A. Les ressources humaines
L'analyse des ressources humaines concerne essentiellement le
conseil municipal, l'exécutif communal et le personnel municipal.
· Le conseil municipal
Le conseil municipal de la commune de Moloundou compte 25
conseillers. Tous sont issus du RDPC et la majorité d'entre eux
réside sur le territoire communal, en dehors d'une élite
extérieure. Le conseil est représentatif de la diversité
ethnique de la Commune, en dehors des Baka. La présence féminine
n'est pas suffisamment représentative au sein du conseil, car il n'y a
que deux femmes conseillères. Dans cette société,
l'accès au pouvoir pour les femmes est encore fortement limité,
à cause du poids de la tradition. Le conseil se réunit deux fois
par exercice et a pour principale mission le vote et l'approbation des comptes
municipaux en ce qui concerne la gestion communale. Son fonctionnement est
organisé autour de trois commissions techniques :
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- la commission des affaires sociales, qui recueille les
besoins des populations dans le domaine social, définit et suit la mise
en oeuvre des actions dans le domaine de l'éducation, de la
santé, de l'environnement;
- la commission des finances examine le projet de budget et
émet des avis techniques sur celui-ci ;
- la commission des grands travaux définit et suit les
grands chantiers du plan de campagne.
Les conseillers municipaux n'accomplissent pas correctement
leur mission de relais entre les populations à la base et l'institution
communale. Ceux-ci n'organisent pas des rencontres ni pour les comptes-rendus
des résolutions du conseil municipal, ni pour définir les
priorités des besoins de leur communauté. Ainsi,
l'exécutif communal n'est pas informé sur les véritables
préoccupations des populations à la base, ce qui rend difficile
leurs résolutions.
· L'exécutif municipal
L'exécutif communal est composé du maire et de
ses deux adjoints. Leurs fonctions sont définies par un texte officiel,
mais dans la pratique, le maire assume la responsabilité de la gestion
des questions liées à la foresterie, aux finances et à la
politique de la commune. Ces domaines étant « sensibles ». La
délégation des tâches entre le maire et ses adjoints n'est
pas effective, malgré le fait que celui-ci passe beaucoup de temps
à l'extérieur de la ville. Les absences
répétées du magistrat municipal sont un facteur de
ralentissement des activités de la mairie.
· Le personnel communal
La commune de Moloundou se compose de trois catégories
d'employé :
- La première catégorie est constituée
des fonctionnaires nommés par l'Etat. Il s'agit du secrétaire
général nommé par le MINATD, et du receveur municipal
nommé par arrêté conjoint MINATD/MINEFI.
- Les employés permanents rentrent dans la
deuxième catégorie, ceux-ci sont au nombre de 12 dont trois (03)
femmes. On compte parmi eux 10 décisionnaires et deux (02) contractuels.
La moyenne d'âge du personnel permanent est de 48 ans, ce qui
témoigne d'un effectif vieillissant. Aucun d'eux n'est doté d'une
formation en informatique. Le personnel communal a un niveau de qualification
relativement bas du fait que, la majorité a le niveau
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46
scolaire du primaire ou du secondaire. Les employés
permanents ont une ancienneté d'au moins trois ans.
- La dernière catégorie est composée du
personnel temporaire. La commune de Moloundou emploie 65 temporaires. Leurs
principaux postes d'affectation : le transport ; la réception à
l'auberge municipale ; le gardiennage ; le passage au bac (transport fluvial) ;
les formations sanitaires ; le service d'hygiène et salubrité ;
l'enseignement (maître communaux et vacataires pour l'enseignement
secondaire) ; la radio communautaire ; la police municipale et la cellule de
foresterie, sur laquelle nous reviendrons plus largement dans la suite de notre
travail.
· Organisation des services de la
commune
La commune de Moloundou ne possède pas d'organigramme
officiel, toute fois les services sont organisés, comme l'indique le
tableau suivant :
Tableau N°5 : Organisation des services de
la mairie
Service/Bureau
|
Employés
|
Tâches
|
Secrétariat général
|
07 employés
|
coordination des différents services
|
Bureau de l'Etat- civil
|
01 agent
|
établissement des actes et préservation des
souches, assistance au maire pendant les célébrations de
mariage.
