Hypothèse 2 : Autres
facteurs que la formation/expérience professionnelle influençant
la prise en charge
Hypothèse 2 : le manque de
formation/expérience n'est pas le seul facteur expliquant la faible
prise en charge du problème d'alcool en médecine
générale.
Hypothèse opérationnelle :
Certains facteurs auront un effet minorant sur le score de prise en charge des
praticiens, et ceci indépendamment du facteur
Formation/expérience.
Dans le questionnaire, nous avons demandé aux
médecins d'indiquer les facteurs qui, selon eux, rendaient difficile
l'abord du problème d'alcool avec les patients à risque.
Voici leurs réponses :
Facteurs de difficulté - Réponses
globales de la cohorte
|
Réticence
du patient
|
Réticence
du médecin
|
Inutilité de la
démarche
|
Manque
de temps
|
Absence de
protocoles standard
|
Autres
|
58%
|
44%
|
14%
|
52%
|
14%
|
8%
|
Ce tableau montre que trois difficultés viennent largement
en tête, citées par environ 1 médecin sur 2 :
- La réticence du patient à parler d'alcool avec son
médecin (58%)
- Le manque de temps (52%) - La réticence du
médecin à aborder le problème de l'alcool avec son patient
(44%)
L'inutilité d'une démarche de prévention ou
de mise en garde arrive très loin derrière, ex æquo avec
l'absence de protocoles standard (14%).
Pour analyser certains chiffres, nous ventilerons les
réponses par quartile, le groupe 1 étant composé des 25%
de médecins qui assurent la prise en charge Alcool la moins
fréquente et le groupe 4 les 25% de médecins qui assurent la
prise en charge la plus fréquente.
1) Réticence des patients
C'est de loin le facteur le plus fréquemment
évoqué par les médecins assurant la plus faible
fréquence de prise en charge (76%). Son évocation
décroît avec cette dernière mais reste néanmoins
élevée chez les praticiens assurant les meilleurs scores de prise
en charge (38%).
Cité par aucun des médecins très bien
informés, la difficulté est évoquée par 82% des
praticiens mal informés et 60% des moyennement informés.
Ce facteur est donc dépendant de la formation, à
condition que cette dernière soit importante ; une formation
ponctuelle n'a que peu d'effet sur la résolution de cette
difficulté.
La
réticence du patient reste néanmoins citée par 38% des
médecins assurant les meilleurs scores de prise en charge
(4ème quartile). En combinant les facteurs Formation et
Fréquence de prise en charge, nous pourrions avancer l'explication
suivante :
- Le fait de croire qu'un malade soit gêné
d'aborder le problème d'alcool avec son médecin est un
présupposé. En effet, ce sont les 77% de praticiens signalant
cette difficulté comme majeure qui assurent la prise en charge la moins
fréquente (1er quartile). Ils n'ont donc pas forcément
vérifié dans leur pratique et sur une longue période le
bien-fondé de cette affirmation.
- Une formation ponctuelle ne fait pas changer le
médecin d'avis. Seule une formation importante, induisant par la suite
une meilleure fréquence de prise en charge, permet aux praticiens de
prendre conscience que la réticence du patient à parler de ses
problèmes d'alcool est un préjugé sans réel
fondement.
|