Prévention, dépistage et prise en charge précoce du problème d'alcool en médecine générale : essai d'analyse d'un déni collectif( Télécharger le fichier original )par Michel Naudet Université Paris 8 - Diplôme d'Etudes Supérieures Universitaires en Addictologie 2003 |
ProblématiqueDans cette partie, nous allons définir ce que l'on entend par « maladie alcoolique » et analyser les moyens à la disposition des médecins généralistes pour prendre en charge les patients ayant des problèmes d'alcool. Types de consommations : définitionsSi la maladie alcoolique passe obligatoirement par l'alcoolisation, elle n'en est pas synonyme. En France métropolitaine, une enquête du CFES6(*) menée en 1999 auprès des 15-75 ans7(*) révélait que sur 44 millions de personnes concernées 43 millions avaient déjà consommé de l'alcool au moins 1 fois dans leur vie, 14 millions (31%) en consommaient au moins 1 fois par semaine et 8,9 millions (20%) tous les jours. Dans ses Recommandations pour la pratique clinique8(*), la Société Française d'Alcoologie (SFA) propose de catégoriser toutes les conduites d'alcoolisation autour des termes suivants : non consommation, usage et mésusage. Ces catégories forment un continuum allant de l'abstinence totale à l'alcoolo-dépendance. Non usage (non consommation) Ce comportement est caractérisé par une abstinence totale de boissons alcoolisées. On distingue deux formes : - le non usage primaire désigne la conduite des enfants ou adolescents qui n'ont pas encore consommé, ou bien un choix durable voire définitif de l'adulte qui s'abstient de toute boisson alcoolisée pour des raisons personnelles, médicales, culturelles ou religieuses. - Le non usage secondaire apparaît après une période de mésusage ; il est généralement désigné sous le terme d'abstinence. Usage (consommation modérée) Nous désignerons par ce terme toute conduite d'alcoolisation qui, par son caractère modéré, ne pose pas de problème au consommateur ni à son entourage. Une consommation modérée ne sera pas supérieure aux critères fixés par l'OMS et pourra être très inférieure suivant la situation personnelle de chacun (santé, tolérance, conduite de véhicules, etc.). Le consommateur modéré sera donc celui qui n'augmente jamais son risque personnel ni le risque des autres à cause de l'alcool. L'usage de l'alcool peut être une conduite durable voire définitive, mais peut aussi constituer une étape temporaire vers le mésusage. Mésusage Cette catégorie générique regroupe toutes les conduites d'alcoolisation induisant un ou plusieurs risques potentiels pour le consommateur ou les autres personnes. La dépendance fait partie de ces risques. Nous distinguons trois sous-catégories : · Usage à risque (consommateur à risque) Conduite d'alcoolisation où la consommation excessive, supérieure aux normes de l'OMS ou induisant un risque circonstanciel (par exemple pour les conducteurs d'engins) n'a pas encore provoqué de dommages (médical, psychique, social) mais est susceptible d'en induire à court, moyen ou long terme (y compris la dépendance). · Usage nocif (consommateur à problèmes) Cet usage correspond à toute conduite d'alcoolisation caractérisée par : - l'existence d'au moins 1 dommage d'ordre médical, psychique ou social dû à l'alcool quelles que soient la fréquence et les quantités consommées. - l'absence de dépendance à l'alcool. · Usage avec dépendance (consommateur alcoolo-dépendant) La dépendance alcoolique se caractérise par la perte de la maîtrise de la consommation. Elle ne définit donc pas par rapport à un seuil ou une fréquence de consommation, ni par l'existence de dommages induits (qui néanmoins sont souvent associés). Il y a donc en théorie une différence fondamentale entre l'usage nocif et la dépendance : l'alcoolo-dépendant n'est plus maître de la situation alors que le buveur excessif, à condition d'être conscient, peut encore réagir par sa seule volonté. Ivresse L'ivresse est une conduite d'alcoolisation aiguë pouvant se rattacher à chaque catégorie d'usage ou de mésusage. * 6 Comité Français d'Education pour la Santé (CFES), devenu INPES (Institut National de Prévention et d'Education pour la santé) en mai 2002. * 7 Source : Baromètre Santé 2000, CFES, exploitation OFDT, in Benoît Fleury, Dialogue Ville-Hôpital, Les conduites d'alcoolisation, du repérage précoce au réseau de prise en charge, John Libbey Eurotext, 2003, Paris * 8 In Alcoologie et Addictologie ; 2001 : 23 (4 Suppl.), 1S-76S & 2003 25 (2 Suppl), 45 S - 104 S |
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