IV .10. Profil lacunes de l'hygiène
générale
Les problèmes majeurs provoqués par les lacunes
d'hygiène et d'assainissement relevés ci-dessus sont au nombre de
deux, d'après les informations recueillies auprès des
détenus. Il s'agit par ordre d'intensité d'occurrence
décroissant des risques accrus de maladies et de la pollution.
D'après l'enquête, 58% des détenus s'estiment
menacés par les insectes et animaux nuisibles pour la santé,
à cause des maladies dont ils sont vecteurs. 42% décrient la
gestion des ordures et des excrétas dans les logements et dans la
cour (Tableau 23);
Dans les prisons du Mali, les pathologies les plus
rencontrées sont les dermatoses liées au manque d'hygiène,
les crises de paludisme à un niveau endémique et les
épidémies de diarrhées dues à une mauvaise
hygiène alimentaire [5].
L'absence des pathologies des mains sales durant la
période d'étude n'exclut pas le risque.
Cela s'explique par le fait que ces maladies sévissent
à rythme épidémique. Et en cette période
(juin-août 2009) l'épidémie des mains sales n'a pas
été observée. Cette longue durée d'absence
d'épidémie est aussi expliquée par l'existence des
séances d'EPS en matière d'hygiène au sein des prisonniers
animées par des prisonniers volontaires formés.
De plus, une réorganisation des différents
acteurs d'activités, des campagnes de sensibilisation et
d'éducation, la mise sur pied d'un manuel d'hygiène, une
amélioration du code d'hygiène et un travail synergique
entre les différents intervenants conduiraient à l'atteinte des
objectifs.
IV.11.
Profil conséquences d'une hygiène précaire en milieu
carcéral
Selon l'étude de Dr Pandya dans les prisons du
Malawi en 1996, la surpopulation est le premier facteur qui permet aux
maladies contagieuses de se répandre comme un feu de forêt [12].
Pendant notre étude, nous avons constaté que la
fréquence des affections digestives vient en tête avec 32.7%,
suivies des diarrhées infectieuses et des affections respiratoires
aiguës respectivement à 15.9%et 15%, le paludisme se rencontre
à 14.3%, les affections buccales et ORL à 12.4%. Les
fréquences des infections urinaires et des infections de la peau se
rencontrent respectivement à 6.5% et 3.2% (Tableau 46).
Ces résultats comparés à ceux de
Médard Voho, dans les établissements pénitentiaires
d'Ouagadougou et Bobo Dioulasso en 1998 montrent des prévalences
différentes [12]:
- affections digestives 26%
- affections de la peau 25%
- affections uro-génitales 16%
- affections respiratoires et ORL 16%
- paludisme 10%
- divers 7%
Les statistiques ci-dessus montrent que le régime
alimentaire insuffisant, la mauvaise hygiène, le manque de couvertures
et l'infestation par des insectes sont autant de vecteurs qui contribuent
à la dégradation rapide des détenus les plus
résistants, sans parler des plus vulnérables comme les
très vieux, les séropositifs et les détenus qui
étaient déjà malades avant leur incarcération.
La surpopulation est un autre facteur qui contribue à
la propagation des maladies contagieuses comme :
la tuberculose : 10 cas sur 23 soit 43.5% (Tableau 43),
la pneumonie : 11 cas sur 23 soit 47.8% l'asthme : 2 cas sur 23 soit
8.7% , la diarrhée : 11 cas sur 24 cas soit 45.8% , la
salmonellose : 7 cas sur 24 soit 29.2% , la dysenterie : 6 cas sur 24
soit 25%(Tableau 42) ou la gale, dans la mesure où elle implique une
difficulté à fournir de l'eau en quantité suffisante pour
permettre à tous d'assurer la propreté de leur corps et de leur
environnement. De plus, l'évacuation des eaux usées et des
excréments peut s'avérer problématique.
La persistance des symptômes comme des algies
dentaires : 15 cas sur 19 cas soit 75.95% et des pathologies ORL :
4 cas sur 19 soit 21.05% et des parasitoses : 68% démontrent un
manque d'hygiène individuelle et collective à savoir la
protection de l'hygiène buccodentaire ,l'utilisation des latrines et le
lavage des mains après cette utilisation pour les détenus qui le
font et de préparer les aliments ou avant de manger [2 ;5].
Par ailleurs, la surpopulation a un effet direct sur le taux
élevé d'homosexualité car dans certaines cellules les
hommes dorment très rapprochés les uns des autres, ce qui
démontre l'existence d'une potentielle éruption d'infections par
des virus véhiculés par le sang : virus de l'hépatite
B, de l'hépatite C et de l'infection par le VIH.
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