Prévention, dépistage et prise en charge précoce du problème d'alcool en médecine générale : essai d'analyse d'un déni collectif( Télécharger le fichier original )par Michel Naudet Université Paris 8 - Diplôme d'Etudes Supérieures Universitaires en Addictologie 2003 |
Quelques chiffres6,8% Le nombre de personnes faisant un mésusage de l'alcool en France ne peut être déterminé que très approximativement. Nous pouvons néanmoins donner les estimations suivantes15(*) chez les adultes (15 - 75 ans) : - 2,3% des français déclarent ne jamais avoir bu, ne serait-ce qu'une fois, de boisson alcoolisée. 6,8 % n'ont bu aucune boisson alcoolisée au cours de l'année écoulée. - 63,1% des français consommeraient une boisson alcoolisée au moins une fois par semaine. - 33% des hommes et 11% des femmes déclarent consommer quotidiennement au moins une boisson alcoolisée (ce pourcentage augmente avec l'âge pour atteindre 65% des hommes et 33% des femmes entre 65 et 75 ans). - 5 millions de personnes sont des consommateurs excessifs (selon les normes de l'OMS) - Près de 2 millions de français sont (ou ont été) concernés par l'alcoolo-dépendance. Normes de consommationCes normes ont été définies par l'OMS16(*) sur des bases statistiques. Elles s'expriment en nombre de verres (unités) par semaine17(*) et représentent le seuil en deçà duquel on peut consommer de l'alcool à moindre risque : (1 unité = un verre standard, environ 10g d'alcool pur) Consommation régulière Consommation occasionnelle Pas d'alcool dans les circonstances
suivantes : Une consommation à moindre risque ne veut pas dire sans risque. La tolérance et la vulnérabilité sont spécifiques à chaque personne. Certaines personnes vont développer des pathologies en ingérant des quantités inférieures. Bien que des progrès aient été faits dans ce sens, les Français dans leur ensemble sous-estiment encore ces seuils. Dans une étude de 199818(*), le nombre de verres quotidiens à partir duquel la dangerosité augmente a été évalué à 3 verres pour les femmes (au lieu de 2) et à 3,7 verres pour les hommes (au lieu de 3). Comme nous l'avons vu dans l'introduction, entre 33 et 50% des consommateurs excessifs seraient prêts à réduire leur consommation en deçà des seuils de risques si leur médecin les mettait en garde et leur rappelait ces derniers. Et, comme le montre la pyramide de Skinner, avant de s'exposer à des dommages importants, les consommateurs à problèmes ou alcoolo-dépendants ont d'abord été des buveurs occasionnels puis réguliers. La consommation moyenne des Français adultes étant de 2,5 verres par jour, très proche donc du seuil de dangerosité, informer tous les buveurs réguliers sur les normes officielles de consommation semblerait indispensable. De plus, le repérage précoce des consommateurs à risque éviterait sans doute à certains de devenir des consommateurs à problème, notamment en développant des pathologies somatiques. * 15 Source : Comité Français d'Education pour la Santé (CFES) in Brochure "Professionnels de santé, Professionnels de l'éducation" (INPES, Assurance maladie, Ministère de l'emploi et de la solidarité), 1999. * 16 Sources : "L'alcool pas besoin d'être ivre pour en mourir" Dossier de presse Assurance Maladie , CFES 27 septembre 2001 ; "Alcool Effets sur la santé" Synthèse de l'expertise collective INSERM. Informations extraites du site de la F3A (http://www.alcoologie.org/documentation/article.php3?id_article=10). * 17 Rappelons que le « verre » standard contient 10g d'alcool pur. Il peut s'agir d'une dose d'apéritif anisé, de 25 cl de bière ou de cidre brut, d'un verre de vin, d'un alcool fort (2 cl), etc. * 18 CFES/CNAMTS/IPSOS Opinion, Les habitudes de consommation d'alcool des Français, Etude quantitative, France métropolitaine, septembre 1998 |
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