II) Quel rôle joue le bourg dans le
département
du Tarn-et-Garonne ?
Le département du Tarn-et-Garonne situé au
centre de la région Midi-Pyrénées
Source : IGN
A) Une activité agricole prédominante
Le Département du Tarn-et-Garonne a été
crée en 1808, par décret impérial de Napoléon I,
sur la réunion de fragments détachés des
départements voisins : Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot et
Lot-et-Garonne. Du coup, le département comporte des entités
paysagères variées coupées par les trois cours d'eau que
sont la Garonne, le Tarn et l'Aveyron. Les bourgs tarn-et-garonnais
présentent donc des profils différents par leur architecture : de
la brique dans le Sud et le long de la vallée de la Garonne et de la
pierre dans
les gorges de l'Aveyron et sur les pré-causses du Nord
; les grandes propriétés de la Lomagne architecturalement proches
du modèle gascon n'ont rien en commun avec les pavillons à la
toulousaine des Coteaux de Monclar.
Cette diversité est également perceptible au
niveau de l'économie départementale. Après avoir connu au
début du XIXe siècle une prospérité comparable, ou
même supérieure à celle des autres régions
française, l'activité économique est restée
relativement à l'écart du mouvement d'industrialisation de la fin
du XIXe. Les activités traditionnelles prédominent comme la
minoterie, le textile, la métallurgie ou encore la faïencerie.
Le Département d'une superficie de 3 720 hectares (l'un
des plus petits de France - 8,2 % de la superficie de Midi
Pyrénées) est cependant principalement tourné vers
l'agriculture (60% de la surface départementale est valorisé par
l'agriculture) ce qui peut masquer le potentiel industriel.
D'une part, les nombreuses terrasses et vallées
fertiles de la Garonne et du Tarn sont propices à l'arboriculture
fruitière avec une prédominance du pommier et la culture
extensive de céréales (40 % de la Surface Agricole
Utilisée - SAU). Le développement de la production de bois se
localise également aux abords des cours d'eau avec la plantation de
peupliers (55% de la production régionale). Ces grandes cultures en
croissance ces dernières années et la production fruitière
sont ventilées en circuits longs.
D'autre part, les zones arides, pentues et accidentées
comme celles des Causses du Quercy blanc sont plutôt vouées
à l'élevage de bovins et les terrasses de la Garonne et du Tarn
offrent des conditions idéales pour le développement de la vigne
labellisée.
De nombreux villages et bourgs situés sur la partie
Nord et Ouest présentent donc des profils typiquement agricoles. Ces
bourgs agricoles « éloigné[s] de l'influence
des villes [jouent] souvent un rôle déterminant
»1. Ainsi J.P POUSSOU souligne que la petite ville
représente un maillage essentiel de l'espace à partir du XIIe car
elle est le premier degré de la hiérarchie urbaine et elle est
indispensable à l'espace rural. Ces petites villes peuvent regrouper des
services : équipements de collecte, de conditionnement, de production et
proposer une main d'oeuvre locale. Historiquement, la polyculture des
agriculteurs servait à l'autosuffisance du bourg et de son
environnement. Le bourg avec ses infrastructures de base, jouait alors une
1 POUSSOU J.P. Bourgs centres et espaces
fragiles in LABORIE J.P et RENARD J. (dir.) Bourgs et petites villes
in op. cite
place déterminante et permettait aux agriculteurs de
revendre leur production en circuit court. L'ouverture des marchés et
l'avènement de l'agriculture « industrielle », dans les
années soixante-dix en recherche constante de rendement et de
compétitivité, a modifié le rôle et la place des
bourgs ruraux. Ainsi selon J.P LABORIE : « la ville n'est même
plus un premier relais dans le circuit de commercialisation
»1 mais elle développe par la mutation de l'agriculture
de nouvelles fonctions.
En effet la reconfiguration des exploitations par le
remembrement, le besoin croissant d'intrants ou encore l'augmentation des
transactions financières créent de nouveaux services et
métiers qui permettent de diversifier l'économie de ces villes
(magasins de matériels, coopératives, services,...) et fixer les
populations tentées par l'exode rural.
Répartitions des exploitations agricoles selon
leurs productions principales
(En % de l'ensemble des exploitations)
Source : DDAF 82/DRAF (SRISE) - enquête Structure
2005
Aujourd'hui, à l'image de la France le nombre
d'exploitations en Tarn-et-Garonne a tendance à diminuer alors que les
surfaces augmentent : le nombre de celles de plus de 50 hectares a
doublé entre 1988 et 2000 pour atteindre 20 % de l'ensemble des
exploitations.
La réduction des effectifs dans l'agriculture
(effondrement de 31 % des emplois agricoles en Tarn-et-Garonne entre 1990 et
1999) a incité au développement de coopératives qui
permettent de mutualiser les moyens et proposer des produits compétitifs
sur le marché mondial.
1 LABORIE J.P Les petites villes, Edition du
CNRS, 1979
|