Section 3 : Le
marché à terme
Le marché des changes à termes est un
marché dont les conditions de la transaction (quantité et cours)
sont immédiatement déterminées, mais dont la livraison et
le paiement interviendront à une échéance convenue et
prédéterminée.
Ce marché peut être utile pour un exportateur qui
va recevoir des devises à une échéance donnée et
qui souhaite dès maintenant figer le cours de change de son exportation
afin de garantir le produit de ses ventes en devises nationales.
On peut bien évidemment appliquer le même
raisonnement à un importateur qui veut fixer d'avance le coût de
son approvisionnement.
On retrouve également sur le marché des changes
à terme l'existence des contrats de Swaps (d'échanges) de
devises. Ceux-ci constituent un engagement d'acheter (ou de vendre) au comptant
un montant de devises et de revendre (ou racheter) à terme ce même
montant de devises.
3.1. Les caractéristiques du taux de change
à terme
Lorsque le taux de change à terme
(généralement exprimé avec 4 chiffres après la
virgule) d'une monnaie est supérieur à son taux de change au
comptant, le taux de change à terme est en report. Dans la situation
inverse, il est en déport. Le report (ou le premium) est l'écart
entre le taux de change à terme et le taux de change au comptant. Par
exemple si le taux de change au comptant est de 5 FRF et le taux de change
à terme es de 5,0500 FRF le report est de 0,05. il est aussi possible de
rire qu'il y a 500 points de terme ou encore que le taux implicite du terme es
de 4 %. Dans ce cas, le calcul suivant est effectué : [(0,05/5) *
(12/3)]. Les cambistes de banque ont aussi l'habitude de coter le taux de
change à terme en fonction du taux de change au comptant. De ce fait, le
taux de change au comptant et les points de terme sont exprimés. Le
signe est implicite : il y a report si les points à terme sont plus
faibles pour le cours acheteur que pour le cours vendeur (le cours acheteur est
le cours qui est exprimé en premier) et inversement pour le
déport.
La généralisation et la formalisation de la
détermination du taux d'intérêt présentée
dans l'exemple précédent permettent d'aboutir à
l'expression du taux de change à terme en fonction du taux de change au
comptant.
3.2. Le marché à terme et le risque de
change
L'exportateur qui a signé un contrat commercial en
devises étrangères redoute une baisse du cours de sa devise de
facturation. S'il veut se couvrir contre le risque de change à l'aide du
marché interbancaire à terme, dès la signature du contrat,
il va vendre à terme sa créance. Ainsi, dès ce jour, il va
connaître la somme en FRF qu'il recevra à terme
(c'est-à-dire lors du règlement par son client). De ce fait, il
est insensible aux éventuelles fluctuations des cours de change entre la
date de la signature de son contrat et le moment de l'encaissement de sa
créance.
L'importateur qui effectue des achats en devises
étrangères et qui bénéficie d'un certain
délai de règlement, lui, craint, une hausse du cours de sa devise
de facturation. En effet, cette hausse se traduirait pour lui par un
renchérissement du coût de ses achats. De ce fait, s'il veut se
couvrir contre le risque de change, dès la conclusion de son contrat
d'achat, il peut acheter à terme les devises qui lui seront
nécessaires pour régler sa dette.
Ainsi, il connaîtra immédiatement le montant de
son achat en FRF en ayant recours au cours à terme.
Remarques :
· un achat à terme de devises ne nécessite
pas de sorties de fonds. Le transfert de fonds n'intervient qu'à
l'échéance, ce qui est un avantage conséquent par rapport
à un achat au comptant de devises ;
· le coût de ce type de couverture apparaît
à travers l'expression du taux de change à terme qui est
dépendant du taux de change au comptant. Ainsi, lorsqu'il y a report, le
taux de change à terme étant supérieur au taux de change
au comptant, le coût d'achat des devises à terme est plus
élevé que le coût d'achat de devises au comptant (mais dans
ce cas, la vente à terme de devises est plus intéressante que la
vente de devises au comptant). En revanche, en situation de déport le
coût d'achat à terme de devises est plus faible que le cours
d'achat au comptant de devises. Par conséquent, le coût d'une
couverture sur le marché interbancaire à terme est
dépendant du différentiel de taux entre le cours au comptant et
le cours à terme.
