CHAPITRE II:
FAIBLE REPRESENTATIVITE ET PEU D'INTERET POUR LES
COOPERATIVES FEMININES DANS LE SYSTEME COOPERATIF IVOIRIEN
La faible proportion et le peu d'intérêt
accordé aux coopératives féminines dans les politiques de
développement de la Côte d'Ivoire sont la conséquence des
choix économiques. Suscité et organisé par
l'Administration coloniale, le système coopératif a
évolué des Sociétés Indigènes de
Prévoyance (SIP) vers les Sociétés Mutuelles (SM) pendant
la colonisation. Au cours de cette période, les coopératives se
développent principalement autour des productions industrielles et
d'exportation (café et le cacao en particulier) pour accroître la
production de ces matières premières pour les besoins des
industries de la métropole. On ne parle pas encore à cette
époque de coopératives féminines orientées vers la
production ou la commercialisation des produits vivriers.
A l'indépendance, le système coopératif
ivoirien n'est pas fondamentalement rénové. Le Centre National de
la Coopération et de la Mutualité Agricole (CNCMA) prit en charge
le développement des coopératives jusqu'à sa dissolution
en 1964. C'est seulement à partir de 1966 que l'Etat de Côte
d'Ivoire adopte une loi (loi n°66-251 du 5 août 1966) relative aux
organisations coopératives. Cette loi sera modifiée en
décembre 1972 et remplacée en juin 1977 sans une
altération des fondements du système coopératif ivoirien.
Le statut juridique et le mode d'organisation des coopératives sont
définis. Les coopératives sont des sociétés civiles
de personnes physiques et morales de type particulier à capital et
personnel variables. Elles sont administrées par un Conseil
d'Administration qui peut nommer un Directeur extérieur audit Conseil.
En outre, désignés par une Assemblée
générale ordinaire, les Commissaires aux comptes ont pour
rôle d'assurer la gestion des comptes des coopératives. L'Etat,
par le biais d'organismes spécialisés (MINAGRA, OCPV, etc.)
assure le contrôle des coopératives et veille au
« bon » fonctionnement de celles-ci.
Les domaines d'intervention des coopératives sont
variés : agriculture, artisanat, pêche, consommation,
construction et habitat, épargne et crédit, école, etc. A
priori, le système coopératif ivoirien n'excluait aucun secteur
d'activités. Il se caractérise cependant par sa polarisation sur
les coopératives des produits d'exportation. Jusqu'à une
période récente, les coopératives féminines
essentiellement tournées vers la production ou la commercialisation des
produits vivriers, ont connu un développement tout à fait
marginal, généralement, en dehors des
procédures/règles d'organisation étatiques. Elles ne
représentaient qu'une très faible proportion des organisations
coopératives en Côte d'Ivoire et ne bénéficiaient
pas d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics. De ce
point de vue, les nombreuses expériences de regroupement des femmes en
coopératives « officielles » dans le contexte de
l'économie libéralisée sont une situation inédite.
La position hégémonique des coopératives de produits
d'exportation risque, toutefois, de se maintenir tant que ces produits
constitueront les principaux fournisseurs de devises à l'Etat. Le
développement même des coopératives est le reflet des
inégalités sectorielles. Il est aussi tributaire des enjeux
économiques qui ne sont pas les mêmes lorsqu'on passe du secteur
des produits d'exportation à celui des produits vivriers. Or, la
question de l'efficacité du système coopératif ivoirien
s'est toujours posée avec plus d'acuité dans le secteur des
produits d'exportation où beaucoup d'organisations coopératives
ont fait faillite.
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