Intelligence économique et stratégie d'entreprise, état de la question et pratique en Algerie( Télécharger le fichier original )par Souhil FEKIR EHEC Alger - Magister 2009 |
Section 2 : L'intelligence économique en AlgérieCette dimension passe par différentes approches, celle des autorités algériennes, leur avis, les décisions prises et les actions d'intelligence économique réalisés, celle des spécialistes regroupant les chercheurs et les praticiens, et enfin celle des différents organismes principalement les écoles de formation, les consultants et les entreprises. §1. Autorités et spécialistes Une importance particulière a été donnée à l'intelligence économique non seulement par les spécialistes en la matière, mais aussi par les autorités algériennes de très haut niveau, notamment avec le phénomène de la mondialisation et ses impacts prévus. Cependant, quel est le niveau de préoccupation de l'Etat ? Prend-il prend les même tendances de l'IE des pays développés ? 1.1. L'approche des autorités de l'Etat L'activité d'intelligence économique et son rôle dans les stratégies et la compétitivité des entreprises algériennes a fait l'objet de différentes études, conférences et programmes animés par les autorités algériennes dont la plus importante est bel et bien celle du président de la république, qui donne l'impression de suivre la démarche de l'ex-président des Etats-Unis Bill Clinton dans son action de soutenance de ses entreprises à l'échelle international, y compris les actions d'influence (voir IE made in USA). Cette décision a été particulièrement prise en charge par le ministère des participations et de la promotion des investissements. 1.1.1. Conseil du gouvernement : Le conseil du gouvernement, sous la présidence du (l'ex) chef du gouvernement Abdelaziz BELKHADEM, s'est réuni le mercredi 29 dhou El Ki'da 1427 (correspondant au 20 décembre 2006), dans le cadre du développement industriel, pour le traitement du dossier portant sur « stratégie et politique de relance et de développement industriel » (voir le site officiel du ministère des affaires étrangères algérien). Il a examiné deux volets, le premier concerne l'intelligence économique et le développement des industries créatrices de haute valeur ajoutée, et le second est relatif à la place de la ressource humaine en la matière. Le premier élément portant sur l'intelligence économique fut terminé par la définition adoptée par le gouvernement algérien de cette activité d'une part, et par la définition de ses objectifs d'autre part. Elle est considérée comme une activité de «recueil, de l'analyse, du traitement et de la diffusion de l'information pertinente et utile qui contribue à la production des connaissances indispensables à la prise de décision et au pilotage des entreprises constituant le tissu industriel national. Elle s'entende comme une démarche d'anticipation et de projection dans le futur, fondée sur les liens qui unissent les réseaux des entreprises et ceux des opérateurs économiques » (*). Il en ressort que les étapes constituant l'activité d'intelligence adoptée par l'Etat sont les mêmes étapes définies par les spécialistes (théoriciens et praticiens). Il s'agit du cycle de renseignement de l'IE, et du système d'information. Le terme « pertinente » signifie la sélection des données collectées et la définition des informations et des connaissances produites permettant uniquement la prise de décision et le pilotage des entreprises algériennes (standardisation des procédés de production -et du produit- d'information, voir pour cela la mise en place d'un dispositif de veille) ; elle inclut aussi l'aspect anticipation et projection, ce qui permet une activité de prospective ; cette activité doit, selon la définition, relier les réseaux d'entreprises algériennes et les réseaux des opérateurs économiques. Cela signifie que l'approche dépasse le cadre interne à l'entreprise dans la mise en place et l'organisation de l'intelligence économique. D'autre part, elle vise à créer une structure économique algérienne solide basée sur les acteurs économiques et spécifiquement les entreprises, grandes et petites, pour développer leur compétitivité et par conséquent de faire face à la concurrence étrangère, car les économies actuelles, les plus fortes en particulier comme celle des Etats-Unis, sont constituées principalement d'entreprises performantes et vigilantes. Les objectifs de l'intelligence économique tel qu'ils sont définis sur le site du ministère des affaires étrangères et suivant le programme du 06 décembre 2006 sont les suivants : - la diffusion d'une culture de l'intelligence économique qui ambitionne une évolution des comportements individuels et collectifs des acteurs économiques publics et privés, dans une vision collective et pluridisciplinaire ; (*) www.... - la création d'une synergie public-privé et le développement d'une perception nouvelle de leurs relations basées sur la confiance mutuelle, indispensable à l'essor de l'industrie nationale ; - la promotion du développement et la garantie de la sécurité du patrimoine technologique et industriel national par la mise en place de dispositif de veille capable de faire face aux enjeux de l'ouverture du marché national à la concurrence et de décourager les pratiques déloyales des concurrents ; - le développements de la fonction prospective par la mise en système des institutions publiques, des entreprises, des universités, des centres de recherche et des acteurs économiques, à l'effet de cerner les évolutions et de déceler les actions stratégiques à entreprendre sur le moyen et long termes pour l'industrie nationale. En premier lieu, le programme vise à diffuser une culture d'intelligence économique, ce qui signifie que cette activité est nouvelle en Algérie et nécessite une définition auprès des entreprises, des écoles de formation et d'autres établissements, une sensibilisation, une orientation des comportements de ces acteurs jusqu'au point où l'intelligence économique deviendra une habitude où chaque élément sera impliqué. En second lieu, une synergie entre le secteur public et ce privé doit être crée, ce la permet et traduit la volonté de « coopétitivité » entre eux, une concurrence interne mais au service de la lutte contre la concurrence externe. La sécurité du patrimoine