5 Fonctionnement psychique de l'état-limite
Du point de vue génétique, Bergeret a
distingué 7 stades, déjà cités brièvement
lors de la description structurale :
1. Indifférenciation somato-psychique
Commun aux 3 lignées
2. Evolution pré-oedipienne Pas de
fixations prépsychotiques dans le premier âge, ni de
régressions ultérieures à ce stade, mais pas
d'évolution normale vers l'oedipe à cause d'un traumatisme
psychique (ou d'un cumul de microtraumatismes).
3. Traumatisme psychique désorganisateur
précoce Ce traumatisme naît de la rencontre entre un
Moi immature et une émotion supérieure à ce que le Moi
peut métaboliser (tentative de séduction sexuelle par exemple,
réalité oedipienne). L'enfant ne peut pas traiter cet émoi
ni dans la relation (sidération), ni dans l'objet, ni dans le
génital. Le Moi range cet événement dans les frustration
et menaces narcissiques et utilise des défenses primitives :
déni des représentations sexuelles, clivage de l'objet (et non du
Moi comme dans la lignée psychotique), identification projective ou
maniement omnipotent de l'objet.
Ce traumatisme (ou cumul de
micro-traumatismes) bloque le développement libidinal, normal
jusqu'alors.
4. Période de pseudo-latence Plus
précoce et plus durable que la latence normale. C'est le tronc
commun aménagé de l'état-limite, marqué d'une
profonde immaturité. Il ne s'agit pas d'une structure (qui demande
fixité, spécificité, cohérence) mais d'une
organisation faite d'une série de d'aménagements instables,
coûteux au plan énergétique, ayant pour fonction de
préserver le Moi des structures psychotiques dépassées ou
des structures névrotiques non atteintes.
Le tronc commun peut
se prolonger toute la vie grâce à des stratégies
d'évitement, de renoncement, de travestissements (normopathie, ruses
psychopathiques, pseudo-génitalité et
pseudo-triangulation).
5. Traumatisme désorganisateur
tardif La plupart du temps, c'est un traumatisme
désorganisateur tardif qui précipite la décompensation,
à nouveau par incapacité à traiter une excitation trop
intense. Il s'agit le plus souvent d'une blessure perçue comme
narcissique (post-partum, mariage, deuil, accident physique ou affectif,
abandon, bouleversements )
Ce traumatisme provoque la grande crise
d'angoisse aiguë, paroxystique et transitoire, à la fois
prénévrotique, prépsychotique et
pré-psychosomatique.
Puis intense régression du
Moi.
Ce traumatisme tardif viendra en rappel du traumatisme
précoce.
Au plan clinique, impression d'assister à une
crise d'adolescence.
6. Pré-aménagements
post-traumatiques Aucun des ménagements du tronc commun
n'est plus possible, un nouveau système défensif doit être
mis en place. 3 voies possibles :
a. Voie névrotique sous sa forme
décompensée si le Surmoi est assez solide pour s'allier à
la partie saine du Moi pour lutter contre le Ça.
b. Voie psychotique (jamais de
schizophrénie) si Surmoi insuffisant. Mélancolie autour du noyau
dépressif ou paranoïa autour du noyau interprétatif.,
à l'aide de la force culpabilisante de l'Idéal du Moi
c. Voie psychosomatique si le sujet
désexualise et désinvestit les affects et
représentations.
7. Aménagements caractériels et
pervers Hors de ces accidents aigus, deux aménagements
possibles se détachent du tronc commun :
a. Aménagements caractériels
i. Névrose de caractère (et non
caractère névrotique) Comportements névrotique mais
sans la structure névrotique recherchant la stabilité (sujets
hyperactifs, dépressifs, imagination pauvre souffrant
d'incomplétude narcissique et compensant par des formations
réactionnelles d'anaclitisme et d'imitation)
ii. Psychose de caractère Difficulté
d'évaluation de la réalité. (et non pas de contact avec la
réalité comme les psychotiques). Utilisation du clivage et de la
projection pour chasser le mauvais dangereux pour le narcissisme. Hommes
d'action, « génies » ou
« psychopathes », adorés et haïs. Dissimulent
le besoin d'être aimés par celui d'être craints.
iii. Perversion de caractère Les agressifs
gentils, immense besoin de restauration phallique. Ils ne cherchent pas
à se faire aimer directement, mais se faire respecter
indirectement. Ni souffrance, ni culpabilité, mais
déni du droit des autres à posséder un
narcissisme.
b. Aménagement pervers Angoisse
dépressive par déni de la représentation du sexe de la
femme (en tant qu'elle ne possède pas de pénis).
Surinvestissement de la femme sur le mode narcissique.
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