A. G. (2000, 2006)
Dans ce modèle, l'incitation prend la forme de
l'accès à des prêts additionnels, ce qui doit
décourager le défaut stratégique ou la réticence de
l'emprunteur à rembourser son prêt une fois que celui-ci a
réalisé un profit. La raison de l'introduction de ce
modèle dans les politiques de prêt aux pauvres est que sans
l'existence d'un marché de l'assurance, ces personnes peuvent être
très vite dans l'incapacité de rembourser leurs emprunts. Les
causes de cette incapacité peuvent être multiples (vol, maladie,
décès, mauvaise récolte...).
Ce modèle comporte donc un double objectif. Le premier
est de montrer qu'il n'est pas nécessaire de punir à vie
l'emprunteur qui à fait défaut et le second est de montrer les
raisons pour lesquelles une IMF deviendra pérenne et pas une autre. En
effet, ce modèle vise à montrer comment certaine IMF atteindront
leur objectif d'autosuffisance financière alors que d'autres seront
obligées de rester des IMF recevant des subventions de
l'extérieur.
L'idée générale est que l'incitation
fournie à l'emprunteur repose sur deux éléments.
Premièrement, si ce dernier fait défaut il sera
un certain temps sans pouvoir emprunter à nouveau. Deuxièmement,
l'IMF offre la possibilité d'avoir accès à des prêts
plus grands. Ceci constitue la description du contrat implicite fait entre la
banque et son client.
Il est supposé qu'il existe deux joueurs : l'IMF et le
microenprumteur. La période de temps considérée peut
être infinie et le prêteur veut maximiser ses profits.
Le prêt se structure en deux phases : la phase de
prêt dans laquelle l'emprunteur va recevoir un prêt et
choisira de le rembourser ou non à la fin une fois des profits
réalisés. S'il rembourse le prêt, il repart dans une phase
de prêt. Par contre s'il décide de ne pas rembourser alors il
entre dans le deuxième type de phase à savoir la phase de
renégociation. Dans ce cas, il n'y a pas de nouveaux prêts
qui vont être offerts à l'emprunteur pendant une durée
donnée.
Après cette phase, l'emprunteur pourra de nouveau
rentrer dans une phase de prêt.
En conclusion de ce modèle, nous pouvons dire que les
incitations dynamiques fournies par l'IMF, et ses promesses de prêts
futurs après un succès au remboursement sont suffisantes pour
décourager le défaut stratégique. Le contrat implicite
reposant sur le futur de la relation de l'emprunteur avec la banque est une
incitation suffisante dans le mécanisme du prêt individuel pour
assurer le remboursement. En outre, ce modèle a permis de relâcher
la force de la punition lors du défaut. Désormais, il n'est pas
forcément nécessaire pour l'IMF de refuser à vie des
prêts à ceux qui ont fait défaut. Enfin, la
réputation joue un rôle important de manière sous jacente
à savoir que si l'IMF à la réputation de ne plus fournir
de prêt pendant un temps pour un défaut, alors les emprunteurs
seront incités à rembourser. Dans ce cas l'intermédiation
se fait par la menace et la punition sur l'emprunteur au lieu de
récompenser par un prêt plus grand. Dans le cas d'un
remboursement, l'emprunteur pourra obtenir un nouveau prêt mais le
modèle ne précise pas si celui-ci sera de plus grande taille.
La réputation jouera également son rôle
dans le sens de l'emprunteur vis-à-vis de l'IMF. En effet, l'emprunteur
qui fait défaut sera un temps sans prêt et après il peut de
nouveau emprunter. Toutefois, l'auteur précise qu'il recommence à
se créer une nouvelle histoire bancaire. Cela sous entend que
l'emprunteur perd toute la réputation qu'il avait accumulé avant
son défaut. Il repart avec un niveau zéro de réputation
après son défaut.
ii) Modèle d'Egli D. (2004)
Le modèle établi par l'auteur vise à
expliciter le système des prêts progressifs en microfinance. Ce
système repose sur le fait qu'un emprunteur obtient un prêt qui au
début s'avère être de petite taille, puis, au fur et
à mesure de sa bonne conduite, il voit la taille du prêt
augmenter. Par conséquent, l'intermédiation se fait au travers de
la récompense qui est une taille de prêt plus grande au fur et
à mesure des remboursements. Ce modèle va reposer sur
l'idée qu'il faut fractionner le projet de l'emprunteur pour commencer
à financer ce qui est moins performant afin de maintenir une pression
sur l'emprunteur pour que celui-ci rembourse. On retrouve ici la conclusion de
Stiglitz sur la taille du prêt qui peut être utilisé pour
diminuer le risque du crédit fait par l'IMF à son client.
