2.3.5. Les opérations de
change au sein des pays de la zone CFA
L'avènement de l'Euro le 1er janvier 1999,
bien que purement formel, a bouleversé nos habitudes et doit nous
inciter à la plus grande attention lors des opérations de
change.
Le franc CFA étant historiquement lié au franc
français par une parité fixe, il en résulte que les
règles précédentes s'appliquent ipso facto aux
opérations de change pratiquées dans les pays de la zone CFA sous
réserve des adaptations nécessaires, et notamment de la
parité fixe : 1 FRF = 100 XOF qui permet de déterminer la
parité euro - CFA : 1 EUR = 655,957 XOF.
Toutes les opérations de conversion doivent s'effectuer
en euro. Ainsi, par exemple, pour convertir du dollar en francs CFA, la somme
en dollars doit d'abord être convertie en euros et ensuite le nombre
d'euros obtenu sera converti en francs CFA selon la parité fixe de 1
euro pour 655,957 XOF.
Les opérations de change : CFA - devises hors Zone
Euro
Le cours de ces devises variant quotidiennement, le banquier
supporte un risque de change contre lequel il se prémunit en appliquant
aux opérations d'achat un cours inférieur à celui
pratiqué pour la vente.
Exemple : cours du franc suisse (CHF)
Achat : 1 EUR = 1,6373 CHF
Vente : 1 EUR = 1,5451 CHF
A ce différentiel de cours s'ajoute une commission
assortie généralement d'un minimum de perception.
Afin d'expliciter ce différentiel de cours et les
techniques de conversion exposées précédemment, il peut
être utile de raisonner sur deux exemples pour lesquels nous retiendrons
les cours « achat » et « vente »
supposés ci-dessus et une commission de 3 % (à laquelle s'ajoute
la TPS « Taxe sur Prestation de Service » de 10 %).
- Change de 1 000 CHF en XOF
La banque achète les francs suisses et
doit donc retenir le cours « achat »
1 000 CHF = 1 000 / 1,6373 = 610,76162 EUR
610,76162 EUR = 610,76162 x 655,957 = 400 633,360 XOF
Résultat final arrondi au franc le plus proche, soit
400 633 XOF
Commissions HT 400 633 x 3 % = 12 019
TPS : 12 019 x 10 % = 1 202
Net à payer au client : 400 633 - (12 019 + 1 202)
= 387 412 XOF
- Change de 400 000 XOF en CHF
La banque va vendre des francs suisses au
client et doit donc retenir le cours « vente ».
L'opération s'effectue en deux temps :
- un calcul estimatif pour déterminer la somme exacte
en CHF qu'il sera possible de délivrer au client ;
- un calcul définitif pour déterminer le
coût de l'opération.
2.3.6. Le taux de change au
comptant
Le taux de change est le prix d'une devise en terme d'une
autre monnaie.
Le taux de change peut être coté de deux (2)
manières différentes :
- dans la première : le taux de change est le prix
d'une unité de devises étrangères (le plus souvent le
dollar américain) en terme de monnaie nationale. Exemple : le 9
mars 2005 : 1 $ = 1,2086 CAD à Montréal et à
Zurich USD 1 = 1,1622 CHF.
Cette modalité de cotation est dite
« à l'incertain ». Elle est
utilisée sur toutes les places financières du monde à
l'exception de celle du Royaume-Uni, Irlande, Australie, Nouvelle
Zélande et de quelques autres pays influencés par la culture et
les traditions britanniques ;
- dans la seconde formulation dite cotation
« au certain », le taux de change est le
prix d'une unité monétaire nationale en termes de monnaies
étrangères. A Londres par exemple, le 2 septembre 2003, la Livre
Sterling cotait 1 GBP = USD 1,9214.
Les deux (2) modes de cotation traduisent une même
réalité et sont parfaitement identiques. A un instant
donné, le produit de ces 2 cotations pour 2 devises est égal
à 1 ; on passe donc de la première cotation à la
seconde (de la seconde à la première) en faisant le rapport 1 /
le cours.
Exemple : le 9 février 1999 coté
à l'incertain le CAD valait USD1 = 1,4948 CAD, coté au certain,
il se négociait à : 1 CAD = USD 0,6690.
On peut vérifier que le produit de ces 2 cotations est
égal à 1.
Les cotations sur le marché au comptant sont faites
sous la forme de 2 prix :
- un cours acheteur et,
- un cours vendeur.
