II - Autres industries.
Dans les années précédent la guerre,
d'autres industries traditionnelles des Vosges emploient les Allemands et les
Alsaciens en résidence.
Tout d'abord, l'exploitation des richesses naturelles fait
travailler un certain nombre d'étrangers et d'Allemands dans les Vosges.
Le département se partage avec la Meuse les principales carrières
lorraines84. Les carrières de granit, de grès et de
calcaire vosgiennes, emploient un certain nombre de carriers et tailleurs de
pierre étrangers dont plusieurs Allemands et Alsaciens-Lorrains, telles
les carrières de pierres à meules de Bains-les-Bains et Fontenoy
le Château ou la carrière de Bruyères85. Le
granit vosgien donne d'excellents matériaux d'empierrement, des
pavés, des bordures de trottoirs, des pierres de taille, des blocs pour
monuments86. Quant au grès vosgien, facile à
travailler, il donne une belle pierre de construction résistante.
L'exploitation de ces carrières appartient à quelques grandes
sociétés, comme la Société des Granits
porphyroïdes des Vosges qui employait un Alsacien au Syndicat et deux
Allemands à Saulxures. Par ailleurs, cinq Allemands travaillent à
la raffinerie de pétrole Fenaille et Despéaux de Girancourt.
Pour sa part, l'industrie des papiers et cartons est fort
ancienne dans les Vosges87. Le département possède
toujours en 1912 les papeteries les plus nombreuses et les plus
importantes88. Au nombre des plus performantes figurent celles de
Docelles qui emploie 4 Allemands sur plus de 300 ouvriers. Arches et Archettes
possédaient une fabrique de papier timbré, unique
établissement du genre en France (Perrigot-Mazure). Arches avait
conservé des cuves où l'on fabriquait encore du papier avec des
chiffons et employait quelques Allemands89.
Dans le secteur du verre, le département ne
possède plus que deux établissements importants: celui de
Portieux et celui de Clairey, commune d'Hennezel. Derniers représentants
d'un secteur économique autrefois florissant, ils ont pu survivre
grâce à l'amélioration des procédés de
fabrication. La verrerie de Portieux a fini par se spécialiser dans les
verres à boire. Elle emploie 800 salariés avant
191490. Une quinzaine de familles alsaciennes y sont occupées
à demeure. Elles ont été recrutées par la
direction, dans le quadrilatère alsacien-lorrain formé par
SarrebourgSaverne-Dabo-Abreschwiller, dans lequel se trouve l'usine de
Vallerystahl, annexée depuis 1870- 71, et dépendant du même
conseil d'administration que la verrerie de Portieux91.
84 F. Roth, op. cit., pp. 211-230 , « l'industrie
de la pierre ».
85 A.D.V., 8 M 189, op. cit., situation
professionnelle.
86 J.-P. Claudel, op. cit., pp. 80-120.
87 F. Roth, op. cit., pp. 211-230, « industrie
des papiers et cartons ».
88 J.-P. Claudel, op. cit., pp. 80-120.
89 A.D.V., 8 M 189, op. cit.
90 F. Roth, op. cit., pp. 211-230, « industrie du
verre et du cristal ».
91 A.D.V., 8 M 189, op. cit.
La grande verrerie mécanique de Gironcourt-sur-Vraine,
créée en 1900 le long du chemin de fer
Mirecourt-Neufchâteau, occupe des étrangers au nombre de 18, dont
13 Allemands, tous en qualité d'ouvriers verriers. Ils sont
recrutés directement sans aucun intermédiaire. Les bouteilles
produites en grandes séries sont utilisées par les sources d'eau
minérale de Contrexéville et de Vittel92.
Enfin, on trouve quelques Allemands dans les métiers de
la forêt et du bois (fabrique de meubles Taule à Arches), à
l'imagerie d'Epinal en tant qu'enlumineurs saisonniers ou à la
société de faïencerie de G. Poix à
Rambervillers93.
Face à ces industries traditionnelles, d'autres se
développent et emploient de la main-d'oeuvre étrangère.
Occupant une place importante dans la grande industrie vosgienne, la
métallurgie emploie vers 1910 58 000 ouvriers et compte de nombreux
établissements dans le sud du département notamment. Les
fonderies, manufactures de Bains, clouteries emploient alors quelques
Allemands94. La fonderie Althoffer de Remiremont compte
également trois Allemands.
Les anciennes industries de l'alimentation directement
liées à l'agriculture et la nature sont peu nombreuses, peu
diversifiées, et n'emploient que très peu de main-d'oeuvre
étrangère. La brasserie cependant fait exception qui compte les
plus grosses usines de la branche alimentaire : en 1893 on dénombre 20
établissements dans les Vosges. Celles de Fontenoy-le-château
(brasserie Lemaire), Bruyères (brasserie Bexon) et Xertigny (brasserie
Trivier Champion et Cie) emploient chacune quelques Allemands. Contrairement
aux régions de l'ouest, la Lorraine a peu de fabrication de beurre en
production principale95. Le lait ne s'y prête guère,
trop pauvre en matière grasse. Les fromageries l'emportent donc dans les
Vosges : c'est le cinquième département fromager de France, avec
55 laiteries-fromageries dans les Vosges. A Nomexy la fabrique de briques et
laitiers Renaud et Cie employait un certain nombre d'Allemands96.
Enfin, d'autres petites industries emploient, en 1912, les
Allemands et Alsaciens-Lorrains résidant dans les Vosges. Dans
l'agglomération d'Epinal, Chantraine, Golbey et Saint-Laurent, il s'agit
de la fabrique de chapeaux de paille Kampmann et Cie, de la glucoserie Tschupp
et Cie, de trois fonderies, de la fabrique de draps de laine Pierson et Cie,
des industries d'imprimerie lithographie, des constructions mécaniques
(exemple : Singrüunn et Cie) ou des fabriques d'ustensiles de
ménage97.
92 A.D.V., 8 M 189, op. cit., situation
professionnelle.
93 Ibid.
94 J.-P. Claudel, op. cit., pp. 80-120.
95 F. Roth, op. cit., pp. 211-230.
96 A.D.V., 8 M 189, op. cit.
97 Ibid.
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