7.7.2.2 Renforcement
de l'alliance thérapeutique
Le rôle du thérapeute va consister à
établir une relation de confiance avec Mme F., afin d'obtenir sa
collaboration dans la réalisation des objectifs.
Les traits paranoïaques de Mme F. ne vont pas faciliter les
choses. Dans sa démarche, le thérapeute devra s'appuyer sur la
partie adaptative du Moi de la patiente, bien en contact avec la
réalité, sans se laisser entraîner dans l'idéation
persécutoire ou les considérations générales sur la
chance et le destin derrière lesquelles elle s'abrite à la
moindre discussion.
Pour cela, il devra rapidement identifier des faits bien
réels, et suffisamment mettre en confiance et intéresser Mme F.
pour qu'elle renonce à mentir et caractérise avec
précision les situations concrètes posant problème.
Il ne doit pas oublier que sa plainte actuelle concerne
essentiellement l'état dépressif ; elle n'a pris que
récemment conscience de la récurrence de ses échecs, tant
sur le plan professionnel que privé, et en attribue toute la
responsabilité à des facteurs et objets externes. Et il n'est
sûrement pas souhaitable que la patiente fasse des prises de conscience
prématurées quant à sa responsabilité réelle
dans ces échecs.
Comme l'a souligné Beck, la relation entre le
thérapeute et le patient état-limite doit être une relation
de confiance, une forme d'intimité, mais sans aucun caractère
intrusif. Tout rapprochement excessif, toute rassurance, risqueraient
d'être perçus comme humiliant par la patiente et sa confiance
pourrait se transformer très vite en méfiance, voire en
mépris. Au contraire, aux yeux de Mme F., le thérapeute doit
incarner la seule personne susceptible de comprendre ses difficultés si
toute fois elle en a.
Comme souligné précédemment, il sera donc
très important de ne pas dévier des objectifs fixés en
commun. Les tentations risquent d'être nombreuses, car le matériel
`intéressant' peut fuser à tout moment et en tous sens,
créant ainsi des dispersions préjudiciables.
Comme déjà évoqué également,
le thérapeute devra dans la mesure du possible travailler un sujet
spécifique à l'intérieur de la même séance,
notamment s'il ne s'agit pas d'un sujet `stable', car lors de la séance
suivante, Mme F. risque d'avoir complètement désinvesti le sujet
ou changé d'opinion, au gré de son humeur du moment.
Le thérapeute devra également éviter
d'entrer dans le jeu de Mme F. lorsqu'elle rationalise à l'extrême
ses comportements, aux dépens parfois de toute logique. En effet,
très habituée à la polémique et utilisant souvent
ce moyen pour échapper aux reproches dans ses activités
professionnelles, elle pourrait épuiser les arguments
« objectifs » du thérapeute et s'attribuer une
« victoire » sur ce dernier.
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