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Sécurité et sureté maritime : de l'élaboration des textes à  la difficulté de mise en oeuvre

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par Mohamed Saà¯d HAFFAF
Université d'Angers - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en droit maritime et des transports 2002
  

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SECTION II : DOMAINE DES TEXTES ET RESPECT DE LA REGLEMENTATION

Avant d'étudier quels sont les différents acteurs qui doivent jouer un rôle dans le respect de la réglementation, il est important tout d'abord d'analyser quels sont les facteurs qui composent la sécurité maritime.

SOUS-SECTION I : LES TEXTES EXISTANTS ET LEUR DOMAINE

De l'antiquité jusqu'au XXème siècle, la première des préoccupations a été celle de la sauvegarde

de la marchandise favorisant le développement de certaines réglementations locales surtout en matière de franc bord et l'apparition des premières sociétés de classification ainsi que du système d'assurance mais le premier véritable enjeux du cadre normatif en matière de sécurité maritime a été la sauvegarde de la vie humaine en mer avant que l'aspect environnemental ne devienne la préoccupation première des dernières années. Comme nous l'avons vu précédemment les enquêtes accidents ont joué un rôle important dans l'amélioration de la sécurité maritime et notamment en déterminant quels ont été les facteurs accablants des accidents maritimes, facteurs que nous pouvons énumérer : Le facteur technique et le facteur humain. Nous ne pouvons parler de sécurité maritime sans aborder les causes de l'insécurité maritime.

Nous allons donc étudier rapidement ces différents domaines que sont le facteur humain, le facteur technique ainsi que les règlements qui s'y rapportent et qui apportent une réelle amélioration de la situation à partir du moment où ils sont appliqués de manière correcte.

CHAPITRE PREMIER : LE FACTEUR HUMAIN

L'erreur humaine, « la mauvaise manoeuvre » est la cause de 75% des accidents maritimes, ce fût le cas par exemple de l'Herald of Free Enterprise, de l'EXXON VALDEZ, du SCANDINAVIAN STAR, du BRAER entre autres, et dans bien d'autres cas le facteur humain a un rôle déterminant dans la gestion de la crise et dans les actions à mener.(29)

C'est donc un domaine important qui n'a été pris en compte que tardivement, dans les années 1960 avec les travaux communs à l'OIT et à l'OMI qui ont débouché, en 1978, sur la Convention internationale STCW(30) . Cette convention a été rendue nécessaire pour combler la dérive des marins sous qualifiés de plus en plus nombreux à bord des navires, peut être suite à la course à l'économie effrénée des armateurs qui grâce aux pavillons de complaisance pouvaient armer leur navire de marins à faible coût mais malheureusement également à compétence limitée voire nulle.

(29) : Voir en ce sens le mémoire de Mr SALEA OUADJ intitulé :»La mise en oeuvre du ISM code par les compagnies maritimes» CDMT,1999 p28

(30) : Standards of Training, Certification and Watchkeeping for seaferers.

Certains marins indiens n'avaient jamais vu la mer avant d'embarquer pour la première fois, il pouvait être berger ou mendiant, la navigation maritime étant un formidable moyen d'essayer de sortir d'une situation économique sans lendemain.

Les études d'officiers dans les pays industrialisés prennent au minimum 3 ans alors que dans certains pays le brevet s'achète et ouvre donc la porte de la profession de marin sans connaissance particulière.

Cette première convention a donc été utile pour établir une harmonisation des différents brevets délivrés dans les différents états du pavillon . Cependant sans contrôle des conditions de délivrance des brevets et sans équivalence commune des brevets, l'objectif de STCW 78 ne fût que très peu atteint.

Il y eu donc lieu en 1995, une révision de STCW qui a établi clairement les conditions et les modules que devaient contenir chaque brevet ou complément de formation pour être reconnu sur le plan international. Cette convention a également pris en compte les progrès technologiques enregistrés dans le domaine de la navigation maritime.

L'influence du facteur humain peut se traduire non seulement dans la conduite du navire lui-même mais également dans l'interface entre la terre et le navire , ce qu'on appellera le management qu'il soit technique ou humain.

Ce domaine est désormais couvert par le code ISM ( 31) adopté par l'OMI en novembre 1993.

Un autre facteur humain clef participant à la sécurité maritime est celui de la composition de l'équipage et de ses conditions de travail, domaine essentiellement contrôlé par l'Etat du pavillon : Les effectifs sont liés à des règles pour partie internationales. Ils ont été allégés, compte tenu des progrès techniques et des nouveaux moyens de navigation dont disposent désormais les bateaux.

L'enquête qui a suivi l'accident du Melbridge Bilbao, navire échoué sur les côtes de Molène, a démontré que l'officier était seul à la passerelle après avoir dormi que 2 heures en 24 heures par manque d'effectif. Ainsi à réduire excessivement le nombre de membres d'équipages, on peut se retrouver devant des problèmes majeurs de sécurité.

(31) : International Safety Management

Une convention régit ce domaine, il s'agit de la convention de l'OIT ( 32) sur l'organisation du temps de travail des gens de mer (33) qui institue, entre autres, des limites de travail et de repos, convention reprise par la directive européenne 99/63 pour l'intégrer en droit communautaire.

Le code ISM et la convention STCW 95 sont donc actuellement les 2 grandes conventions qui ont fait évoluer le secteur de la sécurité maritime en faisant action sur la qualité des équipages et des gestionnaires des armements maritimes.

Le progrès apporté par ces règlements est indéniable car en édictant des obligations qui s'imposent à tous, ils visent à ce que le jeu de la concurrence entre armateurs ne s'opère pas au détriment de la sécurité.

Afin de s'assurer que ce jeu de la concurrence est respecté, l'OMI a établi une « White liste » des Etats délivrant des brevets et diplômes conformes à la STCW 95. En 2001, 103 des 182 états signataires figuraient sur la White list.

L'Union européenne a récemment fait savoir qu'elle était préoccupé par ce sujet : «  nous avons besoin de ressources humaines qualifiées, car ce sont les marins qualifiés qui peuvent contribuer à la sécurité du navire et ce sont les marins formés qui peuvent protéger l'environnement » a déclaré le ministre grec de la marine marchande, Yiorgos Anomeritis , dont le pays préside l'Union Européenne.

Le deuxième facteur dégagé quasiment systématiquement par les enquêtes accidents est le facteur technique, facteur le plus facile à appréhender que le facteur humain.

(32) : L'OIT ( Organisation International du Travail ) s'intéresse aux normes sociales et aux conditions de vie des gens de mer. Fondée en 1919 elle regroupe 170 états et a élaboré 36 conventions et 27 recommandations

(33) : C180 Convention sur la durée du travail des gens de mer et les effectifs des navires, 1996

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault