CONCLUSION
Nous voici maintenant à terme de notre travail de
recherche scientifique qui a porté sur « la consommation et la
production locale face à la mondialisation : cas des produits
agroalimentaires vendus dans les supermarchés et alimentations de la
ville de Goma ».
En effet, tout au début, nous avons
évoqué a priori le problème auquel le monde en
général et la RD Congo en particulier voire la ville de Goma font
face aujourd'hui dans le secteur de l'alimentation et surtout en produits
agroalimentaires ; nous avons ensuite évoqué la
manière dont tous, nous sommes sujets des effets (économiques
« commerciaux ») de la mondialisation et ce, à tous
les niveaux de notre vécu quotidien jusque même dans nos modes de
consommation des produits qui ont constitué notre recherche.
Partant de tout ce qui vient d'être évoqué
précédemment, nous avons soulevé la grande question sur
base de laquelle est fondé ce présent travail à
savoir : qu'est ce qui justifie la prédominance des produits
agroalimentaires en caractère étranger par rapport aux
« mêmes » produits fabriqués localement dans
la quasi-totalité des super marchés et alimentations de la ville
de Goma. Et pour y parvenir, nous sommes partis des hypothèses
suivantes :
- La production locale (l'offre locale) serait beaucoup plus
préférée mais serrait inférieur à la
demande locale, ce qui pousserait les vendeurs (distributeurs) à
importer d'autres produits semblables ;
- La production locale ne réunirait pas tout le
conditionnement commercial, ce qui ferrait qu'elle soit rejetée par
les consommateurs à la place des produits importés ;
- Le produits importés coûteraient moins chers
que ceux fabriqués localement ;
- Le manque d'information auprès de consommateurs
locaux serait le grand problème qui découragerait les
distributeurs à s'approvisionner auprès des fournisseurs locaux
(producteurs locaux).
A l'issue des différentes analyses menées, nous
avons abouti aux résultats suivants :
- En ce qui concerne l'appellation
« supermarché », c'est à partir de 2007
qu'une seule entreprise a été enregistrée sous cette
dénomination et donc les autres sont tout simplement des alimentations,
d'où c'est pour des raisons marketing qu'elles utilisent la
dénomination « supermarché » ou en anglais
super market.
- Sur les 14 produits proposés pendant l'étude,
nous avons repéré seulement 12 soit 85,7% de tous les produits
dans le supermarché et 13 soit 92,8% dans les autres alimentations.
- Le manque des autres produits a été
justifié par leur mauvais conditionnement et qualité de la part
des leur producteurs, ce qui confirme partiellement notre deuxième
hypothèse,
- En ce qui concerne la fourniture des produits
étudiés, pour le supermarché, nous avons trouvé que
80% des produits agroalimentaires sont fournis potentiellement par les
étrangers et les autres 20% sont fabriqués localement par
l'entreprise elle-même, et c'est surtout dans la pâtisserie (pain,
cake, gâteaux,...). Ceci veut dire que l'offre locale n'est pas à
même de couvrir la demande en ces produits, ce qui confirme notre
première hypothèse ; tandis que les consommateurs potentiels
sont à 70% des locaux. Par contre, la plus part des autres
alimentations s'approvisionnent à 90% auprès des grands
distributeurs « les grossistes » qui importent tandis que
leurs consommateurs potentiels sont également à 95%
constitués des locaux , cela réaffirme notre première
hypothèse ;
- Toujours en rapport avec notre deuxième
hypothèse, pour la plupart des alimentations enquêtées, les
volumes des ventes diminuent suite aux mauvais conditionnements des
produits ; d'autres estiment que les prix-fournisseurs sont trop
élevés et d'autres encore, ils ne sont pas tout simplement
informés de l'existence de la production locale dans la ville, ce qui
vient confirmer notre quatrième hypothèse.
- Quant à la possibilité de substituer les
importations à la production locale, il s'est avéré qu'il
faille pour cela que le conditionnement des produits agroalimentaires locaux
soit amélioré, les producteurs locaux doivent fournir d'effort
pour ajuster leur prix à la concurrence de l'importation, ils doivent
rapprocher la qualité de leurs produits à celle des produits
importés et enfin, il faut que l'offre locale soit à mesure
d'égaliser la demande locale.
- Après avoir déterminé le coefficient
d'élasticité de la demande par rapport au prix, il s'est
avéré que l'augmentation de 1%, du prix des produits
agroalimentaires vendus dans les entreprises enquêtées, par
rapport au prix du marché pour les mêmes produits, va
entraîner une augmentation de la demande de 0,4% pour les produits
importés et de 0,12% pour les produits fabriqués localement.
Partant de cette extrapolation, nous comprenons que la différence des
prix explique aussi à moindre pourcentage la demande d'une
catégorie des produits (ceux importés) par rapport à
l'autre (locaux), ce qui réaffirme notre troisième
hypothèse.
Cette situation nous a amené à la conclusion
selon laquelle, il s'agit des biens considérés comme produits de
luxe par leurs consommateurs potentiels et donc ils sont destinés
à une classe supérieur des gens (les riches) ; ce que nous
avons appelé « effet Veblen ».
Il est vrai que ces résultats ci-haut
présentés affirment à quel point la mondialisation a une
influence dans notre mode de consommation au niveau de la ville de Goma ;
d'où si les supermarchés et/ou alimentations surachalandent leurs
étagères en produits importés en prétendant que
leurs consommateurs potentiels ne font aucune indignation quant au manque de
certains produits locaux pourtant considérés comme produits de
base, cela est une fausse affirmation d'autant plus qu'en principe elles
devront d'abord chercher à les étaler car la loi de
débouché stipule que « l'offre crée sa
propre demande » ; à cela s'ajoute le fait que les
consommateurs ne s'intéressent pas pour la plupart d'entre eux, à
la façon dont ont été fabriqués ces produits
importés, d'où la crainte à long terme de leurs effets
désastreux à l'organisme que si l'on consommait les produits
locaux dont on est sensé maîtriser les origines, c'est là
encore un des effets de la mondialisation sur la consommation.
Ainsi les régimes alimentaires des populations
étant définis en premier lieu par la composition de
l'alimentation, ils dépendent par conséquent des productions
locales, du niveau de vie des habitants, du prix des produits alimentaires et
des habitudes alimentaires d'une région ou d'un pays donné, qui
repose souvent sur un aliment de base. Voila pourquoi la mondialisation des
échanges a parfois entraîné des bouleversements de certains
régimes alimentaires, comme en témoigne l'introduction du
blé en tant qu'aliment de base en Afrique occidentale.
Enfin, nous pensons qu'ils serait utile pour les producteurs
locaux qui pourront nous lire, de tenir compte de certains paramètres
tels que soulignés, afin de valoriser leur production et cela en misant
sur, non seulement l'aspect externe du produit, mais aussi sur la
quantité afin d'être à mesure d'équilibrer tant soit
peu l'offre locale et la demande locale ; de se constituer en une
association fondée sur quelques uns des principes de la production,
telle la diversification des gammes, et s'identifier par le grand public, ne
pas négliger l'aspect marketing car l'information c'est un autre facteur
du rendement à travers la publicité médiatique.
Ce travail n'est pas la prétention à
l'exhaustivité et à la perfection en voulant présenter une
formule ou un modèle d'équation entre l'offre et la demande de
produits agroalimentaires à Goma, des brèches seulement peuvent
s'y trouver.
A ceux, qui ont en coeur le problème qu'éprouve
l'humanité entière à savoir les effets de la
mondialisation sur les échanges et plus particulièrement dans
l'agroalimentaire de ne pas déposer leur plume.
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