4.6. Dynamique
d'Organisation des acteurs
Au Bénin, il existe plusieurs organisations autour de
la production et de la commercialisation de l'anacarde (Singbo et al., 2004).
Il s'agit notamment de l'Association des Producteurs d'Anacarde du Bénin
(APA-Bénin, créée en 1998), de l' Union Nationale des
Producteurs d'Anacarde du Bénin (UNAPAB créée en
décembre 1999) et du Groupement des Exploitants Agricoles
(GEA-Bénin). Ces organisations interviennent à divers niveaux de
la filière anacarde.
Conscients des difficultés qu'ils éprouvent pour
faire écouler leurs produits à des prix
rémunérateurs, et soucieux de défendre leurs droits,
leurs intérêts et également pour faire la promotion de
leurs intérêts socio-économiques et professionnels, les
producteurs d'anacarde des départements de l'Atacora et de la Donga ont
adhéré à l'idée de se réunir au sein d'une
structure faîtière appelée Union Régionale des
Producteurs d'Anacarde (URPA). L'objectif de cette
Union était de sensibiliser tous les producteurs pour une vente
collective à la même période. Pour les producteurs, les
collecteurs profitent de leur inorganisation pour faire des achats en
début de campagne pendant que les prix planchers sont méconnus.
La vente groupée pourrait leur permettre de gagner plus. Dans la
structuration, les producteurs se regroupent au niveau des arrondissements en
Comités Villageois de Producteurs d'Anacarde (CVPA) qui, au niveau
communal forment les Unions Communales de Producteurs d'Anacarde (UCPA),
lesquelles UCPA constituent l'Union Régionale des producteurs d'Anacarde
(URPA) au niveau départemental. Mais avant la création de l'URPA,
les producteurs étaient organisés au sein de l'UDP. Pour mieux
suivre la filière anacarde, L'UDP a créé en son sein un
groupe de réflexion sur l'anacarde en 2001. Actuellement il existe un
flou quant à la relation qui doit exister entre l'UDP et l'URPA. Mais
d'après les autorités du CeRPA Atacora/Donga, l'UDP doit se muer
en une organisation spécialisée pour le coton et l'URPA sera
désormais la seule structure autorisée à parler de
l'anacarde.
Pour soutenir les activités de l'URPA, PAMRAD a
sollicité dans le cadre de la mise en oeuvre de ses actions, les
services d'un prestataire en l'occurrence l'ONG DEDRAS. Cette dernière
est appelée à appuyer l'URPA dans le sens d'une
amélioration de la vente groupée, d'une meilleure
disponibilité du matériel végétal et d'un meilleur
respect des normes de qualité. PAMRAD compte octroyer des crédits
annuels aux producteurs membres de l'URPA, pour le compte de la campagne
prochaine. Ceci leur permettra d'entretenir leurs plantations. Pendant la
campagne, PAMRAD appuie également l'URPA à trouver un acheteur
unique avec un prix d'achat beaucoup plus meilleur. Ceci a baissé
l'engouement des collecteurs locaux. Très tôt ces derniers sont
lancés par le biais de leurs patrons à une concurrence
déloyale en augmentant leurs prix pendant une courte période.
Tout ceci dans l'intention de désolidariser les producteurs membres de
l'URPA qui n'arrivaient plus à se patienter.
Le ProCGRN aussi intervient dans cette dynamique
organisationnelle, en organisant au profit des producteurs des sessions de
formation sur les techniques culturales de l'anacardier et en mettant à
leur disposition des semences de bonne qualité. Il a suscité et
obtenu la création et l'installation d'un certains nombre de CVPA
rencontrés dans la Donga et entend intervenir dans l'organisation de la
vente groupée en recherchant le marché et en négociant le
prix pour les producteurs.
Soulignons que le ProCGRN et PAMRAD mènent des actions
similaires et complémentaires sur le terrain et il faudra faire une
répartition spatiale et temporelle des activités pour une
meilleure coordination des efforts.
Il se dégage de tout ce qui précède,
qu'il existe d'organisations de producteurs d'anacarde sur le terrain. Mais ces
organisations manquent de dynamisme et de cohésion interne. Les CVPA
identifiés sont peu fonctionnels et les producteurs ne sont plus
motivés pour participer à la vente groupée. Les mobiles de
cette absence de motivation trouvent leur fondement dans les insuffisances que
comporte l'expérience de vente groupée (voir chapitre 8 pour les
contraintes).
S'agissant des collecteurs et des courtiers, leurs
organisations sont sporadiques. Pour eux, ce sont les producteurs qui les
empêchent de se réunir et profitent de leurs mésententes.
Puisque leurs mésententes les poussent à une concurrence
horizontale où chacun vise à hausser le prix pour avoir le
maximum de produit. Aujourd'hui les collecteurs et les courtiers se contentent
d'opérer sans association.
Quant aux grossistes, ils appartiennent en
général à l'Union Nationale des Acheteurs des Produits
Tropicaux. Le tableau 4.3. indique l'appartenance ou non des acteurs
rencontrés à une association.
Tableau 4.3.: Répartition des acteurs (en %)
par appartenance d'association
Association
Acteurs
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Producteurs
|
62.5
|
37.5
|
100
|
Collecteurs
|
17.1
|
82.9
|
100
|
Courtiers
|
20.5
|
79.5
|
|
Grossistes
|
41.7
|
58.3
|
100
|
Source:
Enquête, 2007
|