III - Agriculture, commerce, hôtellerie.
L'agriculture, déclinante, offre néanmoins des
emplois aux immigrés allemands et alsaciens98. Elle subit
à la fin du XIXe siècle l'écrasante concurrence de
l'industrie et entre 1880 et 1900, elle est secouée par des crises
profondes. La ville séduit davantage la jeunesse
campagnarde99. La courbe de l'exode rural se stabilise vers 1900
avec l'obtention d'un certain équilibre. A la veille de la guerre, la
petite et la moyenne propriétés prédominent toujours dans
les Vosges. L'exploitation agricole vosgienne reste de surface modeste,
à main-d'oeuvre strictement familiale ou n'employant qu'un ou deux
salariés. En ce qui concerne les exploitations agricoles appartenant
à des Français, mais exploitées par des étrangers,
fermiers ou métayers, on n'en connaît que très peu dans
l'agglomération d'Epinal et il n'en existe que dans les commune
suivantes : les Voivres (une famille allemande), Damas-aux-Bois, Girancourt,
Moriville, Jeanménil, La chapelle aux bois et Hardancourt. Dans
l'arrondissement de Neufchâteau, la famille Thomas, Allemande, exploite
à Avranville, une propriété d'environ 150 hectares. Cette
famille, originaire de Saint-Jean-deBassel, arrondissement de Sarrebourg,
comprend 9 personnes : le père, 50 ans ; la mère, 51 ans ; et 7
enfants, notamment 2 fils de 27 et 22 ans. Enfin, à Bulgnéville,
M. Roppeneek, Allemand, possède maisons et serres,
propriétés rurale de 5,94 et 48 hectares acquises fin XIXe
siècle100.
Dans les Vosges, le commerce fait les mêmes
progrès que dans le reste de la France101. Le commerce
vosgien en expansion se trouve épaulé par une forte organisation
bancaire102. Le Comptoir d'escomptes de Mulhouse a 4 succursales
dans l'arrondissement de Remiremont : à Remiremont, Cornimont,
Plombières et Le Thillot. Elles comptent 10 à 15 employés
environ, tous Français. La Banque de Mulhouse est la banque la plus
ancienne de l'Alsace et la succursale d'Epinal n'a été
créée qu'après l'annexion de 1871 lorsque la plupart des
industriels alsaciens sont venus à Epinal et dans la région,
installer leurs usines. Tout le personnel de la succursale est français,
et jamais aucun étranger, même alsacien, n'y a été
employé.
Dans l'agglomération d'Epinal, dans les hôtels de
ville, la presque totalité des sommeliers employés sont de
nationalité allemande ou suisse ; quant au commerce des fruits et
primeurs, il est accaparé par des Espagnols. Ce sont les hôtels de
Vittel et Contrexéville, ouverts seulement durant la saison
d'été avec le succès grandissant des stations thermales,
qui occupent le plus d'étrangers. Presque tout le personnel de ces
établissements, est composé d'Allemands, de Suisses et
d'Autrichiens103.
98 J.-P. Claudel, op. cit., pp. 114-115.
99 Ibid.
100 A.D.V., 4 M 424.
101 J.-P. Claudel, op. cit., pp. 134-135.
102 Ibid.
103 A.D.V., 8 M 189, op. cit.
|