5.1.2. Age des acteurs
L'âge des acteurs est un critère qui peut
influencer les différentes opérations d'achat ou de vente. Les
résultats du test de ÷2, significatifs au seuil de 1%,
permettent aussi de conclure que l'âge varie en fonction des acteurs
(÷2 = 88,7747 ; ddl = 6 ; p =
0,000).
En effet, l'analyse du tableau 5.2. montre qu'en
majorité les producteurs des noix de cajou ont en moyenne 52 ans. Ceci
s'explique par l'âge des plantations rencontrées sur le terrain. A
priori, ils sont les propriétaires des plantations d'anacardiers. C'est
pourquoi les acheteurs aiment s'orienter vers ces personnes pour acheter les
noix. Pour les collecteurs, les noix achetées auprès des
personnes âgées sont plus crédibles. Car les plus jeunes
volent les noix dans les plantations pour vendre. Donc, pour éviter ces
problèmes, il faut tenir compte de l'âge avant de s'engager pour
des achats. En majorité les collecteurs sont jeunes avec une moyenne
d'âge de 37 ans. C'est dû au fait que les jeunes ont plus de
facilité à passer de domicile en domicile pour acheter les noix
pour le compte des grossistes qui sont généralement plus
âgés que les collecteurs. Il en est de même pour les
courtiers qui ont un âge moyen de 32 ans. Par contre l'âge moyen
des grossistes est de 45 ans et ils préfèrent collaborer avec les
personnes âgées. Pour les grossistes, confier les fonds pour les
achats aux personnes âgées, rassure plus. De plus, les collecteurs
ne disparaissent pas avec les fonds comme les courtiers. Le tableau 5.2.
montre la répartition des acteurs par âge.
Tableau 5.2. : Répartition des acteurs par
âge (en années)
Age
|
Minimum
|
Moyenne
|
Maximum
|
Ecart type
|
Producteurs
|
31
|
52
|
80
|
12, 8
|
Collecteurs
|
27
|
37
|
47
|
6,8
|
Courtiers
|
25
|
32
|
43
|
5,7
|
Grossistes
|
35
|
45
|
52
|
5,4
|
Source : Enquête, 2007
5.1.3. Le niveau
d'instruction
Le niveau d'instruction est également une
caractéristique qui influence les stratégies d'achat et de vente
des différents acteurs du marché des noix de cajou. Les
résultats du test de ÷2 , significatifs au seuil de 1%,
montrent que le niveau d'instruction varie en fonction des acteurs
(÷2 = 55,197 ; ddl = 9 ; p =
0,000).
Le tableau 5.3. montre la répartition des acteurs par
niveau d'instruction pour le cas des noix de cajou.
Tableau 5.3. : Répartition des acteurs (en %)
par niveau d'instruction
Acteurs
|
Aucun
|
Alphabétisé
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
Producteurs
|
61,3
|
6,7
|
25,5
|
7,5
|
-
|
100
|
Collecteurs
|
37,5
|
-
|
50,0
|
12,5
|
-
|
100
|
Courtiers
|
24,0
|
-
|
64,0
|
12,0
|
-
|
100
|
Grossistes
|
-
|
-
|
34,6
|
57,1
|
8,3
|
100
|
Source: Enquête, 2007
L`analyse de ce tableau montre que plus de 60 % des
producteurs sont analphabètes. Cette situation engendre chez le
producteurs une maîtrise imparfaite du marché, un déficit
d`information et par conséquent leur dépendance à
l'égard des acheteurs.
L'analphabétisme des producteurs explique aussi le fait
qu'ils sont trompés par des fausses manipulations de bascule. On
pourrait dire que les collecteurs et les courtiers instruits profitent du
faible niveau d'instruction des producteurs pour augmenter leur marge
bénéficiaire. L'instruction constitue donc un atout pour la bonne
conduite des activités.
En aval de la chaîne, les collecteurs sont moins
instruits que les courtiers et les grossistes, et sont également soumis
aux grossistes. Chez les collecteurs 50,0 % ont le niveau du primaire et 12,5%
ont fait le secondaire. Environ 37,5% des collecteurs ne sont pas instruits.
Ils sont pour la plupart des villages de production et ces derniers
préfèrent utiliser la bassine et le sac de jute pour les achats.
