Une grande partie du Tarn-et-Garonne est sous l'influence de
la métropole toulousaine. La forte croissance de la population en est
l'un des indicateurs. Le Département connaît une croissance
démographique (croissance de 1,2 % entre 1999 et 2004) due
principalement à l'arrivée de nouvelles populations :
l'excédent migratoire atteint 2 400 personnes par an en moyenne depuis
1999. Ainsi les derniers recensements montrent que le Tarn et Garonne a
gagné 12 300 nouveaux habitants entre 1999 et 2004 pour arriver en 2005
à 221 300 habitants avec une densité de 60
habitants/km2. Les projections démographiques de
l'INSEE2 prévoient selon un scénario central
(prolongement des tendances démographiques récentes en
matière de fécondité, mortalité et migrations
externes) un gain de 37 000 nouvelles personnes d'ici 2030 (soit une hausse de
17%).
Cet afflux a pour conséquence une augmentation des
constructions sous forme pavillonnaire
(8 150 logements individuels purs
autorisés entre 1999 et 2004) et sous les formes collectives
Les bourgs touchés par cette dynamique
résidentielle se caractérisent généralement par une
population jeune qui provoque une hausse de natalité. L'arrivée
de nouveaux ménages bouleverse la structure traditionnelle de la
population d'origine.
Mais la métropole toulousaine influence le sud du
département surtout par l'attraction d'actifs. L'étude «
Tarn-et-Garonne, un territoire multipolaire sous l'influence croissante de
Toulouse »2 réalisé par l'INSEE
Midi-Pyrénées montre qu'en 2004 près de 20 % des 66 000
salariés qui résident en Tarn-et-Garonne travaillent à
l'extérieur du département. La majorité de ces actifs
sortants se rendent en Haute-Garonne (six sur dix) ce qui confirme le dynamisme
du couloir Toulouse-Montauban. Ces échanges importants entre l'aire
urbaine et le faisceau nord ont tendance à augmenter entre 2001 et 2006
de 13 % sur l'autoroute A62 (soit 12 800 déplacements en 2001 et14 500
en 2006) et de 18,5 % sur la RD 813 (soit 36 000 déplacements en 2001 et
43 000 en 2006)3.
L'augmentation de l'attractivité de Toulouse sur les
territoires environnants s'explique par la confrontation des territoires
à la mondialisation qui induit le processus de métropolisation.
L'ouverture des territoires à la mondialisation a modifié les
logiques économiques locales et a recomposé l'organisation des
territoires proches des métropoles. En effet, le phénomène
de la mondialisation analysé par P.MOREAU DEFARGES4 se
décompose principalement en :
· La production de masse où toutes les
activités humaines s'inscrivent dans un système global
d'échange. Cela contribue à transformer ce qui est sacré,
exceptionnel, particulier, artisanal, réservé à un cercle
restreint en quelque chose de banal, compétitif et facilement
accessible.
· La globalisation de l'argent induit par l'augmentation
des mouvements financiers internationaux facilités par l'ordinateur,
Internet et la dématérialisation des titres au sein d'un
système bancaire mondialisé.
1 Source SITADEL
2 INSEE Midi-Pyrénées
Tarn-et-Garonne, un territoire multipolaire sous l'influence croissante de
Toulouse, 6 pages de l'INSEE, n°110, mai 2008
3 Déplacements totaux entre 2001 et
2006
4 MOREAU DEFARGES P. La mondialisation, Que
sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1997
· L'internationalisation des entreprises, rendue
facile par l'effondrement des prix de transport et la réduction des
barrières aux investissements étrangers. L'intégration de
nouveaux pays dans les circuits internationaux avec des coûts de main
d'oeuvre compétitif incite certaines entreprises à
délocaliser.
· La volatilité des investissements qui a pour
conséquence de développer des entreprises temporaires sans
attaches territoriales. Les entreprises qui ont une histoire sur un territoire
se font de plus en plus rares.
· L'externalisation du système productif. De
nombreuses grandes entreprises lèguent certains champs de production ou
des services à des sous traitants. Ces firmes réseau en
interrelation peuvent fragiliser tout un bassin d'emploi lors de crises
économiques.
Toutes ces manifestations ont des répercussions sur
les territoires dont le phénomène de métropolisation.
Ainsi selon P.CLAVAL1 « la métropolisation est
analysée comme le résultat des changements du système
productif lié à la mondialisation et à diverses crises
industrielles ». S.LEROY2 précise que « la
ville se transforme, passant progressivement du mode « d'urbanisation
» au régime de la métropolisation. Alors que les grandes
agglomérations urbaines acquièrent une centralité mondiale
spécialisée (financière, économique, culturelle,
politique) et tendent à constituer un réseau métropolitain
planétaire, apparaît une fragmentation accrue en termes de
ségrégation socio-économique et une croissance des
inégalités spatiales intra-métropolitaines ».