technologique et industriel a eu sa place. Ce programme s'intéresse aussi à l'activité prospective (à long et à moyen terme). L'action de l'Etat peut être justifiée en la matière par « Le poids du secteur public dans l'économie nationale ; l'importance de ses structures dans ce domaine, (appareil statistique, ambassades, chambre de commerce,...) ; Son rôle dans la définition des axes prioritaires de développement et par conséquent des action prioritaires d'IE »(*) ; à ces éléments on doit ajouter le soutien de l'Etat (non financier) à ses entreprises à l'instar des pays puissants tel qu'elle est faite par les Etats-Unis et surtout les investissements réalisés au-delà des frontière du pays. Cela peut être difficile pour un pays comme l'Algérie vu sa puissance relativement limitée, mais elle est non moins nécessaire. Le programme en question doit impliquer de nombreuses institutions étatiques, tel que les ministères (Finance, Participation et Promotion des investissements, PME et Artisanat, Commerce, Affaire étrangères,...), DRS, INSEG, Douanes, CNIS, CNES, ANDI, CACI, CAGEX, ALGEX, FGAR,... (*). Cependant, la disponibilité du capital humain spécialisé est primordiale, en plus des formations sur demande suivant les exigences du marchés. Les formations (académiques, enseignement supérieur, formations spécialisées, recyclages,...) sont une conditions de base pour le succès de cette politique. A ce propos, le programme donne une importance particulière à la ressource humaine (pour en savoir plus, consulter l'annexe10, l'article complet publié par le ministère des affaires étrangères). Un colloque international sur la « Gouvernance des institutions et Intelligence économique » avait eu lieu le 14-15 et 16 juins 2008 à l'hôtel Sheraton, organisé par l'université de la formation continue d'Alger (UFC) et sous la haute autorité du président Abdelaziz Bouteflika. Il était consacré à la question d'amélioration de la gouvernance grâce à l'intelligence économique ; les acteurs concernés étaient les grandes entreprises, les PME, les collectivités locales et l'administration publique. Le concept d'intelligence adopté dans ce colloque désigne « l'anticipation et l'ensemble des actions permettant à une organisation d'identifier les raisons d'aller dans telle direction compte tenu des informations et des connaissances en sa possession » (1), la phrase soulignée représente l'objectif d'implantation de l'IE dans une organisation qui est la prise de décision (stratégique). Le colloque revient à la déclaration du conseil du gouvernement (voir supra) comportant la définition et les objectifs de l'intelligence économique mis en relief ; il passe aussi à la définition de la gouvernance, les défis et le rôle de l'intelligence économique. Cela a permis de poser trois questions fondamentales : - Comment l'intelligence économique peut-elle jouer un rôle important dans l'atteinte des critères de bonne gouvernance des institutions publiques ? (2) - Comment les entreprises, totalement concernées par la qualité de leur gouvernance, peuvent également en tirer partie ? - Comment l'intelligence économique peut-elle aider à poser les bonnes questions dans le contexte algérien marqué par une très forte volonté d'évolution et de changement de ses structures administratives et économiques? Nombreux sont les participants ayant intervenu pour répondre à ces questions parmi lesquels citons : Prof BENARAB Abdelkrim (Directeur du laboratoire Economique et Management de l'université de Mentouri de Constantine), Prof FERFRA Yacine (Directeur du CREAD, Centre de Recherche en Economie Appliqué pour le Développement), ROCHDI Mounir (Consultant en veille et l'intelligence économique au Maroc), Prof SAADI Abdeslam (Directeur de l'INC, Institut National de commerce d'Alger), membres du comité scientifique ; BOUGHACHICHE Sebti (Professeur à l'institut national de commerce, INC), BAHLOUL Mohamed (Professeur, Manager de l'IDRH (Human Ressource Development Institut de l'université d'Oran), AKLI Mokrane (Directeur de la stratégie , Algérie Télécom), Alain JUILLET (HRIE, Haut Responsable en charge de l'Intelligence Economique auprès du premier Ministre en France), conférenciers.
Les thèmes traitées (conférences, ateliers) était divers dont fait partie : - « Pour une politique publique d'intelligence économique en Algérie », Abdelhamid TEMMAR, Ministère de l'IPI. - « l'Intelligence économique comme dépassement de la gouvernance », Karim BENKAHLA, Professeur (Tunisie). - « Gouvernance et compétence de l'intelligence économique dans un contexte de changement : le cas de l'entreprise algérienne », Mohamed BAHLOUL. - «Les facteurs critiques de succès pour une formation réussie en intelligence économique. Cas de la formation à l'IE expérience de la PGS/UFC », Francis Moaty, responsable du projet de coopération internationale avec création du diplôme de IIIe cycle à l'UFC d'Alger. - « Gouvernance compétitive des institutions universitaires et de recherche et intelligence économique », Sebti BOUGHACHICHE, membre du CNES, Professeur à l'INC. La journée du 16 juin était consacrée aux solutions et méthodes « Gouvernance et intelligence économique : quel outils et quels usages ? », parmi les entreprises ayant confirmé leur participation nous citons : ISCOPE, PERTIMM, TNS-MEDIA, KNOWING & ALFRESCO, IBM - ARISEM, APISOFT INTERNATIONAL ; le débat était au tour des facteurs critiques de succès de l'utilisation de veille, de capitalisation et d'aide à la décision. Les éléments marquants dans ce colloque et qui ont eu une importance particulière relevés par la presse sont principalement (1) : - « ... l'intelligence économique : les participants soulignent la nécessité de la coopérations et du partenariat avec tous les acteurs » (2) - « l'IE est génératrice de plus de richesses », une intervention faite par Isaad REBRAB, PDG de Cévital, selon lui « L'intelligence économique est génératrice de plus de richesse et d'emplois durables, ce qui contribue de facto, au développement de tout un pays » (3) - « Une direction générale pour l'Intelligence Economique (4). La nouvelle trouvaille de Temmar », le ministre clarifie « Aujourd'hui, il me semble important de créer un haut conseil qui puisse réfléchir sur l'idée de l'intelligence économique et proposer la manière d'organiser les instruments