II.8.3. Etat du réseau
hydraulique de la CAMEP
La Centrale Autonome Métropolitaine d'Eau
Potable (CAMEP), entreprise parapublique, chargée de l'approvisionnement
en eau potable de la Région Métropolitaine de Port-au-Prince,
d'une population de 2.164.207 habitants environ, a une production de 40
millions de m3 d'eau par an provenant de 12 forages de la Plaine du
Cul-de-Sac (totalisant 264 litres/sec.) et 17 sources du massif de la Selle
(totalisant un débit de 923 litres/sec). Cette production ne garantit
que 11,85 m3/ habitant/an, ce qui est nettement inférieur
à la dotation minimale de 36,5 m3/habitant/an (TRACTEBEL,
1998). Cette situation donne naissance à ce qu'on appelle la
problématique de l'eau. En outre, les sources captées pour
l'approvisionnement en eau potable sont contaminées par les
excréta humains du fait que les zones non
aedificandi créées autour de chaque source n'ont
pas été respectées (HOLLY, 1998). La dégradation du
réseau par la réalisation de raccordements clandestins, mal
conçus, et le fait que le réseau n'est pas toujours en charge,
causent des fuites multiples, et entraînent par conséquent la
baisse de la qualité de l'eau distribuée. Les matières
fécales déposées par les eaux de ruissellement provenant
des pluies s'infiltrent dans les canalisations d'eau potable de surface qui
courent le long des rues et contaminent le réseau de distribution.
Figure 2: Illustration de
la production et de la distribution publique de l'eau
d'alimentation
II.8.4. Inefficacité du
mode de traitement des eaux
En Haïti, la chloration reste le seul mode
de traitement appliqué à l'eau brute destinée à la
consommation humaine. Théoriquement, la désinfection au chlore
est très économique et très efficace (EMMANUEL &
LINDSKOG, 2002). Toutefois d'après FAYER et al., (1998) les
ookystes de Cryptosporidium font partie des pathogènes les plus
résistants aux types de traitement classique telle que la
désinfection chimique.
L'efficacité d'un
traitement chimique vis-à-vis de l'élimination des
microorganismes dépend principalement de la concentration [C] du
désinfectant, de la ou des substances utilisées et du temps [T]
de contact. Pour un microorganisme donné, le produit de ces deux valeurs
est voisin d'une constante, exprimée en mg.L-1.min :
[C] x [T] = constante CT
Le Tableau 2 présente d'une part, pour un traitement
effectué aux doses et temps de contact habituellement pratiqués
dans les installations, l'importance de l'abattement possible en
cryptosporidies et, d'autre part, les valeurs des « CT »
correspondant à 1 et 2 logarithmes d'abattement (BAUDIN et al.,
2001). Ce tableau montre que pour l'élimination des cryptosporidies,
dans les conditions réelles de fonctionnement des installations, les
traitements de chloration ne sont pas efficaces.
Tableau 2 : Efficacité
des traitements chimiques des eaux au regard des cryptosporidies (BAUDIN et
al., 2001)
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