3.3. Les contrats à
terme
Un contrat à terme correspond à une position
ferme sur un marché organisé de prendre livraison ou de donner
livraison à une date donnée d'un produit sous-jacent à un
prix prédéterminé.
Les produits sous-jacents d'un contrat à terme peuvent
être des actifs financiers, tels que des indices boursiers ou des
obligations, ou encore des marchandises ou des matières premières
telles que les produits pétroliers, les céréales ou les
métaux. Ces contrats standardisés précisent la
quantité et la qualité des actifs qui constituent le sous-jacent
du contrat.
L'intérêt des contrats à
terme :
Un contrat à terme sur un marché organisé
consiste à prendre une position ferme d'achat ou de vente d'un
sous-jacent à un prix fixé à l'avance, à une
échéance déterminée et pour une quantité
donnée. A titre d'exemple, on peut citer les contrats à terme qui
portent sur les obligations de première signature ou les contrats
à terme de marchandises tels que les contrats de blé ou de
cuivre, d'aluminium et de zinc. Ces contrats permettent de fixer un prix
d'achat ou de vente pour une échéance future. Ils offrent une
possibilité de gestion du risque de prix de marchandises ou du risque du
taux d'intérêt.
Ø Le producteur de
céréales
Lors d'une décision de production d'un champ de
blé ou de maïs, le critère véritablement
sélectif est celui du plan de production. Une fois la production
imposée, le producteur est dans l'obligation de prendre une
décision de valorisation. Dans une telle situation, il dispose de deux
stratégies de base :
· ne rien faire et attendre afin de valoriser la
production dans le futur. Cette stratégie est fréquemment
utilisée. Elle est fortement spéculative compte tenu de la
volatilité des prix sur le marché des
céréales ;
· la valorisation immédiate de la production par
une vente à terme. Cette stratégie fixe définitivement le
prix, protège le producteur d'une baisse des cours mais ne lui permet
pas de profiter d'une hausse des cours.
Chaque stratégie peut être
préférable à l'autre pour différentes conjonctures
et selon l'anticipation de l'évolution des cours par le producteur. La
stratégie optimale consiste donc en une combinaison des ces trois
stratégies au cours du temps.
Ø Le raffineur de produits
pétroliers :
Les critères de décision du raffineur reposent
sur la quantité de produits à transformer, sur la date d'achat du
brut et sur l'horizon de raffinage. Le plan de raffinage est essentiel afin
d'assurer la marge bénéficiaire. Les produits pétroliers
sont en effet des matières premières difficiles à stocker.
Il est alors intéressant pour le raffineur de mettre en place une
stratégie de stockage virtuel sur les marchés à terme. Les
coûts de stockage étant souvent supérieurs aux marges de
raffinage, cette méthode permet de réduire la marge de raffinage
sans diminuer pour autant la marge bénéficiaire. En fait,
l'ensemble des raffineries fonctionne en flux tendus et dispose de la
stratégie de valorisation suivante :
· l'achat à terme d'une quantité de brut
à 3 mois qui correspond à la capacité de raffinage de
l'entreprise ;
· la valorisation immédiate de la production par
une vente à terme de contrat de fioul domestique et/ou d'essence sans
plomb compte tenu du plan de raffinage fixé en fonction de la demande
sur le marché.
Ces deux opérations sur le marché à terme
des produits pétroliers permettent au raffineur de fixer à
l'avance sa marge bénéficiaire sans avoir à se soucier de
son approvisionnement en brut dans les 3 mois ni de la vente de ces produits
raffinés à l'échéance.
A l'échéance des 3 mois, le raffineur sera en
mesure de bénéficier de son opération de couverture. Si le
prix du brut a augmenté, le bénéfice qu'il
réalisera sur le marché à terme lui permettra
théoriquement de compenser cette hausse des prix. Si le prix du brut sur
le marché au comptant s'est déprécié, alors le gain
qu'il réalisera sur l'achat du brut lui permettra de rembourser la perte
enregistrée sur le marché à terme. En cas de rupture des
stocks, le raffineur aura toujours la possibilité de se fournir en brut
en prenant livraison sur le marché à terme. A la fin du processus
de raffinage, si le marché ne lui offre pas de meilleurs
débouchés que les contrats de vente à terme, il aura la
possibilité de livrer son stock sur le marché à terme et
de conserver ainsi sa marge de raffinage.
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