de ce conseil », il déclare que le ton est déjà donné à cette démarche avec la mise en place d'une direction générale de l'intelligence économique et des études en économie qui sera placée sous le contrôle direct du président de la république ou du chef du gouvernement. Cette direction a pour mission de coordonner les activités des institutions et des moyens publiques affectés aux tâches de renseignement économique pour assurer à l'économie du pays les moyens nécessaires à la compétitivité internationale en terme de défense et d'anticipation. Pour cela, il est indispensable que les ministères et les organisations « aient à leur niveau une unité d'intelligence économique » déclare le ministre A. Temmar. Des responsables- relais en IE seront nommés au niveau de différents ministères. A ce propos, le ministre déclare « Ces délégués auront pour mission de confier aux experts extérieurs, des études dès qu'un problème est détecté », une mise en place d'une base de données électroniques comportant des données sur les entreprises exerçant dans le territoire algérien, locales et étrangères, devient obligatoire. Cette activité doit aussi assurer une surveillance de l'environnement régional et mondial, une activité qui ne sera effectivement opérationnelle que si l'on dépasse le stade des notions et des concepts à une véritable implication des volontés individuelles et collectives, une activité qui « se concrétisent par des comportements et des actes de gestion pratiquement quotidiens » (1). De ce qui précède, nous constatons que les autorités s'intéressent à l'intelligence économique notamment que le président va contrôler en personne l'activité de la direction d'intelligence économique prévue, cela démontre la prise de conscience à l'égard des impacts de la mondialisation et ceux de l'adhésion aux organismes internationaux tel que l'UE, et l'OMC plus tard, nos entreprises doivent « s'organiser pour mieux se préparer à la concurrence internationale » affirme-t-il A. Temmar, une concurrence inévitable. En plus du conseil du gouvernement et le ministère de l'industrie, le ministère des PME s'intéresse particulièrement à l'activité de `intelligence économique. 1.1.2. Le ministère des PME et de l'artisanat L'intelligence économique ne concerne pas uniquement les grandes entreprises, elle est aussi utile aux PME. Pour ce faire, le ministère des PME et de l'artisanat se voit concerné par cette activité tout en étant conscient du grand rôle des PME dans le tissu économique algérien. En 2007, et précisément le 8 et le 9 avril, un colloque international fut organisé, sous le haut patronage de son Excellence le ministre des PME et de l'artisanat, sous le thème « Le Benchmark des pratiques et des expériences en Intelligence Economique au service de la performance et de la compétitivité de l'entreprise », les organisateurs, Sofiane SAADI, Directeur de la Société NT2S, Francis MOATY, Professeur et Directeur du mastère spécialisé MISTE-ESIEE et Ammar MAKHLOUFI, Directeur de la Société de Conseils MED- Consult, ont fixé pour objectif de poursuivre les études et les programmes antérieurs (colloque de 2006,...) afin de proposer les outils permettant cette activité. Le colloque s'est focalisé sur la concentration des « réflexions des participants sur ce que peut apporter la gestion stratégique de l'information à la réussite d'une politique technologique et industrielle et en quoi l'action publique dans le champ industriel est nécessaire aujourd'hui » (2). Les questions principales qui ont été posées à ce propos sont: - Comment les enseignements d'un tour du monde des politiques nationales dans ce domaine (usa, Allemagne, japon, canada, Finlande, Irlande, chine...) pour affiner les orientations dans une politique industrielle ? - Comment l'Intelligence Economique détient-elle un rôle essentiel dans la performance globale des entreprises ? - Comment les dispositifs territoriaux peuvent-ils relancer et protéger les entreprises ? - Comment les dispositifs mis en place dans les pôles de compétitivité et par certaines filières peuvent-ils devenir des outils essentiels au service de leurs adhérents et de la compétitivité ? Le colloque passe aussi à la protection des entreprises des pratiques illégales (voir chapitre 2, USA : une politique dynamique et agressive). La question qui fut posée à ce propos concerne la résistance des entreprises à ces pratiques notamment avec le phénomène de la mondialisation et de la concurrence agressive : N'est-il pas temps de leur fournir les moyens juridiques pour ce faire ? Ce colloque s'est focalisé ainsi sur le développement des phases du cycle de renseignement à savoir la collecte, le traitement, le stockage et la diffusion sécurisée de l'information dans le cadre du développement industriel. Différents thèmes ont été traités dont : - « L'IE et les choix du développement technologique et industriel. Politique de l'Etat et entreprise intelligente. » - « Les outils de la performance de l'entreprise. » - « Etude de cas de l'outil de recherche d'information et `analyse iScope- Paris. » - « Les métiers de l'intelligence économique. » - « Les débuts de l'enseignement de l'intelligence économique en Algérie. » - « Mondialisation, hyper- concurrence et émergence de nouveaux acteurs privés, capables de contourner, voire de contester les Etats-Unis. » - « Le développement de la veille et de l'IE dans les entreprises algériennes. » L'activité d'intelligence économique a eu une importance particulière pour les autorités algériennes. Cependant nous devons connaître l'avis et les suggestions des spécialistes en IE entre consultants et chercheurs. 1.2. La conception des spécialistes Afin de mieux apprécier la place qu'occupe l'IE en Algérie, les chercheurs et les praticiens -indépendants- doivent être consultés. 