II. Les facteurs
climatiques et croissance
Le pays est divisé en quatre zones climatiques, du sud
au nord : la zone sud soudanienne, la zone nord soudanienne, la zone
sahélienne et la zone sud saharienne. Les précipitations varient
d'une zone à l'autre. Elles sont relativement importantes dans le sud du
pays et diminuent au fur et à mesure que l'on remonte vers le nord. A
l'exception du nord (60% du territoire), qui est le domaine d'activités
pastorales extensives, l'agriculture et l'élevage sont possibles mais
les précipitations sont dans l'ensemble très
irrégulières.
La situation climatique peut être
considérée comme un intrant agricole naturel qui agit fortement
sur la production et qui, à ce titre, influence l'ensemble de
l'économie. Afin de mettre en évidence l'effet du climat sur
l'agriculture, il est cependant insuffisant de considérer la hauteur de
pluie cumulée en différents points du territoire. En effet, des
conditions climatiques favorables à l'agriculture dépendent
autant, sinon plus, de la répartition dans le temps des pluies que des
hauteurs d'eau annuelles cumulées. De plus, l'agriculture
irriguée dépend avant tout des hauteurs d'eau du fleuve.
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Aussi, paraît-il préférable, en raison de
l'étroite corrélation entre le climat du Mali et celui de
l'ensemble du Sahel, de retenir comme variable approchée de
l'environnement climatique le taux de croissance de la production
céréalière du Sahel. Cette variable capte l'ensemble des
conditions climatiques, non seulement les hauteurs d'eau, mais aussi leur
répartition dans l'année. Les épisodes de croissance
particulièrement élevés de la production
céréalière (1974, 1985, 1991) sont consécutifs
à des sécheresses repérables.
Graphique 9 : Evolution du
taux de croissance de la production céréalière du sahel
(1960 - 1997)
Source : Données FAO.
L'instabilité de la production et donc des revenus
consécutive aux aléas climatiques est responsable d'un risque
accru qui peut agir sur la croissance par l'intermédiaire de
l'épargne, de l'investissement et de l'offre de travail. En effet, la
défaillance dans les mécanismes de collecte au Mali empêche
une mobilisation efficace de l'épargne. S'agissant des effets du risque
sur l'investissement, cet effet est ambigu. D'une part, un accroissement du
risque peut inciter le producteur à investir davantage pour se garantir
des revenus suffisants en cas de chute du taux de rentabilité de
l'investissement (effet revenu). D'autre part, il est possible, qu'il renonce
à certains investissements en raison de leur caractère plus
risqué (effet de substitution).
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L'offre de travail pourrait également être
affectée par l'instabilité des revenus. Confrontés
à un accroissement du risque, les agents peuvent accroître leur
temps de travail pour se garantir des revenus suffisants en cas de chute (effet
de revenu). Mais, ils sont aussi susceptibles d'augmenter leur demande de temps
libre pour réduire leur degré d'exposition au risque (effet de
substitution). L'effet net est donc théoriquement ici encore ambigu.
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