|
Recette municipale
|
05 employés
|
encaissement des recettes et du règlement des
dépenses ; comptabilité
|
Radio FM
|
09 employés
|
information et éducation des communautés
|
Cellule de
foresterie
|
13 employés
|
suivi des activités liées à l'exploitation
forestière
|
Marché municipal et cellule de lutte contre le SIDA
|
02 employés
|
suivi du marché et des activités de
sensibilisation des populations sur le SIDA
|
Auberge municipale
|
02 employés
|
réception et tâche d'hygiène à
l'auberge
|
Police municipale
|
10 employés
|
imprécises
|
|
Source : Notre enquête de terrain de mai-juillet 2009
De façon générale, la commune souffre
d'un manque d'organisation de ses activités ainsi que d'un faible niveau
de communication interne. En l'absence d'un cahier de charges
détaillé pour le personnel, des réunions de planification
et de suivi tant entre les membres de l'exécutif qu'entre les membres du
personnel ou même de façon transversale ne sont pas
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utilisées pour la définition des programmes de
travail et la répartition des tâches. Par ailleurs, le rôle
de supervision, d'organisation et de coordination du secrétariat
général est quelque fois compromis par la nature de ses relations
avec le reste du personnel. Elles sont quelques fois conflictuelles, surtout
lorsqu'elles portent sur les exigences d'assiduité et de
ponctualité au poste de travail. Le laxisme et l'absentéisme,
dont fait preuve le personnel communal, entrave le rendement au travail. Cette
efficacité est fortement hypothéquée par la qualité
du personnel. Outre les chefs de services sortis du CEFAM, le reste du
personnel ne possède pas de véritable formation professionnelle
et le niveau de base est le CEP.
B. Les ressources financières
Les revenus forestiers représentent la principale
source de recette du budget communal. Néanmoins d'autres postes,
à l'instar des recettes fiscales, contribuent au budget. Le graphique
ci-dessus illustre les disparités qui existent entre les revenus
forestiers et les autres postes de recettes budgétaires.
Graphique N° 1
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48
contribué à une révision du budget
prévisionnel communal et par ricochet l'annulation d'un certain nombre
de projets. Cette expérience montre que les communes forestières
sont appelées à diversifier leurs sources de revenus.
Le problème des infrastructures sociales de base se
pose avec acuité dans la commune, de la faible couverture sanitaire, en
passant par un taux de scolarisation bas, l'accès difficile à
l'eau potable et l'enclavement de la région. Le niveau des ressources
financières communales ne permet pas la résolution de ces
problèmes. Fort heureusement, la richesse des ressources naturelles dans
la région, notamment celle de la forêt constitue une
opportunité en termes de création de revenus pour la commune
à travers la mise en oeuvre d'une forêt communale.
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CHAPITRE II : LA MISE EN OEUVRE DE L'EXPLOITATION DE
LA FORET COMMUNALE DE MOLOUNDOU
Face à l'insuffisance des infrastructures
socioéconomiques et à la précarité du niveau de vie
de ses populations, la commune a initié un projet d'exploitation et de
mise en valeur de la forêt communale, en vue de se doter des moyens
nécessaires pour résoudre leurs problèmes. Ainsi, le plan
de zonage du secteur forestier du Sud Cameroun a prévu, pour certaines
communes, des massifs pour la forêt communale. La loi autorise tout de
même aux communes, dont le plan de zonage ne permet pas de massif pour la
création d'une forêt communale, la possibilité d'identifier
dans le domaine national un espace pouvant être érigé en
forêt communale. Toutefois, la mise en oeuvre de l'exploitation de la
forêt communale est sous-tendue par l'obtention de l'acte de classement.
De plus, l'élaboration d'un plan d'aménagement et la
réalisation d'une étude d'impact environnemental sont des
préalables au prélèvement des grumes.
I. La procédure de classement d'une forêt
communale
La direction des forêts, à travers la
sous-direction des inventaires forestiers (SDIAF), est responsable de la
planification des opérations de classement et de préparation des
projets de décret de classement à adresser au Premier Ministre.
La procédure de classement est initiée par la commune, qui fait
une demande officielle au ministre de la forêt et de la faune. Le
processus de classement dans le domaine forestier permanent s'articule
chronologiquement de la manière suivante : la préparation de la
note technique préliminaire d'information ; l'avis au public ; la
sensibilisation des autorités administratives et locales ; la
sensibilisation des populations ; les travaux de la commission de classement ;
la préparation des textes à soumettre au premier ministre pour
signature de l'arrêté.
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Etape 1 : préparation de la note technique
préliminaire d'information
La SDIAF prépare pour chacun des projets de classement
une note technique, qui doit préciser les éléments
suivants :
· les objectifs du projet de classement ;
· les limites de la forêt à classer (carte
1/200 000)
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50
· une description :
- de la zone du projet (topographie, hydrographie,
végétation, populations, activités humaines et
industrielles sur la zone, accessibilité) ;
- du programme des travaux à venir ;
- des droits normaux d'usage.
Cette note aide à la conception de l'avis public.
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Etape 2 : l'avis public
L'objectif de cette étape est d'informer le public,
officiellement, du projet de la forêt communale. Le projet d'avis est
initié à la SDIAF, il comporte les éléments
suivants :
· la description des limites à classer,
accompagnée d'une carte au 1/200 000 du massif forestier ;
· la superficie en hectares ;
· la vocation du massif ;
· la date limite des éventuelles réserves et
réclamations de la population auprès des autorités
compétentes (préfecture et délégation
régionale du MINFOF).
Signé par le ministre des forêts et de la faune,
l'avis est rendu public par voie de presse et affichage dans les
préfectures, sous-préfectures, mairies et services de
l'administration chargés des forêts de la région
concernée. Une fois l'avis affiché, la période de
réclamation est fixée :
· à trente (30) jours dans les régions
possédant d'un plan d'affectation des terres ; plan de zonage ;
· à quatre vingt dix (90) jours dans la
région ne disposant pas d'un plan d'affectation des terres ; plan de
zonage.
|
Etape 3 : sensibilisation des
autorités administratives et des élites locales
|
|
Cette étape a pour but d'informer et de sensibiliser
les autorités administratives qui ont un rôle à jouer dans
le classement. Une réunion de sensibilisation doit être tenue dans
chaque arrondissement touché par le classement. La mission
chargée d'informer et de tenir les réunions est composée
:
· du délégué régional du
MINFOF, qui est le chef de mission ;
· du délégué départemental du
MINFOF, rapporteur ;
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· d'une personne ad hoc de l'administration
forestière locale bien connue localement ;
· d'un représentant de la direction des
forêts.
Le délégué régional
prépare les projets de convocation pour la réunion de
sensibilisation soumis à la signature du gouverneur. Les personnes
convoquées sont : le préfet, le délégué
départemental du MINFOF, le chef de poste, le sous-préfet, les
députés, le maire, les représentants des ministères
en charge de l'environnement et de la protection de la nature, du tourisme, du
domaine, de l'élevage, de l'agriculture et des mines ; les religieux,
les représentants d'ONGs et les élites locales. Le contenu de ces
rencontres doit aborder les thèmes suivants : les objectifs du projet de
classement ; le principe de participation des populations dans le processus
d'aménagement du massif forestier ; les étapes suivantes de la
procédure de classement ; la constitution et le programme de la
commission de classement.
Le délégué régional du MINFOF est
chargé de la transmission du rapport de la réunion au MINFOF, au
gouverneur et au préfet concerné pour information.
|
Etape 4 : sensibilisation des populations
|
|
Cette étape vise à informer et sensibiliser les
populations au classement à venir. Tous les villages concernés
par le classement d'un massif doivent être sensibilisés lors de la
tournée. L'équipe chargée de la tournée de
sensibilisation est composée, ainsi qu'il suit : le
délégué départemental du MINFOF, qui le chef de
mission ; le sous-préfet ou son représentant ; une personne
impliquée dans la société civile, ONGs et le chef de
poste, comme rapporteur. Dans la pratique, le représentant de la SDIAF
accompagne souvent l'équipe dans la sensibilisation des
communautés. L'ordre du jour de la réunion est le suivant :
· information et sensibilisation des populations sur les
démarches de classement du domaine forestier permanent ;
· explication sur le concept de représentation des
populations dans le processus de gestion des forêts : leur droit de
réserve ou d'opposition ;
· là où il n'y a pas de structure
représentative de la population, l'administration forestière peut
initier la création d'un comité paysans-forêts (CPF). On
veillera à ce que tous les groupes (élites, femme, jeune,
retraité, planteur) soient représentés.
· expliquer le rôle du CPF ou de la structure et
le ou la mandater ;
· informations sur le plan directeur d'aménagement
et sa restitution auprès des populations.
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La sensibilisation des communautés riveraines au massif
forestier n'est que pure formalité. En effet, Celles-ci ne sont pas
suffisamment informées sur les questions liées à la
forêt communale. La majorité des personnes interrogées
n'ont qu'une idée vague sur le sujet, toutes assimilent la forêt
communale aux UFA, ce qui n'est pas le cas. Aucune des structures
préconisées n'est mise en place pour la sensibilisation des
populations. Ainsi, cette situation profite aux gestionnaires du massif
forestier du moment où les populations ne peuvent pas jouer leur
rôle de contre pouvoir.