1.2.1. Les praticiens Nous avons choisi de présenter et d'analyser le travail des deux experts déjà identifiés, Nasser BOUYAHIAOUI et Karim HAMADACHE (*) ; l'article fut publié au journal El Watan- supplément économique, lundi 7 janvier 2008 à Alger sous titre « L'Intelligence Economique en Algérie : Au-delà des définitions ». La question principale de ce travail est la suivante : Peut on dépasser le stade des définitions et de l'initiation à l'Intelligence Economique en Algérie pour dégager les termes d'une mise en oeuvre concrète de stratégies, démarches et outils d'Intelligence Economique tant au niveau de l'Etat qu'au niveau des entreprises ? La question posée suppose que les consultants passe aux deux dimension de l'IE en Algérie, celle de l'Etat, ce que nous avons déjà étudié, et celle des entreprises, ce que nous allons étudier dans ce qui suit, dans la présentation de quelques exemples d'entreprises algériennes et dans l'étude empirique (dernière partie de cette recherche). Ils considèrent qu'il y a eu beaucoup de bruit autour du concept [d'intelligence économique] mais très peu d'actions concrètes sont menées. Ces praticiens ont arrivé à dégager deux résultats : - « Au niveau de leadership politique, le gouvernement n'a pas réussi à dégager un plan d'action pour répondre aux prérogatives qui sont les siennes dans ce domaine et rattraper le retard accusé par notre pays en la matière. Le document issu des assises sur la nouvelle stratégie industrielle du pays, qui met l'accent sur le rôle de l'IE, en reste aux voeux pieux et à une série de recommandations vagues. Quant au conseil des ministères consacré à l'IE, il s'est avéré être le meilleur moyen d'expédier le débat sur cette question (le dossier rejoint de ainsi celui de la reforme de l'Etat, de l'IE,...) ; - Au niveau des entreprises, le concept n'a pas suscité d'actions concrètes et les rares tentatives de mise en place de cellules d'IE et de veille stratégiques ont été abandonnées.... ». Les consultants jugent que l'activité d'intelligence économique en Algérie reste dans la phase des concepts et des « voeux pieux » et que les recommandations du leadership politique restent vagues et loin d'être réalisées et que nos entreprises n'ont pas pu l'introduire sauf quelques tentatives de mise en place de cellules d'intelligence et de veille. Ils proposent que la production d'un rapport ne devra pas être une fin en soi, c'est le processus d'évaluation qui demeure important dans la mesure où : - il mobilise les différents acteurs ; - il donne un signal fort de l'engagement de l'Etat ; - il explicite les orientations stratégiques et crée une vision claire ; - il forme (au double sens d'apprentissage et de création) le premier noyau de responsables ; - il stabilise la terminologie du domaine. - Etc. (*) bouyahiaoui@yahoo.com (BOUYAHIAUOI), hhsk81@gmail.com (HAMADACHE). Ils proposent ainsi de décliner l'action de l'Etat du niveau national à celui régional ; l'unité géographique ne peut pas être les wilayas car ça ne donne pas de visibilité suffisante, ni les régions (Est, Ouest, Nord, Sud), la création de pôles de compétitivité et d'excellence devient primordiale pour ce faire -selon eux, et la politique d'IE doit se fixer pour objectifs au niveau de ces pôles : - valoriser les pôles de compétitivité et les rendre plus attractifs grâce à une stratégie d'influence ; - définir les projets stratégiques et coordonner leur mise en oeuvre ; - saisir les opportunités et anticiper les risques liés aux mutations dans l'environnement de chaque pôle. Pour les entreprises, les deux consultants déclarent que la mise en oeuvre d'une démarche d'IE est complexe et nécessite un changement culturel important. Les causes de l'échec de mise en place dans les entreprises algériennes sont essentiellement le caractère « Urgent » de ce projet, et les objectifs immédiats et locaux de cette démarche (*). Parmi les recommandations exprimées citons : - Aligner de la stratégie en matière d'IE sur la stratégie d'entreprise. Cette stratégie doit être comprise par tous les salariés qui doivent comprendre aussi leurs rôles individuellement dans sa réalisation, car l'IE n'est pas une collecte d'information quelconque mais plutôt une démarche qui tend à servir les objectifs de l'entreprise ; - Privilégier les petits projets qui vont dans le sens de la stratégie. [Ils] suscitent l'adhésion des autres salariés et surtout de la direction, ils permettent aussi d'appréhender les difficultés de mise en oeuvre et instaurent une vraie culture de l'IE dans l'entreprise ; - Faire évoluer la politique des ressources humaines en fonction des exigences de la culture de l'IE... - Réorganiser la structure de l'entreprise en décloisonnant les fonctions et réduisant les niveaux hiérarchiques [pour assurer] une meilleur diffusion de l'information [...] Une structure d'IE doit être rattachée directement à la direction avec des représentants dans chaque département ; - Consacrer du temps, des moyens et un budget à l'IE ; - Former sur les nouvelles pratiques et les nouveaux outils. Sans ces conditions, la mise en oeuvre et le succès de l'IE devra être loin notamment que ces entreprises (ayant eu un échec de mise en place de veille) « cultivent le secret, l'individualisme et la culture orale » confirment les auteurs. Ils terminent leur article par conseiller de ne pas courir derrière les grands systèmes informatiques sans appuyer sur l'élément fondamental qu'est la culture d'IE, et que ces derniers peuvent aboutir à un échec rapide, contrairement aux attentes des managers, dans la mesure où ils ne s'accordent plus avec les objectifs attendus de cette activité. Ils mettent l'accent aussi sur la formation en intelligence économique qui demeure un facteur clé de succès à travers les séminaires et des diplômes spécialisées en IE. 1.2.2. Les chercheurs Nous avons choisi en ce qui concerne les chercheurs, un entretient publié (*) réalisé avec Hayat KENDEL, Docteur en Intelligence Economique et veille Technologique de l'Université Paul Cézanne Aix-Marseille III, actuellement attachée d'enseignement et de recherche dans une unité du CNRS de cette université. Elle commence par confirmer le rôle de la veille concurrentielle et technologique dans la survie de l'entreprise en disant « Les veilles, concurrentielle et technologiques, sont donc devenus des instruments de management indispensables à toute entreprise qui veut garder, voire améliorer sa position sur un marché ouvert. ». L'Algérie possède, selon le chercheur, les moyens humains et financier pour développer une stratégie d'IE, mais le problème et qu'on passe directement aux tactiques et aux projets sans avoir élaboré une stratégie et des programmes, cela démontre que l'on s'intéresse à l'opérationnel uniquement alors que celui-ci vient pour réaliser