Le cours acheteur est le prix auquel la banque se propose
d'acheter les devises,
le cours vendeur est le prix auquel la banque se propose de
les vendre.
Exemple : au lieu d'avoir USD 1 = 1,4948 CAD, on a
en réalité :
USD 1 = 1,4948 - 1,4956 CAD.
Lorsqu'une banque annonce cette fourchette, cela signifie
qu'elle est prête à acheter du dollar américain sur la base
de USD 1 = 1,4948 CAD et à le vendre au prix de USD1 = 1,4956 CAD.
Ce qui est vrai du dollar américain par rapport au
dollar canadien l'est également de toutes les autres couples de
devises.
La différence entre le cours vendeur et le cours
acheteur représente la marge de la banque (on parle également de
« spread » ou de fourchette). Cet
écart varie légèrement d'un établissement à
l'autre. La plus ou moins grande agressivité de la banque est sa
position dans la devise considérée.
La différence entre les cours offerts et les cours
demandés est généralement bien faible et inférieur
à une « figure ». Ce terme est
utilisé par les cambistes pour définir le 2e chiffre
après la virgule.
Lorsque le taux de change passe de USD 1 = 0,6550 CAD à
USD 1 = 0,6750 CAD, on dit qu'il a varié de 2 figures. Elle peut
cependant s'accroître sensiblement lorsque les marchés deviennent
nerveux, étroits ou illiquides, la fourchette peut alors atteindre
plusieurs figures.
Bien que les cours soient exprimés avec une fourchette,
il est toujours possible et facile de passer d'une cotation à
l'incertain du dollar canadien à Montréal à une cotation
au certain et réciproquement.
Soit la cotation à l'incertain du dollar canadien
à Montréal à partir de la cotation USD1 = 1,4940 - 1,4956
CAD, il est possible d'évaluer le prix du dollar canadien par rapport au
dollar américain (c'est-à-dire obtenir une cotation au certain du
dollar canadien).
Le cours acheteur du dollar canadien est obtenu en inversant
la valeur du cours vendeur du dollar américain.
Exemple : cours acheteur CAD = 1 / 1,4956
= 0,6686
cours vendeur CAD = 1 / 1,4940 = 0,6693
Ainsi, au certain on aura : 1CAD = USD 0,6686 -
0,6693.
Ces écarts entre le cours acheteur et le cours vendeur
se retrouvent sur le marché des billets mais les fourchettes
appliquées sont très supérieures à celles du
marché interbancaire. Elles sont par ailleurs, différentes d'une
banque à l'autre à un même moment du temps.
Taux de change fixe ou flottant
Le taux de change d'une monnaie est :
· soit fixe, autrement dit constant par rapport
à une monnaie de référence (en général le
dollar américain ou l'euro), par décision de l'Etat qui
émet cette monnaie. Le taux ne peut alors être modifié que
par une décision de dévaluation (ou de
réévaluation) de cet Etat. Un Etat ne peut cependant pas
décider d'adopter n'importe quel taux de change de sa monnaie. S'il fixe
ce taux de change à un niveau trop haut ou trop faible, le taux de
change pourra être « attaqué » sur le
marché des changes. Si les autorités monétaires n'arrivent
pas à faire face (grâce à leur réserve de change),
elles devront modifier leur parité.
· soit flottant et déterminé
à chaque transaction par l'équilibre entre offre et demande sur
les marchés des changes. Il s'agit d'un marché mondial
interbancaire des monnaies, de moins en moins centralisé sur des lieux
spécifiques de cotation et d'échanges, car reposant sur des
liaisons informatiques entre banques.
Le taux de change est :
· soit un cours « spot »,
c'est-à-dire « au comptant », pour les achats et
ventes immédiats de devises,
· soit un cours « forward »,
c'est-à-dire « à terme », pour les
opérations de change à échéance future.
Les analyses de la volatilité des taux de
change :
Certains économistes avancent que l'évolution
des taux de change répond à certaines variables fondamentales,
alors que d'autres préfèrent expliquer les fluctuations de taux
de change à partir d'autres arguments.
A - Les variables fondamentales déterminant
le taux de change :
1. Le solde de la balance des transactions
courantes
Une balance des transactions courantes excédentaire
devrait se traduire par une appréciation du taux de change ;
inversement dans le cas d'une balance des transactions déficitaires.
