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La lutte contre l'enrichissement illicite

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par Marc Stéphane José MGBA NDJIE
Université de Yaoundé II-Soa (Cameroun). - D.E.A 2008
  

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SECTION II : LA COOPERATION AU PLAN INTERNATIONAL

116. L'enrichissement illicite peut avoir des répercussions sur la scène internationale. « Une action internationale concertée peut enrayer ce fléau, véritable menace pour la stabilité des institutions démocratiques et pour un développement économique sain »114. Cette coopération serait donc manifeste (I) et aurait des conséquences (II) dans le cadre de la lutte contre l'enrichissement illicite.

Paragraphe 1 La coopération manifeste

117. La coopération est visible tant sur le plan financier (A) que dans une perspective judiciaire (B). Ces deux aspects expliquent la collaboration au plan international.

A. La coopération financière internationale

118. Les organismes financiers se renseignent (1) et s'engagent à lever les divers obstacles liés à la coopération (2).

1. Les renseignements

119. Un organisme financier peut demander des informations à un autre se trouvant dans un Etat étranger (a). Ou alors être saisi par l'institution de cet Etat étranger (b).

a. La demande d'information

120. L'article 48 de la Convention des Nations Unies contre la corruption vise le renforcement des voies de communication afin de faciliter l'échange rapide et sûr d'informations concernant l'enrichissement illicite. Cela serait normal pour une économie dite de marché car les divers acteurs seraient guidés par les mêmes lois115. On aurait donc évité ici des cas d'enrichissement illicite si un individu sait que quelque soit le lieu où il ira déposer son argent acquis illicitement, la supercherie sera détectée. Ceci parce que la banque pourra demander des informations soit à une autre banque étrangère, soit en informer les autorités spécialisées. On trouverait ici la volonté des instances nationales compétentes d'agir même au-delà des frontières pour s'assurer que les camerounais ne seraient auteurs d'enrichissement illicite. La détection a ici un rôle dissuasif et préventif en ce sens que les assujettis, sachant qu'on pourrait suivre leurs transactions au-delà de nos frontières, vont éviter de se créer des ennuis. Encore que la demande d'informations ne limite pas les prérogatives des institutions qui peuvent se saisir proprio mutu.

b. L'auto saisine

121. Une institution pourrait elle-même se saisir d'une affaire (transaction) jugée douteuse. Ici, le montant, l'identité des personnes (bénéficiaires et expéditeurs) veut guider l'institution qui pourra refuser d'accepter la transaction ou alors des informations complémentaires plus claires. On pourrait ici voir l'importance de la coopération conformer. Nous devons ajouter que parce qu'elle est conventionnelle cette coopération serait obligatoire. Les Etats auraient donc négocié et signé ce traité. Son adoption en droit interne, sous réserve de la réciprocité devrait permettre à ce que la coopération devienne obligatoire 117. Surtout que plusieurs obstacles visibles pouvant nuire à la lutte contre l'acquisition illicite des biens sont levés.

2. La levée des obstacles

122. L'identité des personnes effectuant les transactions (a) ainsi que le secret bancaire (b) ne sont plus des obstacles à la coopération internationale.

a. L'identité des personnes

123. Les personnes intervenantes dans le cadre de la transaction doivent être connues. Ceci pour que leur Etat d'origine se rassure de la finalité de l'origine de la source, pour que l'Etat qui contrôle la transaction s'assure des finalités de celle-ci. On pourrait alors détecter un assujetti à la déclaration des biens et avoirs qui auraient soit dissimulé des fonds, soit menti sur ses avoirs à l'étranger. Les personnes intermédiaires devraient révéler leur identité comme celles des personnes représentées. La coopération aurait donc permis de dévoiler les individus voulant expatrier leurs fonds. On s'assurerait de la fiabilité des identités auprès des instances compétentes du pays des mis en cause. L'objectif de détection serait atteint car le secret bancaire n'est plus un obstacle.

b. Le secret bancaire

124. L'article 40 de la Convention des Nations Unies dispose que : « Chaque Etat partie veille en cas d'enquêtes judiciaires nationales sur des infractions établies conformément à la présente Convention, à ce qu'il y'ait dans son système juridique interne des mécanismes appropriés pour surmonter les obstacles qui peuvent résulter de l'application des lois sur le secret bancaire ». Ici on pourrait voir une volonté inter étatique de se prêter main forte pour parvenir à vaincre le phénomène. Chacun apporterait donc son concours pour y parvenir. Cet article met en exergue la coopération visible sur le plan judiciaire.