la stratégie, la preuve est qu'il existent des centaines de centres de recherches alors que les résultas acquis sont presque nuls! Que de peu de brevets ! Pour l'intelligence économique en Algérie, l'auteur se réfère au programme de 1991 « Programme pour la promotion de la recherche scientifiques et du développement technologique » qui incitait les entreprises à réaliser leur veille technologique (une composante de l'IE), tandis que l'IE dans son ensemble n'est remis dans son contexte par le gouvernement qu'en 2006 (voit supra). L'Algérie, selon le chercheur, souffre de perte de talents, due principalement à l'écart technologique existant entre les sociétés algériennes et celles des pays développées, ce qui pousse les chercheurs à poursuivre leurs activités à l'étranger, c'est le Knowledge Management (la gestion des connaissances) qui compte. Des pays comme l'Inde ont bien compris ce type de guerre (Talent War), « ...il est entrain de récupérer ses talents de la « silicon valley ». Comment ? Par délocalisation des grands centres de recherches et des entreprises innovantes vers des cieux plus cléments fiscalement et où il ne faut pas 1 à 2 ans pour obtenir un terrain. ». Nous avons présenté dans ce paragraphe ce qu'il faudrait faire pour la mise en place et en oeuvre de l'IE au sein des organismes et des entreprises algériennes entre programmes des autorités et suggestions des consultants, maintenant il est temps d'étudier ce qu'il est réellement fait. (*) S. Boudjemaâ, « Le sort d'une entreprise peut très bien se jouer sur la gestion de sa ressources humaines », El Watan, Economique, du 5 au 11 mai 2008. §2. Les formateurs, les producteurs et les utilisateurs Les producteurs de l'intelligence peuvent être, comme nous l'avons déjà signalé dans la partie théorique, des organismes d'informations ayant pour mission d'assurer l'information nécessaire aux organisations qui en ont besoin, ou des spécialistes assurant la mise en place des systèmes d'intelligence. Les utilisateurs sont les décideurs et les formateurs sont les écoles de formations en intelligence économique. 2.1. Les écoles et les consultants Des formations en intelligence économique ont apparues en Algérie dont la plus importante est le PGS en IE assuré par l'UFC. 2.1.1. Les écoles L'UFC (l`université de formation continue) a introduit l'intelligence économique dans son plan de formation et elle offre, à ce propos, une formation supérieure en intelligence économique sanctionnée par un diplôme de PGS (post graduation spécialisée). Cette formation est destinée notamment aux cadres qui ont des projets à réaliser, et aussi pour les autres personnes qui sont intéressées. Cette formation est venue comme réponse aux exigences de l'environnement actuel et aux besoins des entreprises. Elle traduit également la volonté des autorités algériennes du lancement de cette activité en Algérie dans le cadre du développement industriel et du développement des PME en particulier (1). D'autre institution ont affirmé leur volonté de fournir des formations en intelligence économique. Par exemple, une nouvelle école ouvrira ses portes pour ce type d'enseignement. A ce propos, un article dans le journal l'Horizon en fait mention « celle-ci [l'école] déroulera un programme de formation en la matière [IE] sur 10 semaines, à raison d'une semaine par mois pendant 10 mois, avec 08 semaines de formation en tronc commun et 02 autres en spécialisation pour devenir enseignant en Intelligence économique ou monter une cellule d'IE au sein d'entreprises [...] Ce sont des universitaires algériens, représentés par Zebar Omar, président du Véritable Importantes Personnalités (VIP) » (2). En coopération avec l'Ecole Européenne de l'intelligence économique (EEIE), des professeurs émérites seront appelés, ce qu'a confirmé le directeur de cette école, Benoit de Saint Sernin, à l'occasion des premières assises de l'intelligence économique et de la veille stratégique organisées à l'hôtel de Aurassi. Ses assises visent ainsi à identifier les bases méthodologiques permettant de repérer les pratiques de cette activité. 2.1.2. les consultants En lançant une requête à l'aide de Google.com, on a découvert que le nombre des entreprises de conseil en IE, en Algérie, est très restreint. Il existe néanmoins deux entreprises que nous allons présenter. La première entreprise est celle baptisée Groupe Hasnaoui, spécialisée en intelligence économique en Algérie. Ce groupe a réalisé un contrat de partenariat avec l'entreprise LexisNexis (1) (Network solution) en profitant de l'occasion du colloque international d'IE qui a eu lieu le 8 et le 9 avril 2007 à de l'Hôtel AURASSI en Algérie (2). Ce contrat permet de fournir aux administrations et aux entreprises une assistance en intelligence économique adaptée à leurs besoins, à savoir la collecte, le traitement et l'analyse d'un nombre important de documents structurés et non structurés issues de l'Internet et dans toutes les langues, ce qui permet de faire gagner à ces organismes environ 80% du temps consacré à cette activité. A ce propos, le directeur du développement des systèmes d'information et de télécommunication de Htelecom dit « providing economic intelligence in Algeria is important, [...] the purpose is to collecte, filter ans synthesize information for our clients on a specific topic. » (2). Les solutions proposées prennent le nos « council LNIS+ », le groupe Hasnaoui a aussi pour activité la télécommunication, la téléphonie via IP et les solutions Internet,... La deuxième société est B.M.G.I International, sise à Alger (2). Elle est spécialisée dans la veille informationnelle (nouveau concept de veille stratégique) et propose, via ses savoirs faire dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, aux entreprises des services leur permettant de prévoir les marchés, cerner les besoins potentiels, identifier les innovations technologiques, anticiper les modifications et les comportements des acteurs économiques, politiques et sociaux. Elle considère la veille informationnelle comme un système d'aide à la décision, suivant une publicité. Sur son site officiel (2), cette entreprise déclare « Notre matière première est l'information de l'environnement économique en Algérie. Ces informations vitales à la réussite de vos projets seront mises à votre disposition. L'analyse des différentes facettes de l'environnement économique vous permettra également de développer la pro-activité et de vous préparer au mieux pour faire face à la concurrence ». La veille informationnelle de cette entreprise à pour objet de (1) : - Superviser des domaines d'activité des abonnés. - Surveiller des concurrents et des nouveaux entrants sur le marché. - Suivi régulier de l'environnement informationnel. - Prestation personnalisée, à la demande du client. Les tarifs sont très modestes et à la porté de touts le monde (voir annexe11, demande de devis, étude et veille d'information): Tarif des abonnements par sous-rubrique et par secteur d'activité (1)
