II.6.
Appréciation des effets chez l'homme
La maladie due à
Cryptosporidium sp. est connue sous le nom de
cryptosporidiose. Chez l'Homme, la cryptosporidiose est de
gravité variable suivant le terrain. Chez le sujet
immunocompétent, la cryptosporidiose survient après une
incubation de 9 jours et de 12-13 jours chez les patients infectés par
le VIH (JOKIPII & JOKIPII, 1986).
Les symptômes durent 12 à 18 jours,
pouvant se prolonger jusqu'à 40 jours, même chez les patients
immunocompétents (STEHR-GREEN et al., 1987). Les signes
cliniques associant diarrhée aqueuse (en moyenne 6 à 12 selles
par jour suivant les études), douleurs abdominales, asthénie,
nausées, vomissements sont présents dans plus de 80% des cas. Une
fièvre modérée (38°- 38°5C) est observée
dans 40 à 60% des cas. On observe une perte de poids (en moyenne 4,5 kg)
dans 50 à 75% des cas. Une hospitalisation est nécessaire dans un
faible pourcentage de cas, principalement pour réhydratation. La
durée d'émission des ookystes est de 3 à 8 jours (maximum
rapporté: 90 jours) A ce jour, il n'existe aucun traitement de la
cryptosporidiose. Seules la paramomycine et la
nitazoxanide ont une efficacité partielle sur les
symptômes mais ne permettent pas d'éliminer le parasite (AFSSA,
2002).
II.6.1. Facteurs de
risques
Dans la cryptosporidiose humaine ou animale,
l'âge et le statut immunitaire de l'hôte apparaissent comme des
facteurs de risque essentiels. En revanche, le rôle des facteurs de
virulence propres au parasite reste actuellement difficile à
évaluer.
a) Facteurs de risque liés à
l'hôte
Sur la base d'observations
épidémiologiques et expérimentales, le jeune âge et
le déficit immunitaire de l'hôte sont les deux principaux facteurs
de risque identifiés, aussi bien chez l'animal que chez l'Homme. Enfin
il faut préciser qu'en zone tropicale et dans des conditions
socio-économiques défavorables, la cryptosporidiose de l'enfant
s'associe à un risque de diarrhée prolongée, de
malnutrition et éventuellement de retard de développement
psychomoteur (AGNEW et al., 1998 ; GUERRANT et al., 1999).
b) L'état immunitaire : Chez
l'Homme
Le rôle de l'immunité cellulaire dans
la pathogénie de la cryptosporidiose a été clairement
établi chez l'Homme, essentiellement par les observations cliniques et
épidémiologiques effectuées chez des malades
immunodéprimés, en particulier au cours du SIDA :
- La cryptosporidiose au cours du SIDA a plusieurs
particularités. La susceptibilité à l'infection est
croissante avec la diminution du taux de lymphocytes CD4 sanguins. Le risque
est multiplié par 2 pour un taux de 500 à 1000 lymphocytes
CD4/mm3, par 3,6 pour un taux de 100 à 200 et par 6 pour un
taux <100 (POZIO et al., 1997). L'infection par Cryptosporidium
s'associe à un risque 3 fois plus élevé de
présenter des manifestations cliniques à la suite d'une
contamination, avec une symptomatologie dont la sévérité
croit avec la diminution du taux de CD4 : diarrhée prolongée et
fréquence plus élevée de douleurs abdominales. Au cours
d'une épidémie dans une communauté de toxicomanes, un taux
d'attaque de cryptosporidiose de 16,6% a été observé chez
les malades VIH-, versus 30,7% chez les sujets VIH+ (POZIO et al.,
1997). La maladie est fréquemment chronique (plusieurs mois à
plusieurs années) avec persistance de l'émission d'ookystes et
des symptômes cliniques sans guérison parasitologique.
Cette chronicité entraîne plusieurs
type de complications : déshydratation, malabsorption, atteinte des
voies biliaires, justifiant des hospitalisations, voire des interventions
chirurgicales pour cholécystectomie (MC. GOWAN et al., 1993 ;
VAKIL et al., 1996). La cryptosporidiose s'associe à une
mortalité directement liée à ces complications (HOXIE
et al., 1997).
La description de Cryptosporidium parvum,
l'appréciation de l'émission du danger, et des effets chez
l'Homme montrent à quel point sa présence dans l'eau de boisson
peut avoir de sérieuses répercussions sur la santé des
consommateurs.
Cependant à Port-au-Prince, capitale haïtienne, la
présence des ookystes de Cryptosporidium sp. a
été décelée d'après les résultats des
récentes études effectuées par BRASSEUR et al.
(2002) sur la circulation de ces derniers dans l'eau de boisson,
distribuée par adduction publique.
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