|
Etape 5 : Travaux de la commission de
classement
|
|
L'objectif de cette étape est la validation du projet
de classement au niveau local. Il est crée dans chaque
département une commission chargée d'examiner et d'émettre
un avis sur les éventuelles réserves ou réclamations
exprimée par la population ; d'évaluer tout bien devant faire
l'objet d'expropriation et de dresser un état à cet effet. La
commission est composée de la manière suivante :
Président, le préfet ou son représentant ; Rapporteur, le
représentant local du MINFOF ; Membres, le représentant local du
MINDAF, MINTOUR, MINEF, MINAGRI, de l'organisme public chargé des
aménagements, le ou les député(s), les maires des communes
intéressées ou leurs représentants et les autorités
traditionnelles locales. Les réserves émises par les populations
locales peuvent concerner les infrastructures (champs, carrières,
habitations) localisées à l'intérieur du massif ou toutes
autres objections recevables. Dans ce cadre, le président de la
commission peut dépêcher des missions chargées d'examiner
le bien-fondé des réserves ou oppositions au projet de
classement. Ces infrastructures seront localisées et reportées
sur la carte du massif au 1/200 000. Si ces infrastructures se situent à
l'intérieur du massif forestier, deux options sont possibles : les
limites proposées de la forêt communale sont modifiées,
afin d'exclure les infrastructures du massif ou l'expropriation des
infrastructures et indemnisation.
La commission se réunit sur l'initiative de son
président et au lieu choisi par ce dernier, trente (30) jours au
plutôt après le délai d'affichage de l'avis. Elle examine
les rapports et suggestions faites par les missions et statuera sur tous les
éléments versés au dossier de classement. Le
président de la commission transmet l'ensemble du dossier au ministre
chargé de la forêt et de la faune, assorti de l'avis motivé
de la dite commission79.
79 Les travaux de cette commission ne sont pas
réalisés dans des délais raisonnables. La commune de
Sangmélima a par exemple, initié le dossier pour le classement de
sa forêt communale depuis 2001. Jusqu'à cette date, l'acte de
classement n'est pas encore disponible.
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La rallonge de la procédure est préjudiciable
pour l'institution communale du fait de l'augmentation des coûts du
classement. Les lenteurs administratives constituent la principale entrave au
traitement des dossiers de classement. En plus, les conflits liés
à la détermination des limites du massif forestier candidat
à l'acte de classement sont aussi de nature à ralentir le
processus.
|
Etape 6 : Préparation des textes à
soumettre au Premier Ministre
|
|
Après avoir pris possession de tous les dossiers, le
texte définitif du projet de décret est préparé par
la SDIAF. Le texte définit notamment les objectifs de classement ainsi
que les limites du massif forestier à classer. Il est composé
:
· d'une note technique précisant le ou les objectifs
fixés par ce classement et définissant les droits d'usages
applicables dans la forêt concernée ;
· des procès-verbaux des réunions de la
commission de classement ;
· des éventuels rapports de missions
complémentaires pour le règlement de problèmes
soulevés ou la prise en compte des doléances formulées par
les populations ;
· d'un plan de situation décrivant les limites de la
dite forêt, accompagné d'une carte géographique à
l'échelle 1/200 000
La SDIAF prépare le projet de décret de
classement de la forêt communale pour le ministre de la forêt et de
la faune, à transmettre au Premier ministre pour approbation et
signature. Après la promulgation du décret de classement, le
massif forestier devient la propriété de la commune et devra
être borné et titré selon la réglementation en
vigueur, en vue de son enregistrement et de son immatriculation dans le livre
foncier pour le compte de la commune.
En général, les communes ont un faible niveau
d'appropriation des dossiers de leur forêt communale. Ces dossiers sont
mieux maîtrisés par les partenaires forestiers lorsque ce type de
partenariat existe80. En outre, les communes ne possèdent pas
l'expertise technique nécessaire pour assurer leur rôle de
maître d'oeuvre notamment dans l'exécution, le suivi et le
contrôle des activités relatives à la foresterie
communale81. Cette démarche n'est pas aisée pour les
communes qui ont des difficultés à rassembler les financements
nécessaires à l'acquisition de la forêt communale. La
procédure de classement du massif forestier
80 Guy Merlin Nguenang, Quentin Delvienne, Vincent
Beligne, Marie Mbolo, « La gestion décentralisée des
ressources forestières au Cameroun : les forêts communales
après les forêts communautaires. », In
CEFDHAC, Libreville 20-27 novembre 2007, p 4.
81 Op cit. , p 4.
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54
communal de Moloundou s'élève à 120 000
000 FCFA82. De nombreuses communes butent ainsi à poursuivre
le processus d'acquisition pour des raisons financières83.
Toutefois, la récolte du bois dans le massif forestier communal
proprement dite est conditionnée par l'élaboration d'un plan
d'aménagement validé par le MINFOF et la réalisation d'une
étude d'impact environnemental.
II. Modalités d'exploitation des ressources
ligneuses
L'élaboration d'un plan d'aménagement est un
préalable à l'exploitation d'une forêt
communale84. Depuis 200585, la réalisation d'une
étude d'impact sommaire est également une condition sine qua
non à l'exploitation.
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