B. La coopération dans une perspective judiciaire

125. L'extradition (1) et l'entraide judiciaire (2) peuvent être des moyens pour dissuader les divers cas d'enrichissement illicite.

1. L'extradition

126. Nous nous attarderons ici sur l'article 44 de la Constitution des Nations Unies sur la corruption. L'alinéa 1 pose le principe de la double incrimination comme condition. L'alinéa 2 permet à un Etat d'accorder l'extradition pour enrichissement illicite alors que son droit interne ne permet pas la punition dudit acte. Pour se limiter à ses deux alinéas, 118 nous voyons que tout est mis en oeuvre pour que les enrichis illicitement soient extradés. Il y'aurait là une limitation des cas d'enrichissement illicite précédée par la détection.

Un individu n'irait donc plus se cacher dans un Etat qui ne punirait pas (tant en tant qu'infraction ou par l'absence de sanctions) car il serait pris. Il éviterait donc en quelque endroit que ce soit de commettre l'enrichissement illicite.

127. La coopération devrait en effet être intéressante puisque l'enrichissement illicite serait une infraction de droit commun. Un individu se saurait se cacher derrière un motif politique ou un mobile politique pour constater la procédure d'extradition. Ce qui serait difficile parce que dans les Etats en développement les individus qui s'enrichissent illicitement sont souvent de mèche avec le pouvoir politique qui les laisse utiliser leurs avoirs (indépendamment de leur source) à leur guise. Mais lorsqu'ils ne servent plus les intérêts du pouvoir en place, ou quand ces personnalités désirent aspirer à la magistrature suprême, on ressort des éventuels cas d'enrichissement illicite pour leur nuire. C'est ce qui a été constaté dans une espèce au Salvador ou un homme qui a dirigé une société parapublique pendant huit (08) huit ans a été accusé pour enrichissement illicite lorsqu'il voulait se présenter à l'élection présidentielle.119

Il faudrait donc aux autorités nationales d'afficher une volonté réelle de combattre le phénomène, indépendamment des affinités et des intérêts privés, égoïste contraires au développement de l'Etat.

On aurait donc limité les cas car détectés, tous les individus seraient extradés, surtout que l'entraide judiciaire vient au secours des défenseurs de la saine économie.

2. L'entraide judicaire

128. L'article 46 alinéa 1 dispose que « les Etats partis s'accordent Mutuellement l'entraide judiciaire la plus large possible lors des enquêtes, poursuites et procédures concernant les infractions visés par la présente convention ». Cette disposition laconique permet de voir que la coopération au plan international permettait d'éradiquer les cas d'enrichissement illicite. Cet article nous amène à voir que les témoignages et dispositions seront recueillis, 120 à signifier des actes judiciaires, 121 fournir des informations, des pièces à conviction.... 122

Nous pensons dans ce cas que les autorités d'un Etat doivent donner les informations nécessaires à un autre Etat dans lequel une procédure judiciaire serait en cours. Cela permettrait de rassembler les preuves, contrôler l'exactitude des déclarations et la fiabilité des fournies. On ne peut qu'y voir la manifestation de la vérité. La justice pourrait être rendue en toute quiétude. Nous ne pouvons que souhaiter une collaboration véritable, consensuelle et consciencieuse.

Toutes ces différentes actions mettent en lumière l'avantage qu'on les Etats de coopérer, surtout que les conséquences en sont ressenties.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore