CONCLUSION GENERALE
Cette recherche visait l'étude de l'impact du message
de peur en communication sociale préventive sur les comportements des
consommateurs face au phénomène de la dépigmentation
volontaire de la peau. Pour atteindre cet objectif, notre travail a
été divisé en deux principales parties :
ü La première partie a donné un
cliché du secteur cosmétique camerounais et de la pratique
communicationnelle en santé publique et en santé de la peau.
ü La seconde partie a permis de passer en revu les
conclusions des travaux des précurseurs des théories sur l'impact
des messages phobiques sur les comportements dangereux en communication sociale
préventive dans des secteurs autres que celui des cosmétiques. Il
ressort de cette première partie :
· Que le secteur des cosmétiques blanchissants a
de bons scores sur le marché camerounais,
· Que cette performance pose un mal social qui est celui
de la dépigmentation volontaire de la peau ou décapage,
· Que le décapage est dangereux pour les
consommateurs de ces produits,
· Que le ministère de la santé publique et
les dermatologues ne s'y intéressent qu'à une échelle
microscopique.
· Que bien qu'ayant eut du succès ailleurs en
communication sociale préventive, la peur n'a pas encore
été utilisée au Cameroun pour décourager les
mauvais comportements sociaux.
Les travaux des prédécesseurs en communication
sociale préventive ont abordé les fléaux tels que le
tabagisme, l'alcoolisme, l'insécurité routière. Pour
traiter la question de l'impact de la peur en communication sociale sur le
comportement des consommatrices des cosmétiques par rapport au
décapage, nous avons adopté une démarche positiviste. Un
modèle provisoire a été conçu et a permis de
formuler les hypothèses principales de recherche suivantes :
H 1. Le message de la peur influence significativement la
perception.
H 2. La perception a une influence significative sur le
comportement de la cible.
H3. Les caractéristiques de la cible ont une influence
sur la perception.
H4. Les caractéristiques de la cible ont une incidence
sur le comportement adopté.
La deuxième partie du travail a été
consacrée à l'enquête quantitative menée sur le
terrain et au traitement des résultats obtenus. Les 50 avis recueillis
auprès des camerounaises de la ville de Yaoundé
âgées de 15 à 55 ans ont permis d'arriver sur le plan
descriptif, aux conclusions suivantes:
· Devant un MPM, 78% d'interviewées comptent
adopter le comportement préconisé par l'annonceur.
· Devant un MPF, les personnes les plus
âgées et les personnes non décapées sont plus
réceptives au message et comptent adopter le comportement
préconisé par l'annonceur.
· Devant un MPFo, quelques soit l'âge et le sexe,
au moins 92% d'interviewées comptent adopter le comportement
préconisé par l'annonceur. La perception forte est dominante
à 95%.
· La perception, la condition et l'âge de la cible
auraient une incidence sur le comportement à adopter.
Mais une étude explicative approfondie des diverses
variables montrera en réalité que :
· Devant un message (faible, modérée ou
forte), la cible ne percevra pas de risques majeurs, ne sera pas
persuadé d'arrêter de se décaper (si elle se décape)
ou que le décapage est mauvais et sera insensible au message. Les
annonceurs sociaux ne pourront pas espérer voir le
phénomène du décapage être éradiqué.
· La population non décapée est plus
prédisposée à s'adapter au message que la population de
femmes décapées. En effet, l'étude montre que l'individu
fortement adonné au décapage crée face au message un
processus de contrôle de la peur qui est alors à l'origine du
dénigrement du message, du contournement de la situation et par
conséquence du refus de s'adapter.
· La condition de la cible a une influence significative
sur le comportement à adopter.
· Il n'existe pas de perception modérée et
de perception forte pour l'étude du phénomène du
décapage auprès des camerounaises de 15 à 55 ans de la
ville de Yaoundé ; soit ces dernières perçoivent
faiblement les risques encourus, soit elles ne la perçoivent pas du tout
et restent indifférentes au sujet (PF et PN).
Les campagnes de communication sociales préventives
tournées vers les consommateurs ne contribueraient pas à voir
reculer le phénomène du décapage en temps réel.
Aussi, d'autres solutions doivent être envisagées au
préalable pour sonner l'alerte et réagir face à ce
fléau. Il s'agit de l'augmentation des droits et taxes sur les produits
de consommation dangereux au bien-être des personnes, la
dénonciation et la sanction des entreprises productrices ou
importatrices des cosmétiques dangereux, et des sanctions pénales
pour les utilisateurs présentant des signes cliniques de
décapage.
Notre recherche connaît sans doute des limites que
les études ultérieures pourraient éventuellement combler.
Aussi, une étude du consommateur des produits décapants et de son
comportement donnera certainement une meilleure compréhension des
motivations de la cible et son attachement au décapage, l'opacité
de la cible avec le phénomène du décapage, le poids des
autres caractéristiques de la cible dans sa décision de s'adapter
ou pas au message, et bien d'autres pistes de recherche latentes au propos du
décapage en communication sociale préventive.
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