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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)( Télécharger le fichier original )par Florence Mazzocchetti Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005 |
I.2 Les maladies psychosomatiquesIl existe de nombreuses maladies psychologiques comme la paranoïa, la schizophrénie, la dépression etc. qui peuvent être traitées par les guérisseurs. Une étude approfondie en ethnomédecine serait forte intéressante à faire. Pour ma part, je propose d'insérer dans cette partie les traitements donnés aux hommes et femmes panthères ainsi qu'aux « vampireux ». Les Bakota ont une perception de l'individu plus complexe que la vision occidentale moderne. En effet, comme nous l'avons déjà évoqué plus haut, chaque homme et femme Bakota est composé de plusieurs éléments dont le corps (support matériel) et l'âme qui se situe dans le coeur. Mais certains d'entres eux, individus exceptionnels, ont également la Panthère ngoye et d'autres encore le vampire nommé izanga, comme les cailloux trouvés dans l'estomac des damans des arbres. Pour l'un comme pour l'autre, cela leur confère une force et des pouvoirs surnaturels comme celui de se métamorphoser en animal. Mais cette pratique peut être dangereuse pour l'individu en question, si son double ne revient pas dans son corps (dans le ventre, plus précisément), il tombera gravement malade et risque d'en mourir. La femme aussi peut avoir la Panthère en elle, dans ce cas, elle a de fort risque d'avoir des problèmes lors de sa grossesse et de l'accouchement. En effet, si une femme fait des fausses couches ou des enfants mort-nés, c'est qu'elle a la Panthère dans le ventre, et c'est cette dernière qui mange les foetus. Afin de résoudre ces avortements, le guérisseur va lui préparer un médicament qui permettra de calmer la Panthère et qu'elle se déplace pour laisser passer le bébé. Tableau 5 : Animaux utilisés dans les soins des maladies psychosomatiques
I.3 Les sortilèges et les protectionsLes carnivores à la robe tachetée sont principalement utilisés dans les médicaments pour se protéger ou soigner d'un mauvais sort. On les utilise soit à titre individuel lorsque l'on pense avoir été victime d'un sortilège, soit lors de cérémonies et rites particuliers pour s'en protéger. La Panthère est assez peu utilisée chez les Bakota, seules quelques rares personnes m'ont parlé de médicament que l'on pouvait faire avec cet animal. Les plus utilisés pour la protection chez les « tachetés » sont la Genette servaline et la Civette. D'autres animaux sont utilisés dans la protection contre les mauvais sorts et les attaques de « vampireux » ainsi que pour les sortilèges. Les connaissances sur ces pratiques sont très hétérogènes et comme pour tout le reste, elles tendent à disparaître petit à petit. J'ai essayé de collecter un maximum de données sur l'utilisation des animaux dans la confection des médicaments, mais je pense qu'une étude longue et approfondie sur les Grands Maîtres guérisseurs, Nganga, serait intéressante et nécessaire pour mieux comprendre le choix de tel ou tel animal, pourquoi et comment sont-ils utilisés etc. Il serait également intéressant de mener une étude ethnopsychiatrique sur les maladies mentales, ou plus largement sur les troubles de la personnalité, considérées par la population comme l'intervention du surnaturel afin de délimiter la distinction entre le normal et le pathologique et d'éclairer les aspects les plus complexes de la culture Bakota. Aujourd'hui, la plupart des médicaments sont à base de plantes et non plus d'animaux. Ces derniers restent toutefois présents, pour un petit nombre d'entre eux, dans les médicaments de protection ou de guérison des mauvais sorts. Tableau 6 : Animaux utilisés dans les sortilèges et les protections
Tableau 7 : Récapitulatif des utilisations magico religieuses et médicinales de la faune sauvage
II Les Animaux Sauvages dans les Rites et les Cérémonies Les animaux sauvages sont souvent présents dans les rites et les cérémonies Bakota. On les retrouve dans les médicaments dont le rôle essentiel est celui de protéger, mais aussi dans les parures et accessoires indispensables pour ces pratiques. En dehors de cette présence « physique » des animaux, ils sont également évoqués dans les danses et les chants. N'ayant pas eu le temps de m'intéresser profondément à l'ensemble de ces manifestations, je propose d'évoquer seulement la cérémonie de circoncision, la naissance des jumeaux ainsi que l'omniprésence de la Genette dans les rituels initiatiques et les danses. II.1 La Cérémonie de circoncision Satchi La cérémonie de circoncision reste la plus importante fête chez les Bakota, celle qui réunit le plus de monde et qui nécessite de nombreuses danses. Les circoncisions se déroulent en saison sèche de juin à septembre, lorsque les enfants n'ont pas d'école. Chaque clan et même chaque famille a ses spécificités comme pour la préparation des médicaments nécessaires au bon déroulement de la circoncision, mais les bases de la cérémonie se retrouvent partout dans les villages autour de Makokou, et dans tous les sous-groupes Bakota. M'intéressant aux animaux sauvages dans la coutume Kota, je n'ai pas eu le temps ni l'opportunité d'étudier en profondeur le Satchi19(*). Je me suis focalisée sur l'utilisation et l'évocation des animaux sauvages tout au long des différentes phases de la cérémonie. * 19 Une étude détaillée de cette cérémonie a été faite par Louis Perrois en 1968. |
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