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Analyse de la Croissance Economique du Mali depuis l'independance

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par Oumar Fakaba Sissoko
Nanterre Paris X - Master II Economie Internationale, Politique Macroéconomique et Conjoncture 2008
  

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Section II : Les facteurs d'environnement international

Le Mali est un petit pays très ouvert sur l'extérieur et donc soumis à l'influence de l'environnement international sur lequel il a peu de prise. Celui-ci est constitué par l'évolution des termes de l'échange, de l'aide, des possibilités de migration en Afrique et en Europe et enfin de l'intégration régionale.

On se demande dans quelle mesure ces différents facteurs d'environnement international ont contribué à la croissance économique. Une attention toute particulière est accordée au phénomène éventuel de « syndrome hollandais » qui consiste en une appréciation du taux de change effectif réel consécutive à un apport de ressources extérieures.

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I. Termes de l'échange, financements publics extérieurs et croissance :

Ø Termes de l'échange et croissance

Les termes de l'échange correspondent au rapport entre l'indice des valeurs unitaires des exportations et l'indice des valeurs unitaires des importations. A une amélioration des termes de l'échange correspond un accroissement de revenu. Dans un pays agricole, une amélioration des termes de l'échange, si elle n'est pas captée par l'Etat ou les organismes de commercialisation, permet une augmentation des revenus agricoles, dont les effets sur l'offre agricole sont différents selon qu'ils sont perçus comme transitoires ou permanents par les producteurs. Dans le cas du Mali, les fluctuations des termes de l'échange sont, en raison d'un mécanisme de stabilisation spécifique au coton, transmises de manière atténuée au producteur.

L'augmentation de revenus transmise au producteur est sans doute considérée comme transitoire par ces derniers. L'instabilité passée des termes de l'échange telle qu'elle apparaît dans le graphique 14 rend plausible cette hypothèse (augmentations des termes de l'échange de 1968-1972, surtout de 1975-1977 et dans une moindre mesure de 1987-88). De plus, au cours des périodes de pointe, règne vraisemblablement le plein emploi des facteurs (absence de chômage involontaire). Par conséquent, l'augmentation des revenus doit entraîner une substitution significative du travail à des activités non productives. En effet, les agriculteurs vont profiter de l'augmentation temporaire de leurs rémunérations pour travailler aujourd'hui davantage. Cet effet de substitution fournit une explication, plausible bien que partielle, de l'ampleur de la croissance actuelle de la plupart des productions agricoles d'exportation et, bien évidemment, dans ce cas il s'agit d'un phénomène temporaire. On peut s'attendre, dans cette hypothèse, à un fort ralentissement de la croissance lors du retournement des cours des produits agricoles puisqu'il pourrait se produire alors un effet de substitution inverse : augmentation du temps consacré aux activités non productives au détriment des activités productives agricoles.

Cet effet de substitution serait bien évidemment amplifié en l'absence de système de stabilisation qui permettrait alors une transmission intégrale de l'évolution des prix internationaux. Il en résulterait des fluctuations plus importantes de la production agricole.

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L'instabilité des termes de l'échange est responsable d'un risque accru . Mais en raison des mécanismes de stabilisation des prix aux producteurs, ce risque a été supporté par les structures d'encadrement et par l'Etat.

Graphique 10 : Evolution des termes de l'échange (1967 - 1997)

Source : CNUCED.

Ø Financement Publics extérieurs et croissance :

Le graphique 11 retrace l'évolution des apports publics nets en pourcentage du produit intérieur. On constate au Mali qu'ils ont suivi une tendance croissante pour représenter aujourd'hui près de 25% du PIB et qu'ils sont caractérisés par trois afflux exceptionnels sur la période d'analyse. Le premier afflux remarquable (1973-75) est survenu à l'occasion de la grande sécheresse du début des années soixante-dix. Le second est relatif à la sécheresse de 1985 tandis que le dernier marque plutôt une reprise des financements publics externes à la suite du changement de parité du franc CFA. Les déficits élevés des comptes courants n'entraînent pas une crise solvabilité en raison de l'importance des apports publics à des conditions de faveur. Mais, la forte dépendance vis-à-vis des apports publics extérieurs soulève cependant un problème de vulnérabilité notamment des finances publiques.

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Les apports financiers externes particulièrement importants ne peuvent qu'affecter l'évolution économique du Mali. Cependant, un accroissement de l'aide n'entraîne pas forcément une augmentation de même montant de l'investissement. D'une part, le pays peut choisir d'en consommer une partie puisque certains types de financements étrangers (aide programme) visent à la réalisation d'objectifs généraux en laissant au destinataire une marge de liberté importante. Il est vrai que certaines formes d'aide sont affectées (aide projet). Ainsi, dans le cas du Mali, la plus grande partie des investissements publics sont financés par l'Aide Publique au Développement.

Mais, on peut imaginer que ces investissements auraient été réalisés même sans aide. Par conséquent, en raison du phénomène de fongibilité, l'aide peut libérer des ressources qui pourront être utilisées ailleurs, y compris à des fins de consommation. Cependant, dans le cas du Mali, étant donné l'importance des montants en jeu, relativement aux ressources du pays, il est peu vraisemblable qu'en absence de l'aide les investissements aient été réalisés.

Graphique 11 : Evolution du ratio des apports publics nets en % du PIB(1967-1997)

Source : OCDE

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Plus fondamentalement l'aide peut perturber le système de prix relatif. Ainsi, l'aide alimentaire peut avoir un impact négatif sur les prix aux producteurs. D'une manière plus générale l'aide peut engendrer une appréciation du taux de change réel : l'accroissement du pouvoir d'achat est susceptible d'entraîner une augmentation de la demande sur les biens non échangeables et par conséquent, une augmentation du prix relatif de cette dernière catégorie de biens (effet dépense du syndrome hollandais). Il est vrai que cet effet n'est pas durable au Mali. Il est aussi possible qu'un Etat bénéficiant de ressources financières externes particulièrement importantes et peu coûteuses connaisse un phénomène de démobilisation fiscale. En bref, l'aide doit être perçue comme un complément de revenu, augmentant les possibilités de choix d'un pays entre la consommation et l'investissement et non comme un moyen sûr d'accélérer la croissance. Il convient de remarquer le caractère contracyclique de l'aide puisque les apports publics ont été les plus importants dans les phases de détérioration des termes de l'échange ainsi que lors de la survenance de sécheresses (et inversement, ils ont été généralement plus faibles lors des périodes d'amélioration des termes de l'échange). Cette séquence a contribué à réduire les risques de syndrome hollandais pour le Mali. On doit noter toutefois qu'en 1994-95, l'accroissement des apports de capitaux publics ainsi que de capitaux privés vient renforcer l'effet de l'amélioration des termes de l'échange.

Enfin, dans le cas du Mali, la demande supplémentaire engendrée par l'aide comporte un fort contenu en importation ce qui explique malgré des flux d'aide particulièrement importants, l'absence d'appréciation du TCER de plus, à travers un secteur informel particulièrement dynamique, une offre suffisamment élastique de biens non échangeables concourt certainement à expliquer cette absence d'augmentation du prix relatif des biens non échangeables.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand