C. L'état des libertés
publiques
La population du Sud-Kivu n'avait, pendant la guerre aucune
possibilité de jouir de toutes ses libertés publiques telles la
liberté d'opinion, d'association, de culte et d'expression ; de
réunion pacifique, etc.
1. Les libertés de presse,
d'opinion et d'expression
« Nul ne peut être inquiété
pour ses opinions. Toute personne a droit à la liberté
d'expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de
recevoir et de répondre des informations et des idées de toute
espèce, sans considération de frontières, sous une forme
orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de
son choix » (Article 19, alinéas 1 et 2 du Pacte international
relatif aux droits civils et politiques). L'Est du territoire Congolais
était caractérisé par une situation telle que l'exercice
de ces libertés a été et est encore sérieusement
mis à mal. Des membres de la société civile et certains
dirigeants politiques ont été soit arrêtés, soit
intimidés pour avoir exprimé publiquement des opinions contraires
à celles de la rébellion. C'est le cas du président de la
société civile, coordination de Bukavu, Monsieur CIRHALWIRA et de
ses collègues qui ont été arrêtés et
transférés à Kisangani après s'être
prononcés sur l'attentant qui coûta la vie à plusieurs
personnes à la Kermesse organisée par la Bralima à Bukavu
en février 2000. L'arrestation est due à toute personne qui ose
exprimer une opinion contraire à l'idéologie du
« gouvernant » ou du maître des lieux sous son
contrôle. Les ennuis réservés varient selon la
gravité d'opinions émises et vont du séjour
indéterminé dans les cachots à l'exécution
extrajudiciaire.
Une telle situation explique ainsi la grande
difficulté d'existence d'une presse libre dans les différents
coins et recoins de la région du Kivu. Les autorités rebelles
ont, en effet, multipliées des entraves à un libre exercice de la
liberté de la presse. Les organes de presse étaient
paralysés par les effets de la guerre. La presse publique audiovisuelle,
instrument idéologique de la rébellion, y est demeurée la
principale source locale d'information. Cependant, les journalistes qui y
travaillent ne sont pas libres parce que soumis aux ordres et à la
logique du pouvoir en place. Pour ce qui est des radios privées ayant vu
le jour dans des conditions officielles au Sud-Kivu, les cahiers de charge leur
étaient imposés ne pouvaient pas leur permettre de remplir
pleinement leurs devoirs d'information de la population. Raison pour laquelle
elles axent leurs émissions sur les domaines tels que la religion, le
développement.
La volonté de bâillonner la presse se
concrétise par les menaces proférées à l'endroit
des journalistes. Plusieurs journalistes ont été
arrêtés, humiliés, intimidés. L'exemple le plus
frappant est celui de l'interdiction de commenter les faits de guerre qui
aboutit à la suspension pour la première fois au mois de mai 1999
des activités de la Radio Maendeleo et l'arrestation de Monsieur
KAMENGELE OMBA, animateur et chef des programmes radio de ladite chaîne.
Il leur était reproché d'avoir publié certains articles
critiques à l'égard du pouvoir notamment sur les réactions
de la population bukavienne (jets de pierres) lors du meeting organisé
quelques jours plus tôt à la place Major Vangu en Commune
d'Ibanda. Autorisée à reprendre ses activités au mois
d'août 2001, elle se verra, pour la seconde fois, retirée sa
licence d'exploitation le 09 décembre 2002 pour avoir diffusé sur
les ondes les avis de la population de Bukavu sur la mise en circulation des
nouvelles plaques minéralogiques par les pouvoirs publics. Les radios
qui continuaient d'émettre étaient soumises à un
contrôle sévère et à la censure de toute publication
prétextant la guerre, le respect de l'ordre public.
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