2.2. Les entreprises La notion de veille a été introduite au sein de nombreuses entreprises Algériennes et les entreprises Etatiques en particulier parmi lesquelles citons SONATRACH, SAÏDAL, SONELGAZ, ALGERIE TELECOM,...On s'attardera plus longtemps sur cette entreprise. 2.2.1. Présentation de l'IE chez les entreprises algériennes Chez SAÏDAL, l'activité de veille a été connue depuis quelques années, le processus de veille stratégique a été mise en place afin de suivre les évolutions des grandes firmes internationales dans le secteur de l'industrie pharmaceutique. Une base de donnée a été constituée regroupant les vingt premières entreprises ce qui correspond à l'activité de Benchmarking (3). L'entreprise SONATRACH a aussi compris la nécessité de cette activité. Un brainstorming présidé par le PDG de la société a eu lieu le 15 juillet 2008 et a porté sur les raison d'être d'une activité de veille au sein de cette entreprise, les méthodes et les facteurs de succès pour en assurer la réussite, et la pertinence tout en prenant en considération les spécificités de l'entreprises et du secteur des hydrocarbures. En particulier, le PDG de l'entreprise déclare : « ce brainstorming constitue un espace de réflexion pour nos cadres sur la veille stratégique au sein de Sonatrach, outil essentiel du pilotage de toute compagnie dans un environnement de plus en plus concurrentiel » (1). La concurrence concerne actuellement l'environnement international où l'entreprise est implantée, soit quinze (15) pays, selon le PDG. Il précise aussi que l'activité de veille vise principalement à saisir les nouvelles opportunités en terme de d'investissement sur les marchés à fort potentiel sur les nouvelles activités. NAFTAL (4), distributeur des produits pétroliers, doit aussi avoir cette activité, elle a pour objet de réaliser les objectifs de l'entreprises (jusqu'à l'année 2010) étant essentiellement : - l'accroissement de l'offre, - la modernisation du réseau des stations-service et augmentation de son attractivité, - amélioration de la qualité des produits bitumineux, - approvisionnement à l'intérieur et à l'étranger en produits pétroliers pour satisfaire les exigences du marché, - adaptation de l'organisation de l'entreprise aux standards internationaux, - accroissement des capacités managériales de NAFTAL, - développement du savoir faire du personne, - recrutement de cadres à haut potentiel, - rénovation, modernisation et extension des installations de stockage, de distribution et de ventes, - développements des systèmes d'informations, - application de la réglementation en matière de commercialisation des produits pétroliers, - maîtriser les outils de gestion financière et comptable, - accroissement de la notoriété et de NAFTAL. On constate que les différents éléments du plan reflètent les différents types de veille à savoir la veille marketing et commerciale, la veille technologique, la veille fournisseur, la veille management, la veille sociale. Une étude d'intelligence économique d'une entreprise nationale nous semble nécessaire afin de mieux préciser cet aspect et de connaître comment cela se passe de manière opérationnelle. Nous avons choisi de nous intéresser à Algérie Télécom. 2.2.2. Algérie Télécom Algérie Télécom est une Entreprise Publique Economique (EPE), érigée en société par action (SPA) à partir du 11/05/2002. Elle créée en fait de l'ancien organisme administratif appartenant à l'ex-ministère des postes et des télécommunications. Actuellement, son capital sociale s'éleve à 50 milliards de dinars. Elle à pour mission la « Production, exploitation, commerce en gros et détail, imports et exports, réparation, service après vente, montage et maintenance par toutes les structures et antennes dont elle dispose sur toute l'étendue du territoire national des équipements, produits, accessoires, pièces de rechange et consommables liés au domaine des télécommunications, communications, téléphonie, téléphone portable, exploitation des services Internet et généralement toutes les activités en relation avec les réseaux et services des communications électroniques.»(*) La modification des statuts constitutifs fut débutée par le remplacement du conseil de contrôle et du conseil des directeurs (Directoire) le 14/02/2002 par un conseil d'administration dont le président et le PDG de la société. Le début d'activité fut le 01/01/2003 ; cette entreprise est régie par le cadre juridique suivant : - le Code de commerce modifié et complété, - l'ordonnance n° 01/04 du 20 août 2001 relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques, - la loi n° 03/2000 du 05 août 2000 fixant les règles générales relatives aux postes et aux télécommunications, - les dispositions des statuts d'Algérie Télécom, Le ministre des PTIC exerce sa pleine autorité sur les assemblés générales conformément aux prescriptions des éléments déjà cités et aux résolutions prises par le Conseil National de Participation de l'Etat (procès verbal de réunion tenue le 01 mars 2001) ; l'assemblé générale est «...l'organe délibérant et souverain du droit de propriétédes actions de l'EPE et à ce titre, détermine, par ses décisions et dans les formes prescrites par la loi, toutes conditions jugées en adéquation avec l'intérêt de l'entreprise. » (1). L'entreprise gère actuellement 2.922.733 client possédant des lignes fixes et 9 millions ayant des lignes portables (Mobilis), soit un total de 11.922.733 clients sur le territoire national, 216.460 lignes Kiosques Multiservice et taxiphones et 150000 abonnées d'Internet haut débit (ADSL) (2). Elle classe ses clients en fonction de l'usage