Ce modèle suppose des attitudes différentes de
remboursement, d'où l'existence de deux types de demandeurs de
prêt : l'exploiteur et le bon débiteur. L'investisseur ne
connaît pas le type du demandeur, mais connaît la proportion de bon
débiteur dans la population.
L'auteur va montrer que le système de prêts
répétés permet de diminuer le risque mais ceci à un
coût car le demandeur peut être obligé de fractionner son
projet en sous-projets qui seront réalisés
séquentiellement. L'incitation au remboursement peut consister au fait
que les exploiteurs vont remplir leur obligation contractuelle pour obtenir le
financement des sous projets plus rentables. On retrouve ici la promesse de la
banque de refinancer l'emprunteur s'il rembourse.
Ce modèle montre que le fractionnement des projets des
emprunteurs en plusieurs petits sous-projets constitue un élément
permettant le financement sans l'existence de collatéral. La taille du
prêt permet à l'IMF de gérer le risque et par
conséquent le fractionnement du projet est un moyen de prêter sans
collatéral. De plus, cela crée les incitations de l'IMF car un
remboursement entraîne le financement de la suite du projet avec un
prêt d'une plus grande taille. Ce mécanisme permet aussi de faire
jouer la réputation dans les deux sens. L'IMF aura la réputation
de fournir des prêts plus grands avec un remboursement et l'emprunteur au
fur et à mesure acquiert de la réputation et peut obtenir des
prêts de plus grande taille à des taux d'intérêt
bonifiés ce qui permet à la fin de diminuer le coût total
du projet. Ce fractionnement est un outil utilisé par L' IMF pour faire
pression sur les emprunteurs afin qu'ils remboursent à temps. Dans ce
système d'incitation le sous-projet le plus rentable sera
effectué en dernier de manière à garder constante cette
pression.
L'inconvénient du prêt progressif est une perte
de bien être du coté de l'emprunteur et cela entrave la
croissance. Toutefois, cette perte permet à l'emprunteur d'obtenir une
meilleure condition de prêt sur le projet global car l'acquisition de
réputation qu'il fait au fur et à mesure lui permet d'obtenir un
taux d'intérêt plus avantageux sur les capitaux dont il fait la
demande. Cela diminue le coût global du projet par rapport à ce
qu'il coûterait s'il avait été financé en une seule
fois.
Les modèles de microfinance montrent qu'il existe des
mécanismes d'incitation différents que l'on soit dans le cas d'un
prêt de groupe ou dans le cas d'un prêt individuel. Dans le
prêt de groupe, l'incitation repose sur la surveillance des membres entre
eux ainsi que sur l'impact de la sanction sociale. Ces deux mécanismes
découlent de la responsabilité commune qui lie les agents dans le
groupe. Dans le prêt individuel, ces mécanismes n'existent pas car
ils ne sont pas réalisables. Dans ce cas, les incitations fournies sont
de nature dynamique c'est-à-dire liées au futur : ce qui se
passera dans la période suivante. De plus, les modèles de
prêt de groupe suggèrent une gestion du risque par deux canaux :
le groupe et la taille du prêt. Dans le prêt individuel, la gestion
du risque se fait par la menace de non refinancement de l'IMF.
Toutes ces analyses sur le relationnel
bancaire nous a permis de mettre en exergue la contribution de chaque
stratégie qu'adopte les EMF ou la banque dans la gestion de leur client
à sa performance, dans un environnement incertain, où
l'asymétrie informationnelle a fait son nid. Ainsi, pour qu'un EMF soit
rentable, il faut que les emprunteurs remboursent leur crédit, c'est
donc pour éviter les risques de non-remboursement qu'il doit inciter ses
clients à rembourser. De même, l'EMF doit chercher à
établir des relations de long terme pouvant être mutuellement
bénéfiques avec ses clients : c'est la fidélisation.
C'est la pertinence des tous ces travaux empiriques qui nous amène
à tester l'hypothèse suivante : Plus l'EMF
fidélise sa clientèle plus il est rentable.
Au terme de ce chapitre, nous pouvons
relever que certaines caractéristiques de la fidélisation peuvent
avoir une influence sur la performance des EMF. C'est la raison pour laquelle
nous voulons tester l'hypothèse sus-évoquée dans le cas du
Cameroun.
CHAPITRE IV
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