Les transformations fonctionnelles et la concentration
démographique des métropoles bouleversent le « hinterland
» proche en réorganisant les aires urbaines en espaces discontinus
et hétérogènes avec des centralités secondaires.
Les unités inférieures, comme la petite ville et le bourg-centre
s'intègrent au même titre que les autres communes banales dans
cette large sphère sans réelle destination des différents
rôles à jouer et des particularités de chacune de ces
entités géographiques.
Les effets de la métropolisation sur les communes
périurbaines sont nombreux, mais deux tendances sont
particulièrement caractéristiques : la métropolisation des
achats et l'extension pavillonnaire des bourgs.
1 CLAVAL P. (dir.) Mondialisation et
Métropolisation, Géographes et Cultures, n°48, 2004
2 LEROY S. Sémantiques de la
métropolisation, L'espace géographique, n°1, 2000
L'accessibilité, les facilités de transport et
la création de grandes surfaces proposant une diversité de choix
et de prix encouragent de nombreux habitants des communes périurbaines
à effectuer leurs achats sur les grandes villes. De ce fait les achats
alimentaires de base, créneau des commerces de proximité des
bourgs, se font souvent en même temps que les achats plus rares sur les
zones commerciales avec la présence de spécialistes vendeurs.
Cette « métropolisation des achats »1
modifie l'offre en service et commerce des bourgs qui est en concurrence avec
les aires de chalandise des grandes zones commerciales.
Par ailleurs, de nombreux actifs travaillant sur une
métropole voisine s'installent dans les bourgs proches des grandes
agglomérations. Ces nouveaux arrivants sont attirés par
l'attractivité des espaces ruraux, un foncier abordable et les
facilités de déplacements. L'accueil des nouvelles populations a
singulièrement modifié la morphologie urbaine et paysagère
de certains bourgs. J.M FREYDEFONT2 liste une partie des
conséquences de la phase d'urbanisation pavillonnaire : le creusement
des déséquilibres démographiques et sociologiques,
l'élévation des coûts fonciers, l'écart grandissant
entre le niveau d'équipements/services et les attentes de la population
ou encore l'inadéquation du réseau de voirie pour les flux
pendulaires créant des nuisances sur le centre-ville. Du point de vue
paysager (forme, architecture, densité,...), les nouvelles zones
pavillonnaires peuvent contraster avec le bourg historique et traditionnel. F.
CHIGNER-RIBOULON résume cette situation en considérant ces bourgs
périurbains comme « des espaces en mutation entre une
urbanité reconnue, mais pas toujours acceptée, et une
ruralité quelque peu mythifiée, mais en voie de disparition
»3.
Le Tarn-et-Garonne et plus particulièrement la partie
sud du département, est touché par l'attractivité et le
rayonnement de la métropole régionale toulousaine. L'augmentation
de la population, de la construction et des migrations pendulaires dans le
corridor Toulouse-Montauban en sont des indicateurs significatifs.
L'implantation de la future gare TGV au sud de Montauban et la plateforme
logistique de Montbartier sont autant de grands projets qui devraient accentuer
à court terme l'importance de cette entrée de l'aire urbaine de
Toulouse.
1 EDOUARD J.C. Les mutations commerciales des
petites villes face à la métropolisation in CERAMAC
L'avenir des petites villes, actes du colloque international de
Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, novembre 2003
2 FREYDEFONT Projet urbain et petites villes
d'agglomération : spécificités ou
généralisation ?
3 CHIGNER-RIBOULON F. Les petites villes
d'agglomération entre représentations d'hier et
intégration à l'espace urbain in CERAMAC L'avenir des
petites villes in op. cite.
Ce développement transforme le rôle et les
fonctions des bourgs : arrivée de populations avec des
caractéristiques socio-économiques nouvelles, construction de
larges zones pavillonnaires, accroissements des déplacements, apparition
de nouvelles attentes de la part des populations (services de proximité,
équipement sportif, manifestations culturelles,...).
A l'inverse, le phénomène de
métropolisation fait évoluer le rôle des bourgs
isolés des grandes voies de communication. La population de ces centres
ruraux a tendance à vieillir, stagner voire à diminuer.
Cependant, le manque d'influence des grandes villes permet à ces bourgs
de proposer des équipements, des services et des emplois à une
population locale. De même, la qualité du cadre de vie appelle de
nouveaux migrants en recherche de « nature » à repeupler
certains lieux retirés. Martin MALVY président de l'Association
des Petites Villes de France (APVF) souligne l'importance des bourgs ruraux et
petites villes : « Héritage du passé, ce réseau
des petites villes n'est pas dépassé. Au contraire, ces petites
agglomérations à « taille humaine » sont un atout pour
notre pays. Elles constituent un irremplaçable rempart contre la
désertification rurale, en même temps qu'elles offrent une
alternative réaliste au terrible processus de concentration urbaine
»1