II. Le BIP 40, l' ISP
et les Indicateurs territoriaux :
Ø Le Baromètre des
Inégalités et de Pauvreté BIP 40 :
Des économistes et statisticiens professionnels
français, associés à un réseau associatif militant
pour la réduction des inégalités, le RAI (Réseau
d'alerte sur les inégalités) ont mis au point et
présenté à la presse en 2002 un nouvel indicateur
synthétique, le BIP40. Le nom de cet indicateur est une
référence ironique à la fois au PIB et au CAC 40.
L'objectif de cet indicateur est de couvrir plusieurs
dimensions un indicateur (résultant lui-même de plusieurs
indicateurs) permettant de suivre l'évolution dans le temps des
inégalités correspondantes, et enfin d'additionner (ou d'
« agréger ») ces indicateurs par dimensions pour
obtenir un indicateur global `le BIP 40.
Commençons par les dimensions retenues et par leur
contenu. Elles sont au nombre de six :
- emploi et travail : les 24 indicateurs correspondant
à cette dimension sont répartis en quatre rubriques :
chômage (8 indicateurs, dont le taux global de chômage, mais aussi
les inégalités hommes et femmes face au chômage, la par des
chômeurs de longue durée...), précarité (5
indicateurs), conditions de travail (8 indicateurs : et relations
professionnelles (3 indicateurs) ;
- revenus : on trouve 15 indicateurs pour cette
dimension.
Ils portent sur quatre rubriques : salaires
(inégalités, poids des bas salaires, etc. ; en tout 5
indicateurs), pauvreté (4 indicateurs), inégalités et
fiscalité (3 indicateurs), consommation (3 indicateurs) ;
- santé : les 5 indicateurs sont proches de ceux
qu'utilise le PNUD dans ses rapports annuels sur le développement humain
(ex. : espérance de vie, différence d'espérance de
vie entre cadres et ouvriers...) ;
- éducation : 5 indicateurs, dont les taux de
jeunes sortant du système éducatif sans diplôme et
certaines mesures des inégalités de performances scolaires ;
- logement : 5 indicateurs, dont la part des logements
« sociaux » (ou aidés) dans les mises en
chantier ;
- justice : 4 indicateurs, dont le taux de personnes en
prison par rapport à la population.
Ø 13
L'indice de sécurité
Personnelle (ISP):
L'ISP offre l'avantage de retenir certaines dimensions peu
présentes dans les indicateurs que nous avons examinés
jusqu'ici. La sécurité dont il est question est
considérée comme majeure dans la perception et la mesure de
bien-être. Elle englobe trois grandes dimensions :
1) La sécurité économique comprenant les
aspects de sécurité de l'emploi et de sécurité
financière ;
2) La sécurité devant la santé
(protection contre les risques de maladie) ;
3) La sécurité physique (sentiment de
sécurité face aux délits).
En termes conceptuels, il s'agit de mieux cerner la
qualité de vie des individus, sous l'angle des insécurités
auxquelles ils sont confrontés en présentant un indicateur unique
permettant une meilleure contribution au débat public.
D'un point de vue méthodologique, l'indice
synthétique agrège des données
hétérogènes compilées sur la base d'une
méthode proche de la logique retenue dans l'ISS. Mais sa principale
originalité est qu'il s'agit de l'un des rares indicateurs qui combinent
des dimensions objectives et subjectives du bien-être. La publication des
données et le suivi de leur évolution permettent donc non
seulement de comparer cet indicateur aux tendances de la croissance
économique, mais également d'étudier les écarts
entre les données « objectives » et la perception
des insécurités par les habitants. Ils permettent
également des comparaisons entre les régions des comparaisons par
sexes et par groupes d'âges.
Cette innovation méthodologique a un coût puis
q'elle nécessite qu'une enquête d'opinion soit
réalisée à rythme annuel.
Ø Les Indicateurs
Territoriaux :
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Dans grande majorité des cas, il ne s'agit pas
d'indicateurs synthétiques, mais de bilans ou de tableaux de bord
rassemblant un certain nombre de variables, qui sont à peu près
les même que celle que l'on trouve dans les initiatives plus globales
recensées aux questions économiques, sociales et
environnementales. Les valeurs mises en avant sont, elles aussi, semblables
(accorder plus d'importance au progrès social, à la
qualité de l'environnement, etc. avec toutefois la présence
fréquente de questions concernant la qualité de la
démocratie ou gouvernance locale.
Il faut bien entendu regarder ces initiatives, comme les
autres, avec circonspection, et en particulier se demander jusqu'à quel
point l'engouement pour des indicateurs ne relève pas d'une mode de la
quantification, ou du réflexe bien connu qui consiste à
préconiser la création d'un observatoire en pensant régler
des problèmes de fond qui dépendent avant tout de l'action
collective et de l'usage politique d'éventuels indicateurs. Mais la
puissance de ce mouvement et l'examen de ses impacts conduisent à y voir
une tendance de fond, liée à la fois à la
territorialisation de l'action publique et à d'autres facteurs plus
généraux de contestation de la « religion »
de la croissance économique et de ses chiffres.
Nous nous limiterons ici à une recommandation assez
normative de » méthode politique : l'utilité
éventuelle du recours a des indicateurs locaux repose sur la
qualité de l'action politique locale dans lesquels ils sont
insérés. Ainsi, pour répondre à la question
fondamentale « Qu'est ce qui fait la richesse d'un
territoire ? » il importe que les acteurs construisent et
choisissent ensemble, de façon partenariale, les mots, les valeurs et
les objectifs, les critères, les modes d'évaluation et de
jugement, et éventuellement les indicateurs. Une autre condition
décisive est l'acquisition progressive, par le groupe des promoteurs,
d'une légitimité suffisante dans le territoire concerné.
Or une légitimité ne s'impose pas, elle se conquiert par la
conviction, par des réseaux d'intéressement, des alliances, des
compromis, des conflits de valeurs gérés intelligemment.
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