II/ La thématique abordée.
L'objet de notre étude est le théâtre. Or
qui parle de théâtre ne peut faire fi des personnages. Ceux-ci
constituent en majeure partie l'essentiel dans une pièce
théâtrale. Bien que nous parlions du théâtre en
général, il s'agira toutefois pour nous d'effectuer surtout une
classification et de déterminer la, ou les fonctions dramatiques de
quelques personnages. Evidement tout cela se déroulera autour des
personnages.
Conscient des diverses ambiguïtés pouvant surgir
ou apparaître dans l'utilisation d'un morphème en
littérature, nous nous proposerons d'élucider le sens du mot
focal de
notre sujet. A la lecture de celui-ci, nous remarquons qu'il
est constitué d'un mot qui, pour nous apparaît comme étant
le mot clé : le personnage.
Le substantif masculin « personnage » est
apparu en 1250. Selon le Petit Robert il signifie dignitaire
ecclésiastique7. « Personnage » vient en
outre du latin « persona » terme d'origine étrusque.
Il signifie masque de théâtre. Par rapprochement, on pourrait dire
que, le personnage est un masque d'acteur qui fait résonner le
« per-sonare », ou personne au sens moral du terme.
En littérature, le personnage est un être humain
représenté dans une oeuvre. Dans ce cas ci, il peut y avoir
plusieurs types de personnages dans un roman ou dans une oeuvre dramatique.
Finalement, le personnage littéraire est un être imaginaire sans
lequel, une oeuvre ne saurait fonctionner. De ce constat, il apparaît
clairement le rôle important que le personnage occupe dans une oeuvre.
En parcourant Hamlet et Othello, nous
rencontrons différents personnages que nous pouvons classer en deux
grands groupes, qui peut se subdiviser en plusieurs autres classes. Il y a une
classe noble constituée de la cour royale. Une classe ouvrière
qui, comprend les hommes du peuple au service de la royauté. Entre ces
deux classes, il existe une relation de maître à serviteur, de
donneur d'ordre à exécutants. Ce qui est fascinant et attrayant
avec les personnages shakespeariens, c'est la façon dont celui-ci les a
dépeints. A observer et à analyser le jeu de ces personnages, on
se croirait dans un monde réel. Shakespeare a su faire de l'illusion la
réalité.
7Paul Robert, Le Petit Robert, Dictionnaire
Alphabétique et Analytique. Paris, le robert, p1409.
Par ailleurs, nous convenons tous que, la construction du
personnage physique ou moral reste infléchie, grâce à ce
que l'auteur sait du lecteur ou du spectateur. Ces derniers, en
réalité représentent l'espace d'un désir qui sera
satisfait ou déçu dans l'oeuvre théâtrale. Et si, la
grande différence conditionnant la perception du personnage entre la
réalité et son modèle littéraire réside dans
le caractère synthétique du plan, et le caractère
analytique du texte écrit, le choix en littérature
précisément au théâtre de l'acteur qui incarne un
personnage, revêt alors une importance capitale. De ce fait, le
personnage ne doit plus être considéré seulement comme un
être de papier que l'imagination doit reconstruire pièce à
pièce mais, un être dont la parole
contribue à illustrer son image. En fonction de son
rôle, de ses attributions dans une pièce, le personnage doit
relever la face visible du monde afin de mieux faire comprendre et ressentir la
réalité profonde.
En outre, le personnage doit satisfaire certains besoins que
l'auteur n'a pu réaliser. Dans ce cas, on peut les classer non pas selon
ce qu'ils sont, mais selon ce qu'ils font, donc leur fonction. De plus, de tous
les arts, le théâtre est celui par excellence de la question de
l'identité, ou de l'identité en question. C'est-à-dire
faire, ou se donner un personnage. C'est pourquoi de son origine grecque, le
théâtre signifie masque, en d'autres terme masquer son
identité. On sait ce que c'est qu'un Tartuffe. Quand bien même, on
oublierait, qu'il s'agit d'abord d'une création théâtrale
que, le génie de Molière est parvenu à universaliser. Il
en est de même du personnage du jeune prince Hamlet, qui aujourd'hui
apparaît comme le personnage le plus complexe de son maître.
Pourtant, il a fallu le génie de Shakespeare pour que celui-ci nous
laisse de fortes impressions. Du fait de sa grandeur d'esprit et de sa
philosophie de la vie, certaines personnes ont bien voulu ressembler à
Hamlet.
Même si les personnages littéraires naissent par
la création fictive de leur auteur, il n'en demeure pas moins que
ceux-ci demeurent des essences psychologiques pour la réalité
sociale. Parfois, la sensibilité fictive ne peut s'empêcher
d'identifier le personnage fictif à une personne normale. Pourtant, il y
a bien une nette distinction entre les deux. Pour devenir personnage, la
personne doit entre autre re-naître, et ressembler à celui dont il
incarne le caractère.
Ni Hamlet, Othello, moins encore Gertrude ou Desdemonda, ne
sont des personnes réelles. Leur rôle, leurs comportements, leurs
faits et gestes ne nous sont pas étranger. Au demeurant, nous acceptons
ou rejetons certains traits de leur caractère. Par le jeu des
personnages, Shakespeare a su créer un système des personnages
qui, est un schéma illustrant les rapports entre les personnages de son
oeuvre.
Au delà, il montre comment chaque personnage se
définit par opposition, ou parallélisme plus ou moins
nuancé avec d'autres personnages proches ou antagonistes. C'est le lieu
d'indiquer que, le rôle du personnage dépend non seulement de ses
rapports avec les autres, mais aussi des informants et indices donnés
par son auteur. Les informants ayant été repérés,
on peut alors prendre en compte les qualifications des personnages. Tout cela
est de l'ordre de l'apparence, de l'être. Pour Philippe Hamon cela
suppose,
Une reconstitution par le lecteur, le personnage se constituant
progressivement au fil de la narration sous forme d'un signifié et d'un
signifiant, d'où des difficultés, des incertitudes à ne
pas esquiver8.
On soulignera par ailleurs que, les portraits physiques sont
à priori les plus faciles à reconstituer, car ils revèlent
de la description, et dépendent en fait de l'objectivité de la
représentation artistique. Ceux-ci ne sont pas nécessairement
identiques d'une époque à une autre et surtout si certains
portraits sont d'un seul tenant et donné d'emblée par certains
auteurs. Chez d'autres, le portrait est peint par touches successives,
dépendant des images que l'auteur veut donner à chaque
personnage. Dans ce cas-ci, la description physique du personnage peut
être évolutive, dans la mesure où il dépend, soit
d'une conception du temps, soit du point de vue de l'auteur. Par ailleurs, en
concevant le personnage, l'auteur lui donne une certaine autonomie
volontairement ou involontairement. C'est par exemple, les informations sur le
passé du personnage, qui pourraient expliquer son comportement
8Philippe Hamon, Pour un statut
sémiologique du personnage, cité dans in Littérature,
Pp86-110.
présent. Aussi, le personnage jouit d'une
indépendance de sorte que son action doit transformer la vision du
lecteur.
Dans cette partie, il a été question de
justifier le choix de notre sujet. Cette justification s'est faite en deux
points : par un constat, puis par la thématique abordée. En
d'autres termes, deux raisons principales ont motivé notre choix.
Après une telle démarche, nous définirons certains mots
dont, les explications peuvent faciliter la compréhension du sujet. Nous
définirons d'abord, la typologie, puis la fonction dramatique.
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