Les collecteurs aiment acheter les noix auprès de producteurs
âgés qui sont en majorité non instruits. Les courtiers sont
à 76% instruits. Cette situation pourrait expliquer leur habileté
sur le terrain. D'ailleurs, pour le grossiste, il faut savoir, lire et
écrire avant de recevoir la commande afin de pouvoir manipuler la
bascule lors des achats. Les grossistes confient la bascule et les fonds aux
courtiers instruits pour limiter les pertes.
Dans le même temps les grossistes sont instruits
à (100%) avec 34,6% des cas pour le primaire, 57,1% pour le secondaire
et 8,3% pour le supérieur. Les grossistes ayant le niveau du secondaire
et du supérieur ont souvent un chiffre d'affaire plus important. Ils
sont contraints à tenir une bonne comptabilité car ils font des
prêts dans les banques pour investir dans les activités
commerciales. Il faut donc mener une activité rentable afin de pouvoir
rembourser en fin de campagne.
5.1.4. Origine des Acteurs
L'origine des différents acteurs influence leur
comportement sur le terrain. Les résultats du test de ÷2
révèlent que l'origine des acteurs est un facteur qui les
discrimine au seuil de 5% (÷2 =
11,107 ; ddl = 3 ; p = 0,011).
En effet, les résultats des enquêtes font
remarquer que la majorité des acteurs rencontrés sur le terrain
sont du milieu. Chez les producteurs 81,7% sont locaux contre 87,5% et 100%
pour les collecteurs et les courtiers respectivement.
La prédominance des autochtones chez les producteurs
s'explique par le mode d'accès à la terre dans la zone
d'étude. En effet, les étrangers ont accès à la
terre par emprunt, à durée déterminée pour les
cultures annuelles et non pour les cultures pérennes. Quand aux
collecteurs et courtiers, ils sont majoritairement du milieu, parce que ces
derniers développent des stratégies locales afin d'empêcher
les acteurs étrangers à venir opérer sur leur territoire.
Un collecteur étranger, n'arrive pas à acheter les noix sans
passer par les locaux. Généralement il faut maîtriser la
langue du milieu pour bien opérer. Les locaux affirment que les
étrangers, provoquent la hausse des prix pour avoir les produits. Pour
contourner cette concurrence, les collecteurs locaux fidélisent alors
leurs relations avec les producteurs à travers les différents
services. Pour ce faire, ceux-ci assistent leurs fournisseurs pendant les
circonstances heureuses ou malheureuses (mariages, baptême
décès et autres). Ceci leur permet de gagner leur confiance et
d'avoir le maximum de produits pendant la campagne. Aussi en cas de
problèmes financiers, les producteurs arrivent à solliciter un
crédit auprès des collecteurs.
De même les grossistes sont en majorité locaux
(92,9% des cas). Mais ils ne vivent pas dans les zones de production. Ils
jouissent des services de collecteurs pour avoir leur marchandise. Ils
collaborent avec leurs proches pour éviter la trahison et le
détournement. Selon nos enquêtes, 65% des grossistes ont
affirmé que les recouvrements de fonds et de produits sont difficiles
voire impossible si les partenaires sont liés par des liens de
parenté. Alors que les collecteurs locaux jouent sur ce lien de
parenté pour avoir le maximum de produits. En jouant sur ces liens de
parenté pour avoir le maximum de produits, on pourrait dire que le
marché n'est plus basé sur la rationalité mais
plutôt sur les réseaux sociaux. Ceci est l'apanage des courtiers
et des collecteurs surtout.
Mais la particularité dans la commercialisation des
noix de cajou est la coexistence de la rationalité et des liens de
parenté dans le processus. En effet, les producteurs avouent qu'ils
privilégient d'abord le plus offrant. Mais lorsque le prix est stable,
ils ont tendance à considérer les liens de parenté. Le
tableau 5.4. montre la répartition des acteurs selon leur origine.
Tableau 5.4. : Répartition des acteurs selon
leur origine (en %)
Acteurs
|
Locaux
|
Etrangers
|
Total
|
Producteurs
|
81,7
|
18,3
|
100
|
Collecteurs
|
87,5
|
12,5
|
100
|
Courtiers
|
100
|
-
|
100
|
Grossistes
|
92,9
|
7,1
|
100
|
Source: Enquête, 2007
|