7.4 Etablissement du
diagnostic
Le matériel clinique en notre disposition ne permet pas de
classer les troubles de Mme F. dans une lignée franche psychotique ou
névrotique.
La comparaison des symptômes de Mme F. avec le tableau
clinique du DSM IV permet de diagnostiquer un trouble de la personnalité
état-limite.
Le diagnostic différentiel effectué par rapport aux
autres syndromes possibles montre que le trouble de personnalité
état-limite est le mieux caractérisé.
La thérapie proposée devra donc être
adaptée à ces troubles.
Rapprochement du diagnostic avec la théorie
structurale de Bergeret ; hypothèse concernant le fonctionnement
psychique de ce cas clinique
Le traumatisme désorganisateur précoce à
l'origine du trouble de personnalité état-limite passe le plus
souvent inaperçu et n'est que rarement évoqué par le
patient dans son anamnèse.
La structure psychique n'évoluant pas normalement vers la
résolution de l'Oedipe, les processus primaires ne permettent pas une
intégration correcte des situations psychologiques ou sociales
rencontrées par la personne ; pour rester insérée,
celle-ci doit alors adapter ses processus secondaires et procéder
à des aménagements caractériels qui renforcent ou
remplacent les mécanismes de défense primaires inadaptés
ou trop faibles.
Cette adaptation se fait au prix d'une grande énergie qui
devient au fil des ans l'essence de sa vie : la personne finit par
confondre des notions telles que la motivation, l'ambition et la volonté
avec les efforts désespérés qu'elle fait pour se maintenir
socialement et affectivement dans la norme (et même au-dessus), sans
jamais atteindre les buts irréalistes fixés par son Moi
idéal, donc avec une grande angoisse et beaucoup de déceptions.
N'ayant jamais atteint un stade de maturation psychique
suffisant, elle est incapable d'empathie et donc de compréhension du
fonction psychique des autres ; elle interprète en permanence leur
comportement sur un mode négatif voire persécutoire si elle les
juge « mauvais », et sur un mode positif, voire
séducteur si elles les juge « bons ». La dysthymie
résultant de cette instabilité (voire également de
facteurs biologiques et/ou génétiques) fait varier ses
interprétation au gré du temps.
Lorsqu'un traumatisme désorganisateur survient (dans le
cas de Mme F. la violence de son premier mariage), ou simplement en cas de
syndrome dépressif réactionnel provoqué par les
échecs de vie, la volonté de faire vivre ces processus
secondaires fragiles et mal adaptés s'effondre. La personne se sent
alors condamnée par la terre entière car personne ne peut la
comprendre et l'aimer.
Ses défenses habituelles contre l'incompréhension
et l'abandon (agressivité, revendication, somatisation, rêves de
grandeur, paranoïa, etc.) deviennent terriblement inefficaces devant
l'intensité de l'angoisse et, pour se protéger au mieux des
attaques, se désinvestit socialement voire même affectivement.
L'état dépressif, la dysphorie de fond, le
sentiment de grand vide s'installe alors de manière stable.
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