6.1.3. Efficacité de
la commercialisation par acteur
On dira d'un marché qu'il est efficace si les marges
brutes, c'est à dire les différences des prix de vente et des
prix d'achat, sont statistiquement égales aux différentes charges
supportées par les divers acteurs du système de
commercialisation. Au cas contraire le système est inefficace (Sodjinou,
2000). Dans le cas de la présente étude les marges brutes sont
comparées aux coûts supportés par les différents
acteurs dans les deux départements. Pour étudier
l'efficacité du système au niveau de chaque acteur, le test de
comparaison du coût et de la marge brute a été fait. Les
différents résultats se présentent dans le tableau
suivant :
Tableau 6.13. : Comparaison des coûts et
des marges brutes au niveau de tous les acteurs des deux
départements.
Catégorie
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
Valeur de T
|
ddl
|
Signifi-cation
|
Inférieur
|
Supérieur
|
Producteurs
|
72.3978
|
69.5337
|
56.92389
|
87.87184
|
9.313
|
79
|
0.000***
|
Collecteurs
|
9.3196
|
3.4961
|
7.4566
|
11.1825
|
10.663
|
15
|
0.000***
|
Courtiers
|
3.3447
|
2.6387
|
2.5948
|
4.0946
|
8.963
|
49
|
0.000***
|
Grossistes
|
-0.424
|
31.8089
|
-18.79
|
17.9419
|
-0.05
|
13
|
0.961
|
***= significatif à 1%
Source : Enquête, 2007
Il se dégage de la lecture de ce tableau qu'il y a une
différence significative au seuil de 1% entre les coûts et les
marges brutes au niveau des producteurs, les collecteurs et les courtiers des
deux départements. Le système de commercialisation n'est donc pas
efficace au niveau de ces trois catégories d'acteurs, car ils
réalisent des marges nettement supérieures aux coûts
engagés. Ceci est dû au fait que ces acteurs supportent les
coûts les plus bas dans le processus de vente/achat des noix de cajou.
L'analyse du même tableau montre qu'il n'y a pas de
différence significative entre les coûts et les marges, seulement
au niveau des grossistes des deux départements. La commercialisation est
donc efficace au niveau de cette catégorie d'acteurs au seuil de 5%.
Dans ces conditions, il n'existe pas de possibilité de réaliser
de grands profits par les grossistes malgré leur faible nombre. Ceci est
dû au fait que les grossistes investissent de fortes sommes dans le
transport, les commissions des collecteurs, les charges diverses, etc.
Pour mieux apprécier la rentabilité de
l'activité de commercialisation des noix dans les deux
départements, le ratio marge commerciale / coût par
acteur a été calculé. Les résultats statistiques
sont présentés dans le tableau 6.14. et donnent une idée
sur le bénéfice réalisé par unité de
coût investi.
Tableau 6.14. : Comparaison
ratio marge net / coût des acteurs des deux
départements
Acteurs
|
N
|
Ratio moyen
|
Ecart type
|
Erreur standard
|
Producteurs
|
72
|
1.7978
|
1.7222
|
0.203
|
Collecteurs
|
16
|
1.9406
|
0.0266
|
0.00666
|
Courtiers
|
50
|
1.9488
|
0.0238
|
0.00337
|
Grossistes
|
14
|
1.7633
|
0.3201
|
0.0855
|
Source: Enquête, 2007
L'analyse du tableau montre que la moyenne des ratios est
supérieure à l'unité (1) pour chaque catégorie
d'acteurs dans les deux départements. Ce qui permet de dire que les
activités de production et de commercialisation des noix de cajou sont
toutes deux rentables. En effet, une dépense de 1 F consentie par un
producteur lui procure une marge nette de 1.7978 alors que la même
dépense faite par un collecteur ou un courtier lui procure une marge
commerciale de 1.94 F dans les deux départements. Ainsi par unité
d'investissement, le collecteur ou le courtier tire un profit
substentiellement plus grand que le bénéfice obtenu par le
producteur. Cette marge de bénéfice est de 15 F pour 100 F
investi.
Les grossistes obtiennent une marge commerciale de 1.7633 pour
une dépense de 1 F. Ils réalisent presque le même
bénéfice que le producteur par unité d'investissement. On
remarque que les collecteurs et les courtiers sont plus avantagés que
les grossistes des deux départements.
Tout ceci confirme que la commercialisation des noix de cajou
dans les départements de l'Atacora et de la Donga est rentable avec
cependant des taux de rentabilité un peu plus élevés au
niveau des collecteurs et des courtiers.
Il ressort de cette étude que le marché des
noix de cajou dans les départements de l'Atacora et de la Donga est
globalement inefficace. On pourrait alors s'attendre à une entrée
de nouveaux acteurs dans le système, car les marges obtenues sont plus
ou moins intéressantes.
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