2. La parité des pouvoirs d'achat
(PPA)
Au cours des années 1920, un économiste
suédois Gustav Cassel met en évidence la relation entre le taux
d'inflation entre deux pays et le taux de change de leur monnaie. Ainsi, ce
dernier doit s'établir de telle sorte que le prix national et les prix
des produits étrangers soient identiques.
Ainsi, un pays qui subit une inflation plus forte que celle de
ses partenaires commerciaux devrait voir sa monnaie
dépréciée.
Baisse des exportations
Dépréciation du taux de change
Déficit de la balance des transactions courantes
Inflation
Hausse des importations
Ce mécanisme a longtemps fonctionné pour le
franc français qui se dépréciait par rapport au mark
notamment pendant les années 1980, le taux d'inflation en France
étant supérieur à celui de l'Allemagne, surtout avant la
réunification allemande.
Exemple : si un bien se vend 3 400 FRF en France,
1 000 DM en Allemagne. Selon la théorie des parités des pouvoirs
d'achat, le taux de change d'équilibre doit être de 3 400 / 1 000,
soit 1 DM = 3,40 FRF. Si le taux d'inflation est de 5 % en France et de 2 % en
Allemagne, le nouveau taux d'équilibre s'établira à :
(3 400 x 1,05) / (1 000 x 1,02), soit 1 DM = 3,50 FRF.
3. L'influence des taux
d'intérêt
Un placement doit théoriquement avoir la même
rémunération, le même rendement quel que soit le pays
considéré. Un investisseur place ses capitaux à
l'étranger car il espère obtenir un gain soit de change, soit
d'intérêt. Donc, la différence entre les taux de change
doit compenser la différence entre les taux d'intérêt pour
rendre l'investisseur indifférent entre les deux pays pour placer ses
capitaux.
Si un pays désire augmenter le taux de change de sa
monnaie, il peut le faire en attirant les capitaux, c'est-à-dire en
relevant le taux d'intérêt.
La hausse des taux d'intérêt entraîne moins
de sortie de capitaux nationaux, une diminution de l'offre nationale et une
hausse du taux de chante.
B - Les autres déterminants du taux de
change
1. La théorie du portefeuille
Les titres (étrangers ou nationaux) qui ont le meilleur
rendement vont être achetés par les détenteurs de capitaux,
ce qui entraîne l'appréciation de la monnaie du pays où le
titre a le meilleur taux d'intérêt.
2. La théorie de la surréaction des taux
de change
Les variations précédentes peuvent expliquer
assez convenablement les variations des taux de change à long terme,
mais certainement pas à court terme.
Selon certains économistes, l'instabilité des
taux de change provient de ce que les vitesses d'ajustement sont
différentes sur les marchés financiers et les marchés des
biens et services. En fait, les prix (cours) sur les marchés financiers
(actions, obligations, devises) s'ajustent instantanément aux variations
de l'offre et de la demande alors les prix des biens et des services sont
beaucoup plus rigides à court terme.
Ainsi, les mouvements des taux de change à court terme
sont plus importants par rapport à ce qu'ils auraient été
à long terme.
3. La théorie de la bulle
spéculative
L'idée de base est qu'il peut y avoir des écarts
durables entre les cours constatés et ceux qui découleraient des
variables fondamentales, sans pour autant que les opérateurs soient
irrationnels.
Dans cette logique, il s'agit d'étudier comment les
anticipations et le comportement des opérateurs agissent sur la
détermination des taux de change. Il suffit que la majorité des
opérateurs prévoient un cours, et agissent en fonction de ce
pronostic, pour qu'il soit réalisé, ce qui renforce
l'anticipation. Le cours correspond dès lors à sa valeur
anticipée ; on dit que les anticipations sont
autoréalisées : la « bulle » se
forme.
Mais les « bulles » finissent par
éclater car, selon le même principe de mimétisme qui avait
prévalu lors de la formation de la « bulle », les
rumeurs annoncent un jour le revirement des cours et les anticipations se
portent alors vers la baisse.
Aujourd'hui, les facteurs financiers ont une plus grande
influence sur le taux de change que les facteurs économiques.
Puisque la devise d'un pays est à la base une
créance détenue sur la banque centrale de ce pays, la
détention d'une devise étrangère peut être vue comme
la détention d'une créance « à vue »
sur le pays qui l'a émise.
|