TROISIEME PARTIE : LES
TECHNIQUES DE COUVERTURE DU RISQUE DE CHANGE
CHAPITRE I : LES TECHNIQUES INTERNES A L'ENTREPRISE
Les entreprises importatrices et exportatrices voient leur
rentabilité très influencée par les variations de la
valeur des devises.
Ces influences amènent les entreprises à prendre
en considérations des techniques pour la gestion de leur risque de
change.
Les principales influences sont la mondialisation de
l'économie et l'interdépendance des marchés.
La première ne surprendra personne puisque auparavant,
peu d'entreprises avaient l'opportunité d'ouvrir leurs frontières
au reste du monde.
De nos jours beaucoup d'entre elles font des affaires à
l'échelle internationale.
En effet, ces entreprises voient leur développement
s'accélérer grâce à la vente des biens et services
à l'étranger ou encore à l'importation des matières
premières moins coûteuses et de composants de meilleure
qualité.
C'est ainsi que depuis le début des années 1990,
ces phénomènes ont poussé les entreprises à
s'intéresser davantage à la négociation des devises
internationales.
La deuxième, l'interdépendance des
marchés, réside dans le fait que les marchés de change
peuvent générer des réactions en chaîne qui agissent
sur la valeur des devises. L'exemple patent est la hausse des cours du
pétrole et des matières premières qui est provoquée
par un accès généralisé d'incertitude et de
spéculation.
Au demeurant, les entreprises sont amenées à
prendre en charge le risque de change.
Section 1 : Le choix de la monnaie de
facturation
Toute transaction entre un exportateur et un acheteur
étranger a pour conséquence de mettre automatiquement l'une des
deux parties en position de change. Celle-ci devra effectuer une
opération de change au moment du règlement.
· la facturation en euros : c'est
à l'évidence la solution de facilité pour une entreprise
française. Le risque de change est alors supporté par l'autre
partie contractante. Toutefois, vous devrez être attentif au fait que les
conditions de votre compétitivité par rapport à l'offre
d'un concurrent peuvent être modifiées si son offre est
présentée dans une devise autre que l'Euro.
· La facturation en devises : la
facturation dans la devise de l'acheteur présente un avantage commercial
essentiel, mais elle nécessite toutefois, pour nous de nous couvrir du
risque de change.
Quel que soit notre choix, il devra s'appuyer sur une bonne
connaissance de notre prix en euro.
En choisissant sa monnaie plutôt qu'une devise, une
entreprise peut croire que le risque de change est inexistant.
C'est le cas en effet pour elle mais en fait ce risque est
reporté sur la contrepartie commerciale.
A moins d'être le leader incontesté dans un
domaine, ce transfert de risque peut rendre les négociations
commerciales plus difficiles.
Inversement, en acceptant des transactions en devises,
l'entreprise donne une image de professionnalisme et se retrouve en position de
force pour négocier sur d'autres points.
L'entreprise doit par contre, mettre en place une gestion du
risque de change.
A noter que dans certains cas, une entreprise ne
maîtrise pas le choix de la devise. En effet, ce choix peut lui
être imposé par la législation des changes en vigueur dans
le pays en question, par le fait que la devise en question n'est pas
négociable (on ne peut se procurer la devise) ou encore par habitude (la
Livre Sterling est très utilisée par les pays du
Commonwealth).
L'opérateur international doit tenir de divers
éléments. Les uns lui sont imposés par l'environnement,
les autres sont internes à son entreprises.
Parmi les critères exogènes pouvant influencer
la décision de facturer en devises, trois (3) sont
particulièrement importants :
Ø La législation des
changes : il peut arriver que des pays imposent leur monnaie
nationale dans les opérations commerciales avec l'étranger tant
à l'achat qu'à la vente ;
Ø La zone géographique :
certains pays, soit pour des raisons de proximité, soit par le fait de
relations historiques et/ou financières, ont pour habitude de commercer
dans une devise tierce. Celle-ci est en général, le dollar
américain (USD) dans de nombreux pays d'Amérique Latine, du
Moyen-Orient et d'Asie du Sud-Est, La Livre Sterling (GBP) dans les pays
Commonwealth et l'Euro dans la zone Euro ;
Ø Le marché des changes du pays
acheteur : quelquefois, il n'existe pas dans le pays de
l'acheteur, un marché des changes de la monnaie du vendeur.
Dans ce cas, l'importateur a des difficultés à
se procurer la devise du paiement auprès des banques locales et peut
être amené à refuser la transaction commerciale.
Parmi les critères internes que l'entreprise doit
prendre en compte lorsqu'elle a le choix de la devise de facturation,
l'entreprise peut opter pour celle qui :
- compense une position de sens contraire pour le devise
envisagée, elle annule ainsi son risque de change ;
- lui permet un financement à faible taux
d'intérêt ou bien un cours à terme favorable ;
- augmente ses capacités de négociation
auprès de son banquier qui préfère nombre de transactions
avec d'importants volumes unitaires libellés en une ou deux devises.
Dans tous les cas, le trésorier a intérêt
à :
· facturer et/ou payer eu une
« grande » monnaie transférable et servant aux
paiement internationaux. C'est le cas du Dollar américain, de la Livre
Sterling, du Yen et de l'Euro ;
· faciliter la gestion en utilisant peu de devises car
suivre leur évolution n'est pas aisé et nécessite de
nombreuses informations et du temps pour les traiter.
La tentation d'utiliser l'Euro est grande puisque, dans ce
cas, toutes les difficultés précitées disparaissent. En
fait, celles-ci ne sont pas supprimées mais sont
transférées à la société
étrangère qui en tiendra compte en dernier ressort. Ainsi, il
n'est pas toujours souhaitable d'opter pour la politique qui semble, à
priori la plus simple à mettre en oeuvre, c'est-à-dire la
facturation systématique en Euro.
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