des services acquis, la Catégorie ordinaire pour les clients ayant un usage ordinaire des services, la Catégorie Commerciale pour les clients ayant un usage commercial comme les Kiosques Multiservices, les taxi phones et les cybercafés, et en fonction de la nature du client (entreprise, administration,...), la Catégorie grand compte pour les grandes entreprises et les administrations publiques (ministères, Daïra, APC,...). L'organigramme de la société mis en annexe12 montre qu'il y a deux divisions regroupant un ensemble de directions de fonctions diverses Ce sont la division technique et la division commerciale On constate aussi que le groupe comporte trois filiales, Mobilis pour la téléphonie portable, Djaweb pour l'Internet et Algérie Télécom satellite. Quant à l'organisation hiérarchique, on distingue quatre niveaux principaux : la direction générale, la direction territoriale de Télécom (la DTT), l'unité opérationnelle de télécommunication (l'UOT) et l'agence commerciale de Télécommunication (l'ACTEL) :
DICTEL1 DICTEL2 DG
DTT2 DTT1 N2 N1 13 DTT 48 UOT UOT2 UOT1 N3 166 Actel N4 ACTEL ACTEL Organigramme d'Algérie Télécom simplifié Certaines ACTELS comportent des divisions dites DICTEL. Somme toute, ce type d'hiérarchie paraît un peu lourd. En respectant la hiérarchie, des risques de déformation de l'information apparaissent et beaucoup du temps peut être consommé. En fait, tant que l'organigramme soit plus simple et ne comportant pas beaucoup de niveaux hiérarchiques, la communication devienne plus aisée et plus rapide (information ascendante et descendante), ce qui favorise une culture de veille stratégique. Organigramme avec un seul niveau intermédiaire Unité DG Actel 1 Unité Actel 2 Information Information
L'activité de veille de l'entreprise Algérie Télécom est assurée par une direction dite Direction de Stratégie et Veille Technologique (DSVT) qui a été installée en mai 2005 (*). Elle se compose de trois personnes, un documentaliste, un ingénieur en recherches opérationnelles qui s'occupe de développer les services de veille, et d'une personne en charge des relations extérieures (*). Ce nombre semble très limité si l'on sait qu'une cellule de veille d'une taille comparable à) AT contient une quinzaine de personnes. Cette cellule a pour mission, normalement, de fournir les informations aux dirigeants afin de prendre des décisions stratégiques, est-il le cas ? En visitant le site officiel d'AT on trouve une rubrique spéciale pour cette direction appelée veille technologique, on y trouve aussi des informations diverses concernant spécialement les télécommunications, et les règlements régissant le secteur. La rubrique permet également un contact avec la direction (voir cite AT, NEWS| LETTER| ALGERIETELECOM|). Les éléments pouvant être trouvés dans la rubrique de la veille sont : - Réseau & Télécom - Réseaux sans fil - Mobile - Internet - Evénements - Réglementation - Actualité - ... Pour plus de détails on pourra consulter le lien www.algerietelecom.dz/veilletech. Les activités de cette direction en terme de conférences, séminaires et colloques ne sont pas actualisées et correspondent à l'année de fondation 2005, on y trouve : - Un séminaire sur la veille stratégique : mise en oeuvre et valorisation de la veille stratégique en entreprise (un appel à la communication), il porte sur les thème de la démarche pour la mise en place d'un dispositif de veille, les sources d'information à utiliser, les différents outils de veille, la diffusion de l'information stratégique, l'apport des réseaux d'experts, la protection des données et des savoirs, le concept de l'IE (mai 2005) ; - Un programme du colloque sur la veille stratégique en entreprises (18 juin 2005) - Un document préparé par le conseiller d'Algérie Télécom le Dr. AMEROUALI Youcef intitulé « Démarche d'ensemble pour la mise en place d'un dispositif de veille stratégique en entreprise », ce dernier demeure un document théorique, publié sur le site, qui ne passe pas aux spécificités de l'entreprise AT ni à la manière de la réaliser, il passe à la définition de la veille, les types de veille, l'information, et partiellement à la cellule de veille d'AT en s'exprimant « Cette équipe [l'équipe de la cellule déjà définie] donne lieu à des synthèses ponctuelles et à des diffusions sur le site web d'Algérie télécom d'un bulletin électronique de veille hebdomadaire. Un sommaire de ce bulletin est envoyé chaque semaine dans les boites électroniques de l'ensemble des cadres de l'entreprise ». Il continue de dire que « des profils d'utilisateurs seront crées pour permettre aux employés de recevoir des alertes ou des news hebdomadaires » ...ces profils ne sont pas encore crées (2009). En réalité, les décisions stratégiques (au moins les plus importantes) sont prises par le ministère de la poste et des technologies de l'information et de communication (PTIC) et plus haut par le chef du gouvernement, voire par le président de la république dont la décision la plus importante est celle de l'ouverture du capital de la société aux investisseurs étrangers. De nombreuses déclarations ont été exprimées à ce propos par différents ministres et chefs de gouvernements, c'était prévu de la réaliser en mois de juillet passé, selon la déclaration de l'ex-ministre Boudjemaa Haîchour mais ça na pas était fait ; même le ministère des participations et de l'industrie avait participé. Une telle décision n'est pas dans les prérogatives des dirigeants de l'entreprise, y compris son PDG (même si les données collectées par la cellule de veille la favorise) vu que l'Etat est majoritaire dans le capital de l'entreprise, donc seul décideur de l'ouverture qui est liée au président de la république. Nous rappelons ici que les assemblées générales sont toutes sous l'autorité du ministre de PTIC, et que cette entreprise est régie par un cadre juridique obviant le code de commerce, des ordonnances et des instructions ministérielles. Voici quelques décisions stratégiques prises par les autorités algériennes pour AT: - La décision de réduire les prix d'Internet en 2008 de 50 % ; - La décision de recrutement de nouveaux cadres (licenciés et ingénieurs) dans le cadre du redressement des entreprises publiques ; - La décision d'introduire l'Internet, la visiophonie,... - La décision d'augmentation