate du marché central. Cette image
correspond bien à Gnititouagui 2 qui à son marché
méme s'il est temporaire (3 heures environ) au centre du village. Ce
processus, assez récent, de transformation du tissu urbain d'habitation
autour des marchés au profit de la fonction commerciale (plus
spécialement le commerce de gros et le stockage) s'explique par la
pression foncière provoqué par de la saturation des installations
actuelles du marché.
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