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L'etat ivoirien et les coopératives féminines

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par Koffi Parfait N ' Goran
Université de Bouaké-Bordeaux II - Doctorat 2008
  

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CHAPITRE PREMIER :

LES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DE LA COTE D'IVOIRE : UNE REPRODUCTION D ES INEGALITES SECTORIELLES

L'époque coloniale et la période de l'indépendance nous renseignent sur les évolutions des politiques économiques en Côte d'Ivoire. La période coloniale est celles de la « mise en valeur » des colonies. Dans cette optique, chaque colonie est transformée en centre de production par l'Administration coloniale. La spécialisation au niveau agricole de chaque territoire est fonction des conditions naturelles et des potentialités agricoles qu'il offre. Devenue colonie d'exploitation en 1893, la place et le rôle de la Côte d'Ivoire dans l'Empire colonial français sont définis selon ses potentialités naturelles. Sa « mise en valeur » commence véritablement entre les années 1920 et 1945. Les programmes de « mise en valeur » de la colonie de Côte d'Ivoire mettront l'accent sur le développement de l'agriculture de rente et l'exploitation des ressources naturelles et minières (bois, or, manganèse, diamant). Une place secondaire est accordée aux cultures vivrières. Elles sont réduites à la fonction principale d'aliments de subsistance pour les populations « indigènes ». Alimenter le marché de la métropole par des matières premières, est la principale finalité de cette vaste politique d'exploitation, entretenue grâce à une migration à grande échelle des ressortissants des pays de l'hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger) vers la Côte d'Ivoire et des populations du Nord du pays (dioula, senoufo) vers le sud.

A l'indépendance, les gouvernants ivoiriens héritent de la politique d'aménagement du territoire de l'Administration coloniale. Cet héritage sera plus ou moins entretenu. La Côte d'Ivoire opte pour une politique économique attractive basée sur l'ouverture à la main d'oeuvre et à l'investissement étranger. L'économie de plantation conservera sa place dominante et bénéficiera d'importants investissements. Des structures étatiques sont créées pour la modernisation de l'agriculture : CFDT, MOTORAGRI, SATMACI. Des mesures incitatives (« Coupe nationale du progrès », développement de coopératives) sont aussi mises en places pour favoriser l'adhésion des masses rurales à la politique d'extension des productions d'exportation. Très vite grâce aux performances des matières premières agricoles, la Côte d'Ivoire devient un pôle économique attractif. Elle se positionne en Afrique et même dans le monde. Jusqu'en 1980, elle a un taux de croissance moyen annuel de l'ordre de 8%. Mais les performances économiques se réalisent dans un contexte de parcellisation de fait des activités de production et de commercialisation. Le secteur des produits d'exportation est masculinisé. Celui des produits vivriers est féminisé et est très peu valorisé par les pouvoirs publics. Néanmoins la crise économique a créé un contexte qui, aujourd'hui, favorise le repositionnement du secteur vivrier. La valeur de cette position stratégique réside dans les solutions alternatives que ce secteur offre à l'Etat dans l'absorption des problèmes sociaux engendrés par la crise de l'économie ivoirienne et, plus récemment, le conflit politico-militaire de septembre 2002. En réalité, le peu d'intérêt accordé par les pouvoirs publics au secteur vivrier tient à la faiblesse des devises tirées de ce secteur. Le rapport de l'Etat aux différents secteurs de l'économie est, en effet, tributaire des retombées et des enjeux économiques. Il en est de même dans le développement des organisations coopératives en Côte d'Ivoire. L'évolution du système coopératif montre que les coopératives féminines sont d'apparition récente. Elles sont faiblement représentées et n'ont pas suscité un véritable engouement de la part de l'Etat.

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