L'esthétique humaniste des films de Walter Salles( Télécharger le fichier original )par Sylvia POUCHERET Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Master 2 Esthétique et études culturelles 2007 |
Specularité et fascinationLe film peut également se concevoir comme la rencontre de deux mouvements spéculaires, de deux désirs, celui de la reconnaissance (pôle du réalisateur) et celui de l'identification (pôle du spectateur).Dès lors peut s'opérer une stratégie de la fascination , c'est à dire d'une capture et d'un enchantement du spectateur lorsque le film colle au plus près des désirs ou des certitudes de ce dernier . Barthes78(*) dénonce « l'image affect »comme une manipulation émotionnelle et intellectuelle supplémentaire. L'image affect est cet « immédiat qui vaut le plein »,qui repose sur des affects premiers ;elle se présente comme une pseudo évidence de l'authenticité qui désarmerait tout esprit critique en proie au doute , à la complexité; elle s'affirme comme « vérité » avec autorité et remporte l'adhésion intellectuelle instantanée du spectateur ; elle renforce la tonalité édifiante du propos, même si le propos s'avère creux. En véritable rapt intellectuel, elle induit une empathie spectatorielle et un désir d'identification avec ce qui est présenté comme beau et bien. Barthes voit dans l'image fascinante, un épisode hypnotique, ordinairement précédé d'un état crépusculaire. Le sujet-spectateur est désirant en attente d'une vérité et le film installe en quelque sorte un décor mental prédisposant au ravissement. Le leurre est occasionnel mais la structure profonde79(*): « Dans l'image fascinante , ce qui m'impressionne, ce n'est pas l'addition de ses détails ,c'est telle ou telle inflexion(...)dès lors, que m'importe l'esthétique de l'image ?Quelque chose vient s'ajouter exactement à mon désir (dont j'ignore tout)C'est la conformité d'un grand modèle culturel qui viendra m'exalter » Ce mécanisme ainsi décrit par Barthes peut expliquer celui de l'esthétique humaniste au cinéma qui parvient à désarmer intellectuellement le spectateur , capitalise sur son désir de vérité et d'identification, le plonge dans une fascination qui le réduit. * 78 Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux, Editions du Seuil,p225 * 79 Barthes , Ibid;., p226 |
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