du salaire des employés suivant l'augmentation décidée pour la plupart des secteurs et en particulier celui de la fonction publique ; De ce qui précède, nous constatons que la cellule de veille d'AT possède un rôle limité dans la confection des décisions stratégiques, d'autant plus qu'une cellule de veille technologique existe au niveau du ministère des PTIC. Cette cellule devrait être normalement liée aux niveaux hiérarchiques inférieurs et spécifiquement les ACTEL étant sur le terrain, l'organisation de cette relation peut être de la façon suivante : Remettant en cause l'Organigramme avec un seul niveau intermédiaire proposé, en mettant en évidence les relations de veille pouvant existées, nous auront le schéma : DG Unité Traitement intermédiaire ACTEL aire Relation de veille d'AT : Actel et direction générale Les parties de cette relation sont la direction générale, les Actels et la structure intermédiaire, elle se base sur la communication des données diverses. L'Actel est la base de l'activité de veille, rappelons du processus d'intelligence économique présenté dans l'élément de mise en place (chapitre 2, section2, Competitive intelligence system in operation) que les « sales personnel » représentent des radars étant à la base du processus, ce qui met l'accent sur le rôle des Actels dans le processus de veille d'AT, ces dernières peuvent être chargées de la collecte des données sur deux éléments, les clients (veille commerciale) et les concurrents (veille concurrentielle) ; la veille commerciale permettra de connaître les besoins des clients et leur évolution, leurs propositions et leurs attentes, ce qu'il pensent en terme de concurrence (ce qu'il les attire et ne les attire pas), ... ; la veille concurrentielle permet de suivre le comportement des concurrents sur le terrain, les nouveautés, les offres,... afin de pouvoir prendre les décisions nécessaires et prévoir leur actions futures. Des formulaires standardisés produits au niveau de la cellule de veille en fonction des besoins identifiés, comme ceux déjà traités dans la partie théorique et qui sont mis en annexe (voir annexe8, exemple de formulaire pour les informations) doivent être mis à la disposition des agences qui doivent les remplir (en permanence) et les envoyer à la structure intermédiaire. Cette dernière doit les traiter et les synthétiser afin de réduire le volume d'informations collectées et les rendre plus « qualitatives », elle doit également les communiquer à la cellule de veille stratégique (DG) qui va, à son tour, procéder à un traitement spécifique selon les besoins des dirigeants (des logiciels et progiciels peuvent être utilisés pour systématiser et accélérer l'opération) et en permanence aussi. Le produit (information product) sera des informations qualitatives, synthétisées (voir chapitre 1, section1, information stratégiques) permettant de prendre des décisions stratégiques. Les décision seront transmises à la structure intermédiaire qui va les détailler, quantifier, les traduire en objectifs opérationnels et les communiquer aux Actels pour exécutions ; le processus traduisant cette relation devra avoir le caractère permanent (cela peut donner l'impression d'une décentralisation pour les structures intermédiaires qui peuvent être les DTT). Cette activité, permanente et organisée, permettra d'éviter de grandes menaces et de profiter des opportunités de l'environnement tout en détectant les signaux -faibles en particulier- en temps opportun et les communiquer à la personne qu'il faut. Pour l'illustrer, nous citons l'exemple où cette société a perdu un nombre de clients important, l'information qui était rapportée par la presse écrite (journaux) ; l'entrée de l'opérateur Djezzy (groupe Orascom Télécom) et l'investissement dans les taxiphones -OTAxiphone- a fait perdre à Algérie Télécom un nombre très important de Kiosques Multiservices ; cela est peut être du à l'absence ou à l'insuffisance des données concernant l'activité du concurrent en la matière et ses tendances futures, ses prix ont été affichés, les kiosques d'AT ont été consultés (nous remarquons que les kiosques d'AT possèdent des lignes OTAxiphone), le nombre se réduit continuellement,... ce sont des signaux signifiant quelques choses, mais leur nombre se réduit toujours. Il fallait peut être dans ce cas examiner deux éléments, les actions du concurrents (prix, qualité,...) d'une part, les besoins et les propositions des clients KMS d'autre part. Les prix des communications vers le mobile à partir du fixe, le flexy, les promotions des opérateurs du mobile ont été les causes majeurs, connaître ceci et dans les moments sensibles aurait pu modifier les tendances de ce marché (travaillant pour le futur tout en agissant sur le présent), AT pouvait par exemple offrir des lignes Mobilis pour les KMS afin de réduire les prix vers le mobile, permettre à ses clients de vendre des cartes Mobilis et ses services,... Il se peut que le concurrent réalisait cette opération de veille où il a bien saisi les besoins du marché (dans la période du déclin) et réagissait en prenant les mesures nécessaires. C'est en fait une relation horizontale (non - hiérarchique) entre le sommet, représenté par la cellule de veille, et la base comportant l'ensemble des Actels qui constitue la route fondamentale transmettant une image, voire une vidéo réelle aux décideurs de la société. Algérie Télécom, Saîdal ou autres entreprises, petites, moyennes ou grandes, quelque soit le secteur d'activité -constituant un acteur principal dans le développement de l'économie du pays, doit disposer d'un système d'intelligence économique efficace permettant de prendre des décisions pertinentes, au niveau locale ou au niveau international. Dans ce chapitre, nous somme passés aux pratiques de l'IE à l'international où des modèles et des outils, des données diverses concernant le temps et les budgets consacrés à cette activité et des cas pratiques ont été présentés, et au niveau local en passant à des dimensions diverses, des autorités aux entreprises passant par les écoles, les consultants et les chercheurs. Cependant, une étude sur terrain doit être effectuée afin de connaître réellement l'utilisation de cette activité par les entreprises algériennes. |
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