II. Les variables
Pour saisir le niveau initial des variables d'état nous
sommes confrontés à une difficulté. En effet, les
données sur le stock de capital physique Kit-1 sont très
imprécises dans la mesure où elles reposent d'une part sur des
hypothèses non vérifiables concernant les taux de
dépréciation et d'autre part sur des mesures de l'investissement
souvent douteuses. En conséquence, nous supposons, que toutes choses
égales par ailleurs, un niveau plus élevé du produit
réel par tête reflète un stock de capital physique par
tête plus important. Le signe attendu est négatif (Cette
hypothèse est faite, entre autres, par Barro et Sala-I-Martin (1996) p.
463. Le produit par tête est introduit en logarithme.)
Concernant le capital humain Hit-1, la difficulté est
identique, sinon plus grande. Les variables retenues mesurant le niveau
scolaire sont en logarithme d'une part le nombre moyen d'années de
scolarité primaire de la population active et d'autre part le nombre
moyen d'années de scolarité primaire et secondaire. Cet
indicateur a l'inconvénient de traiter de façon
équivalente les années d'études quelle qu'en soit la
qualité (Arcand, Guillaumont et Guillaumont, 1999). Ces variables sont
calculées par Nehru, Swanson et Dubey jusqu'en 1987 et prolongées
par Berthélemy et Söderling selon une méthode de
l'inventaire permanent.
Concernant le niveau de santé, la seule variable
à notre disposition est l'espérance de vie à la naissance
dont l'évaluation est particulièrement difficile.
Le signe attendu du capital humain est positif et cela pour
deux raisons. D'abord, dans les modèles néo-classiques à
deux facteurs de production (capital matériel et capital humain) une
augmentation du rapport capital humain sur capital physique accroît le
taux de croissance de l'économie (Barro et Sala-I-Martin 1996). Le
capital humain est ici considéré comme un facteur de production.
Cependant son effet est largement fonction de l'environnement socio-
économique et en particulier de la politique économique et de
l'instabilité politique (Arcand, Guillaumont et Guillaumont, 1999).
Ensuite l'accumulation du capital humain accroît la productivité
des autres facteurs en augmentant la capacité d'innovation du pays, en
permettant une meilleure allocation des ressources et en engendrant des
externalités positives (Lucas, 1988).
29
Concernant les variables d'environnement, il convient d'abord
de saisir les effets des chocs climatiques. Ainsi que cela a été
souligné plus haut, il ne nous est pas paru pertinent de retenir une
variable comme la hauteur des pluies annuelles. Il aurait été
possible d'introduire de simples variables muettes temporelles pour saisir les
grands épisodes de sécheresse.
Cependant ces variables sont trop grossières et ne
permettent pas de tenir compte de l'intensité des épisodes
climatiques. Aussi, nous avons finalement choisi comme variable
approchée de l'environnement climatique le taux de croissance de la
production céréalière du Sahel. Cette variable
définie au niveau régional permet d'éviter un biais de
simultanéité qui surviendrait pour une variable définie au
niveau national.
Concernant l'environnement international, nous avons tenu
compte de l'évolution des prix mondiaux en introduisant le logarithme et
le taux de croissance des termes de l'échange.
Dans le même ensemble de variables, nous avons introduit
le logarithme des apports publics nets par tête. Cette variable est
exogène dans le cas du Mali puisque largement déterminée
par l'environnement extérieur.
Pour saisir l'évolution de la conjoncture ivoirienne
nous avons introduit le taux de croissance du produit par tête
réel de la Côte d'Ivoire. Il est vrai que les flux migratoires
dépendent, sans doute du différentiel de produit par tête
entre les deux pays. Nous avons donc aussi introduit cette variable. La
conjoncture des pays voisins peut également jouer d'où
l'introduction du taux de croissance moyen des pays voisins. Pour tenir compte
des flux migratoires vers les pays de l'OCDE et en particulier vers la France,
on a également testé le pouvoir explicatif du taux de croissance
des pays de l'OCDE et de la France. Mais il est possible que la meilleure
façon de saisir l'impact des flux migratoires est d'introduire
simplement les transferts des travailleurs émigrés
rapportés au produit.
L'environnement politique intérieur ne peut être
qu'approximativement capté par un ensemble de variables muettes
représentant soit les émeutes, les assassinats politiques, les
coups d'Etat ou les révolutions (données OCDE). On essaye ici de
saisir l'influence de l'instabilité politique sur la croissance. Quant
à la qualité des règles juridiques et des institutions ou
la nature démocratique des régimes, la dimension essentiellement
temporelle de notre échantillon rend malaisée la prise en compte
de leur effet en raison des difficultés de saisir leur
évolution.
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Enfin, concernant l'environnement démographique, on a
introduit le taux de croissance de la population. Le signe attendu est
négatif dans l'hypothèse d'une fécondité
exogène.
L'influence du développement financier du pays est
saisie par le taux de monétarisation de l'économie. Le signe
attendu est positif
Dans le groupe des variables de politique économique,
on a testé l'influence du taux de prélèvement public et de
sa structure représentée par la part des taxes sur les
échanges dans le prélèvement public. Le signe attendu de
la première variable est ambigu dans la mesure où il n'a pas
été possible de contrôler les effets de la fiscalité
par un indicateur homogène de dépenses publiques. Le signe de la
seconde variable est, du fait des distorsions de marché,
négatif.
On introduit également un indicateur de
compétitivité, à savoir les taux de change effectif
réel. Sa diminution signifie une augmentation de
compétitivité. Enfin le taux d'ouverture a un statut un peu
ambigu dans la mesure où il est largement influencé par des
variables d'environnement. Cependant son introduction, à coté de
ces variables peut permettre de tenir compte des conséquences sur la
croissance d'une stratégie d'ouverture.
Il en est de même du taux d'investissement puisque les
variables d'environnement mais aussi de politiques peuvent agir sur la
croissance par son intermédiaire. Son introduction reflète donc
la composante purement exogène de l'investissement et en particulier de
l'investissement public.
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