2) Réticence du
médecin
Ce facteur occupe globalement la 3ème
position des difficultés freinant la prise en charge des patients ayant
un problème avec l'alcool. Son évocation décroît
avec le niveau d'information et avec la fréquence de prise en charge.
Contrairement à la réticence du patient,
celle du praticien cède devant une formation même faible.
Evoquée par 82% des médecins mal informés, elle n'est
plus citée que par 40% des moyennement informés. Les
médecins les mieux informés l'évoquent encore à
38%, ce qui démontre le peu d'effet d'une formation très
importante sur ce facteur.
Ce résultat pourrait signifier que la réticence
du médecin est due principalement à un manque de confiance dans
ses capacités à prendre en charge la problématique. Comme
nous l'avons déjà évoqué à deux reprises,
l'effet principal de la formation/information en alcoologie semble être,
plus qu'un apport de connaissances, un gain de confiance en soi pour aborder le
problème d'alcool avec le patient.
Mais cette difficulté reste tout de même
citée par 38% des médecins les mieux informés et par 23%
des médecins ayant le meilleur score de prise en charge. Cela signifie
qu'elle est tout de même partiellement indépendante de la
formation et qu'elle touche des sphères subjectives et affectives, par
exemple les représentations personnelles du praticien envers l'alcool et
envers les patients qui en consomment de manière excessive.
3) Manque de temps
Ce facteur est la 2ème source de difficulté
indiquée par la cohorte. Son évocation décroît avec
le score de prise en charge. Ce sont les médecins dont le score est le
plus faible qui l'évoquent le plus souvent (61%). Les médecins
très bien informés l'évoquent également moins
souvent (33%) que les moyennement informés (73%).
Il est normal que les médecins assurant la prise en
charge la plus fréquente évoquent moins souvent ce facteur, dans
la mesure où ils prennent le temps d'investiguer le
problème.
Mais, logiquement, manquer ou non de temps semble tout
à fait indépendant du niveau de formation. ; il conviendrait
donc d'approfondir la raison pour laquelle les médecins les mieux
formés disposent de plus de temps que les autres.
Nous pourrions avancer l'hypothèse que les
médecins les moins bien informés ont des représentations
erronées concernant la prise en charge du problème Alcool en
consultation (100% d'entre eux avouant des lacunes dans la connaissance des
protocoles de soins) et n'imaginent pas qu'une intervention brève
(quelques minutes), un rappel des normes de consommation à moindre
risque, voire même un simple conseil, puissent avoir des effets positifs
sur le comportement de boisson de nombreux patients.
Néanmoins, le fait que 38% des médecins les
mieux informés et 38% de ceux qui assurent le meilleur score de prise en
charge évoquent encore cette difficulté montre que le manque de
temps est un facteur de difficulté bien réel.
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