Section II : Les
nouveaux indicateurs de mesure de la croissance :
L'indicateur de croissance le plus utilisé aujourd'hui
est le Produit intérieur brut (PIB). Il a l'avantage d'être
établi depuis longtemps et sur des bases comparables. Aussi les
comptables nationaux maîtrisent-ils cet instrument. Toutefois, il a un
énorme inconvénient car il mesure l'activité
économique sur la base de la seule production, et non en fonction de
l'intérêt ou des inconvénients de cette production nous
venons de le voir.
Aujourd'hui, les comptables nationaux savent
déjà prendre en compte les destructions de biens capitaux, quand
ils sont utilisés dans le processus de production. C'est ce qu'on
appelle la dépréciation du capital. Cette dernière
correspond à l'usure des machines dans le processus de production. On
enlève donc de la production ce qui a été détruit.
Le concept existe, mais il suffit de l'appliquer plus
généralement à ce qui n'est pas habituellement
comptabilisé, c'est-à-dire au patrimoine environnemental.
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Ces pistes permettraient d'avoir des objectifs et une mesure
en termes de croissance et de bien-être, qui seraient beaucoup plus
proches de la réalité que cet indicateur dont on dispose
aujourd'hui. Tout ceux-ci ajoutés aux insuffisances que nous avons
relevés ci-dessus on poussé les économistes a chercher
d'autres indicateurs de mesures de la croissance dont en voici quelques
uns.
Des indicateurs synthétiques que nous avons
recensés concernent avant tout des questions « humaines et
sociales exprimées en termes de développement humain, de
santé sociale », de bien -être et de qualité de
vie. Les plus connus sont ceux du PNUD et l'indice de santé sociale.
I. Les indicateurs du PNUD et
l'indice de sécurité sociale:
Ø Les indicateurs du PNUD :
Le PNUD publie depuis 1990 un rapport annuel sur le
développement humain dans le monde, contenant une batterie, enrichie au
fil des ans, d'indicateurs économiques, sociaux et environnementaux.
Cet indicateur est tout simplement la moyenne de trois
indicateurs permettant chacun de classer les pays sur une échelle de 0
à 1 : le PIB par habitant (exprimé en parités de
pouvoir d'achat), l'espérance de vie à la naissance, et le niveau
d'instruction (mesuré par un indicateur alliant pour deux tiers le taux
d'alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux de
scolarisation).
Le PNUD a publié annuellement trois autres indicateurs
synthétiques. D'abord, l'ISDH indicateur
« sexospécifique » de développement
humain qui permet d'évaluer les différences de situation
des hommes et des femmes sous l'angle des trois critères retenus pour
caractériser le développement humain. A partir de 1995, l'IPF,
indicateur de participation des femmes à la vie économique et
politique, complète le précédent.
Pour les pays développés, l'IPH-2 tient compte
de quatre critères auxquels il accorde le même poids :
probabilité de décéder avant 60 ans, illettrisme,
pourcentage de personnes en deçà du seuil de pauvreté,
pourcentage de chômeurs de longue durée. Un dernier indicateur a
été ajouté en 2001, l'IDT, indicateur de
développement technique.
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Quelles que soient les limites de ces indicateurs, ils
« indiquent » déjà bien des choses, y compris
pour les pays développés. Il n'est pas sans importance, par
exemple, de constater que les pays nordiques obtiennent d'excellentes notes
dans presque toutes les catégories, et surtout dans le domaine de la
réduction des inégalités sous diverses formes
(pauvreté, inégalités entre hommes et femmes), tout en
restant très honnêtement classés lorsque intervient (pour
une part) la richesse économique (IDH). Il n'est pas sans
intérêt non plus d'observer le cas des pays dont les performances
sociales (en termes de classement) sont nettement meilleures que les
performances économiques brutes (à nouveau les pays
nordiques).
Ø L'indice de santé
sociale :
Cet indice a été mis au point, dans le cadre du
Ford Ham Institut for Innovation in Social Policy (Fordham University,
Tarrytown, NY) par Marc et Marque-Luisa Mitringoff.
L'ISS est un indicateur social synthétique visant
à concurrencer ou à compléter le PIB dans les jugements de
progrès. Il est calculé à partir de seize variables
élémentaires, regroupées en cinq composantes
associées à des catégories d'âge.
L'intérêt d'un raisonnement par catégories d'âge est
explicité dans les termes suivants par Brink et Zeesman (1997) :
- Les groupes d'âge sont universels, chaque individu
passant (potentiellement) par tous les groupes ;
- Il permet de créer un cadre holiste, une vision
globale des grands problèmes sociaux ;
- Il permet de mettre en relief plusieurs tendances sociales
fortes, comme la détérioration du statut des enfants et
l'amélioration relative du statut des personnes âgées au
cours des années 1980
- Les résultats sont aisés à
interpréter par tous, facilitant ainsi les débats publics sur les
publics sur les politiques économiques et sociales.
Dans le cas de l'ISS comme dan celui des indicateurs du PNUD
ou du BIP 40 (voir suivant), on ne saurait se contenter, si l'on souhaite
produire un diagnostic pertinent de l'évolution de la
« santé sociale », de l'indice
synthétique : il faut examiner les indicateurs composants et leurs
variations.
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En résumé, pour cet indicateur
synthétique comme pour tous les autres les résultats les plus
spectaculaires et les plus « médiatiques »
(notamment la confrontation avec le PIB) sont certainement les plus
critiquables scientifiquement. Ils n'en ont pas moins l'immense mérite
d'attirer l'attention sur des questions qui, faute de telles tentatives,
risquent de ne jamais « faire la une », alors qu'elle ont
autant (ou plus) d'importance que la santé économique ou les
cours de la Bourse.
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